Pauline (Panama) : "Je ne voulais pas prendre le risque de ramener le coronavirus"
Ingénieure installée au Panama depuis 2 ans, Pauline Alazard, 24 ans, a longtemps hésité. Rester chez elle ou revenir en France au risque de contaminer sa famille. Son choix est fait désormais. Entre télétravail et coupures d’électricité, elle nous raconte son quotidien.
Mordue de surf, la native d’Estaing a posé ses valises au Panama. Dans une petite maison sur la plage, elle s’adonne depuis plusieurs années déjà à sa nouvelle passion. "Un mode de vie avant tout" mis entre parenthèses avec les mesures de confinement décrétées par le gouvernement panaméen.
"Panama a déclaré l’état d’alerte maximale autour du 12 mars, après avoir répertorié une dizaine de cas dans la capitale. Les écoles ont fermé leurs portes, tous les événements ont été annulés", se souvient la jeune femme, ingénieure de formation, installée à deux grosses heures de la capitale, Panama City. "Comme en France, les gens ont voulu profiter des dernières heures pour envahir les plages. D’autres – beaucoup vivent ici au jour le jour – ont aussi voulu travailler jusqu’au dernier moment. Mais le gouvernement a rapidement réagi en ordonnant aussi la fermeture des plages. Puis en filtrant les accès depuis et vers la capitale." À peine le temps pour Pauline de faire quelques provisions. "Avec mon copain nous sommes partis faire les courses. Les rayons étaient presque déjà vides. Hallucinant ! Des vigiles nous prenaient la température avant de nous désinfecter les mains. Impossible en revanche de se procurer des masques ou des gants : en rupture de stock dans toute la ville."
Quitter le Panama ? "J’y ai pensé oui, confirme la jeune femme. J’ai été contactée par l’Ambassade de France pour embarquer dans un des deux vols de rapatriement prévus les 26 et 29 mars. Mais j’ai finalement préféré rester ici. Déjà parce que je n’avais aucune idée de la façon de regagner l’Aveyron depuis Paris mais aussi et surtout parce qu’en aucun cas, je ne voulais prendre le risque de ramener le virus dans ma famille qui est déjà assez exposée comme ça. Le choix n’a pas été simple mais je pense avoir pris la bonne décision."
Sorties "à tour de rôle" et coupures d’électricité
Entre télétravail – elle en profite pour développer son projet de site marchand en lien avec le monde de la glisse –, sport, yoga et jardinage, le quotidien de Pauline est "plutôt bien rempli". Pas de surf en revanche, les plages étant interdites. "Ça m’attriste beaucoup, d’autant que je devais reprendre le surf le 30 mars, le jour de mon anniversaire, suite à une petite lésion au dos." Raté pour cette fois. Depuis lundi dernier, le gouvernement du Panama a décidé de durcir les mesures de quarantaine contre l’épidémie : hommes et femmes ne peuvent quitter leur domicile qu’à tour de rôle, différents jours de la semaine. "Par exemple, je ne peux aller faire mes courses que le lundi, le mercredi ou le vendredi, entre 6h30 et 8h30. Mon copain, lui, pourra sortir entre 9h30 et 11h30 le mardi, jeudi ou samedi… La police veille, en cas de non-respect on reçoit des amendes, voire des peines de prison si c’est une récidive", valide Pauline. Une vie entre parenthèses ponctuée de coupures de courant régulières. "On est souvent coupés du monde. Les pannes d’électricité de plus de 4h sont assez fréquentes… On y était déjà habitués : à raison d’une fois par semaine en général mais là, c’est presque tous les jours. On ne sait pas trop pourquoi mais on garde le moral !" Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, quelque 27 personnes ont succombé au virus au Panama, où un peu plus de 1 000 cas sont actuellement recensés.
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