En cette période d’épidémie, le difficile travail de deuil

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  • Covid-19 oblige, les entreprises de pompes funèbres s’adaptent.
    Covid-19 oblige, les entreprises de pompes funèbres s’adaptent. Centre Presse - José A. Torres
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Mathieu Roualdés

Depuis le début du confinement, les enterrements se déroulent en comité restreint et souvent sans cérémonie religieuse.

L’expression est bien connue : "faire son deuil". Mais, en ces temps de pandémie et de respect des mesures sanitaires, comment y parvenir quand tout se déroule en petit comité ? Pour les familles endeuillées par le Covid-19 comme pour les autres, les enterrements sont aujourd’hui limités à 20 personnes et les offices religieux sont, dans la plupart du temps, annulés. Une situation difficile pour tous, selon Gérard Rohmer, psychiatre à Sainte-Marie : "On ne guérit jamais d’un deuil mais dans ces conditions, c’est encore plus difficile". Et d’expliquer la difficulté actuelle de vivre "les trois phases classiques" d’une période de deuil…

La première est dite du prédeuil. " C’est lorsqu’on commence à comprendre qu’un être cher va nous quitter, explique-t-il. Pour les proches des personnes atteintes du Covid-19, ce n’est pas possible. Car la maladie est trop brutale. Pour les autres personnes, c’est également difficile car on ne peut plus être en contacts avec nos proches malades comme avant ". Vient alors la période du deuil à proprement parler, quand la mauvaise nouvelle tombe… " Nous nous retrouvons alors comme anesthésiés, avec des émotions qui nous échappent, une hyperactivité parfois au départ. Puis, on traverse une période dépressive… ". Gérard Rohmer craint que cette dernière soit accentuée avec la période de confinement, propice à la solitude. " C’est pour cela que j’insiste auprès de tout le monde à continuer de communiquer, d’échanger via les technologies modernes. Il ne faut pas rester isolé. " La dernière phase, elle, est celle de l’acceptation avec un retour aux " petits plaisirs du quotidien ".

Les pompes funèbres, sur le pont

Les entreprises de pompes funèbres, sous tension en cette période, s’acclimatent également à ce nouveau quotidien, parfois avec les moyens du bord. Pour Henri Spinelli, à Decazeville et Capdenac-Gare, c’est aussi une course quotidienne. Dès le départ de la crise, l’entreprise s’est dotée d’équipements de protection et un seul de ses salariés a été mis au repos "car il a un enfant en bas âge et je ne veux pas prendre de risques", confie le patron. Ces derniers jours, il a également dû faire face aux premiers décès de personnes atteintes du Covid-19… "On prend toutes les précautions dictées par le Haut conseil de la santé publique. Jusque-là, les familles comprennent nos obligations. On permet juste à une poignée de proches de venir voir les corps, quelques minutes", explique-t-il. Et de conclure : "On fait tout ce qu’on peut et du mieux qu’on peut pour tous". En espérant ne jamais être confronté à la crise traversée par le Grand Est et ses entreprises de pompes funèbres, débordées par la vague.

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