En Aveyron, la nature profite du confinement, profitons-en nous aussi !

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Philippe Routhe

Naturellement, le confinement a un impact sur la faune locale. De quel ordre, nul ne peut le dire. Trop tôt. En revanche, ce confinement nous invite à observer et écouter ce qu’il se passe dans la nature. Petit tour d’horizon avec quelques spécialistes de la biodiversité.

Impossible d’y avoir échappé. À la fenêtre, sur votre balcon, dans votre jardin, où lorsque vous avez profité de votre heure quotidienne de balade vous les avez entendus. Ils semblent gais comme des pinsons. Vous avez même peut-être l’impression qu’ils sont plus nombreux que d’habitude. Eh oui, les oiseaux.

Le confinement chez soi, qui provoque une diminution drastique des bruits "parasites" (voiture, avion, mobylette, moto, etc.), transforme le paysage en grande salle d’opéra pour ces oiseaux. Qui s’en donnent à cœur joie d’ailleurs. Il suffit de les observer pour cela.

"Ce que l’on peut se dire, c’est qu’avec le confinement, ils semblent un peu moins dérangés. Donc ils prennent du temps à des endroits où, peut-être, ils n’en prennent pas. Comme sur les bords de piste cyclable ", relate Rodolphe Liozon de la Ligue de protection des oiseaux.

"Après tout, quoi de plus normal ? La où l’homme ne vient pas, la nature en profite", glisse Jean Couderc, le président de la fédération de pêche.

"D’une manière plus globale, c’est la qualité de l’habitat qui importe ", explique Jean-Luc Laurès, nouveau président de l’antenne départementale de l’Observatoire français de la biodiversité (OFB) "La diminution de l’activité économique et touristique produit un effet positif quant au dérangement des espèces, car elles y sont sensibles".

L’impact pourrait être d’autant plus grand que pour nombre d’entre elles, c’est la période de nidification, de reproduction. "Les rapaces, par exemple, sont très sensibles au dérangement", souligne Jean-Luc Laurès.

Il est toutefois bien trop tôt pour tirer quelconques enseignements de cette période de confinement à propos de la faune locale. "Mais, au regard du peu de véhicules qui circulent désormais, on peut estimer par exemple que cela favorise les insectes ou les mammifères tels que les hérissons, ou encore la chouette effraie qui est une des grandes victimes de la route" relate Rodolphe Liozon. Qui souligne au passage cette expérience menée dans le Lot. " Nous avons effectué des relevés sur une portion de deux kilomètres de route contournant un village. Nous avons trouvé un papillon mort tous les dix mètres, ce qui est considérable ".

Cette diminution prévisible de la mortalité des insectes aura un impact sur la "chaîne alimentaire". "Les oiseaux devraient en effet mieux se nourrir et se porter d’autant mieux. Mais il est, encore une fois, un peu tôt pour en parler ".

De même, cet amoureux de la nature ne voit pas d’un mauvais œil la quiétude retrouvée dans certains potagers. "En tout cas, si les produits phytosanitaires ne sont pas accessibles à la vente en ce moment, ce n’est pas mal…" lance-t-il.

Mais revenons aux oiseaux. La période est d’autant plus intéressante pour leur observation qu’ils sont en période de nidification. Avec vos enfants, prenez le temps de regarder, vous devriez en apercevoir quelques-uns avec une branche dans le bec, filant gaiement vers un trou d’arbre, ou un espace bien tranquille. "Si les gens mettent chez eux un nichoir, ils devraient rapidement voir un oiseau venir vérifier si l’endroit peut lui convenir" souligne Rodolphe Liozon.

Outre les oiseaux, ce début de printemps est également propice à l’observation des chenilles de papillons, de papillons, des abeilles sauvages. C’est en fait un beau spectacle que la nature nous offre. Qui plus est en cette période où elle se sent tranquille. Cela fait si longtemps que cela ne lui était pas arrivé…

Toutefois, une question interroge les amoureux de la nature, comme Jean-Luc Laurès de l’OFB. "Que va-t-il se passer à la fin du confinement ? Les gens vont peut-être se ruer vers les espaces naturels, ce qui en soit est une bonne chose. Mais cela risque de contrarier pas mal d’espèces qui seront surprises par cet afflux soudain de personnes". Idem au bord des ruisseaux ou des rivières. "Là, les truites fario, les sauvages, sont tranquilles, c’est toujours cela de pris. Mais dès la fin du confinement, on peut penser, et c’est bien naturel, qu’un nombre plus important que d’habitude de pêcheurs va sortir sa canne à pêche."

Quoi qu’il en soit, pour toutes les personnes suivant de près l’évolution de la biodiversité, l’espoir est de pouvoir tirer quelques enseignements de cette période de confinement. A plus ou moins longue échéance.

En attendant, la nature en profite. Et il serait dommage, finalement, même de notre fenêtre ou de notre balcon, de ne pas en profiter.

Abeilles : les apiculteurs au travail

Les apiculteurs disposent de mesures dérogatoires pour s’occuper de leurs ruches. Donc, cela continue comme si de rien n’était. D’autant plus que le confinement n’a pas réellement d’impact sur les ruchers. Il est en tout cas bien trop tôt pour le dire. Il a un impact en matière commerciale, les apiculteurs ne pouvant plus assurer des ventes comme ils ont l’habitude de le faire.
Quant à la production, au sortir d’une année 2019 jugée « catastrophique », l’année 2020 ne s’annonce guère meilleure. « Les essaims ont été fragilisés ».
En revanche, la fraîcheur du moment est bénéfique contre le frelon asiatique. La période de piégeage commence d’ailleurs maintenant.
« Nous ne sommes pas en Aveyron soumis à l’impact des pollutions industrielles à l’instar des grandes villes. D’ailleurs, dans celles-ci, il sera intéressant d’observer l’impact du confinement », explique Sylvain Maurice, du groupe de défense sanitaire apicole de l’Aveyron.

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