Aveyron : le commerce ouvre des pistes pour assurer sa survie

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    Des commerces qui tentent malgré tout de résister. Centre Presse - José A. Torres
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François Cayla

Plusieurs acteurs aveyronnais du secteur ont fédéré leur démarche à travers le lancement d’une plateforme internet.

Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a émis le souhait, hier matin, que l’ensemble des commerces puissent éventuellement rouvrir le 11 mai en France (lire en page 3). Les restaurants et les bars ne seraient pas concernés et, par ailleurs, il pourrait y avoir des disparités régionales dans les protocoles de réouverture.

Si ce positionnement offre une perspective à un secteur d’activité touché de plein fouet par la crise sanitaire, cela renvoie encore à presque trois semaines. Et comme le souligne Michel Alibert, président de la Fédération départementale 12e Sens (Associations des commerçants et artisans de l’Aveyron), " on sait bien que les gens ne vont pas se précipiter chez leurs commerçants le 11 mai au matin. On sait qu’il y aura de l’appréhension. Des craintes. On sait qu’il va falloir du temps. "

Plateforme PetitsCommerces

À partir de là, pour les acteurs aveyronnais du secteur d’activité, la question s’est posée de savoir ce qu’il convenait de faire, en attendant, pour tenter d’atténuer les effets négatifs du confinement. Ainsi, l’association Face Aveyron (entreprises socialement engagées), le Rotary District 1740, la chambre de métiers et de l’artisanat et la Fédération 12e Sens ont décidé de "fédérer leur énergie afin de soutenir une initiative lancée par Face Bourbonnais avec la plateforme PetitsCommerces. Il s’agit de mettre en valeur les commerces de proximité sur internet afin de les aider à surmonter cette crise sanitaire et économique. " Concrètement, sur le site www.petitscommerces.fr, les clients et consommateurs aveyronnais sont invités à prendre des bons d’achat par anticipation de 20, 50 ou 100 € proposés par les enseignes participantes.

L’affaire de tout le monde

"Cette initiative solidaire doit permettre d’aider les commerçants et artisans indépendants, à travers l’accès à une trésorerie immédiate générée par l’acquisition de ces bons d’achat utilisables dès la réouverture des commerces et valables jusqu’à fin 2020, insiste Michel Alibert. Recevoir ainsi de la trésorerie immédiatement sans aucune commission peut être une aide précieuse pour payer les factures et diminuer la perte du chiffre d’affaires. Pour beaucoup, ce peut même être une question de survie."

Afin que cette démarche soit un succès, la mobilisation et l’investissement doivent se faire à tous les niveaux. Les clients doivent jouer pleinement leur rôle, mais les commerçants aveyronnais tout autant. Pour l’heure, leur nombre sur la plateforme PetitsCommerces est encore anecdotique. Michel Alibert espère qu’avec la campagne de communication qui va s’ouvrir, l’adhésion sera massive, au minimum importante.

"Chacun doit bien comprendre que l’on est sur une notion de soutien au territoire, clients et commerçants, insiste le président de 12e Sens. Il s’agit de sauver le commerce local, les services locaux. Si on n’y arrive pas, clients et commerçants seront perdants. Il est donc primordial que les enseignes soient nombreuses sur cette plateforme afin de multiplier les offres. L’inscription est gratuite et simple, directement sur le site, et la gestion est assurée par des professionnels. Chacun doit ensuite prendre en main sa propre communication vers ses clients, son cercle relationnel, afin de signaler sa présence sur la plateforme. "Pour conclure son propos dans une approche plus élargie, Michel Alibert revient sur ce qui, selon lui et pas mal d’autres, peut et doit sauver le commerce de proximité à plus long terme : "Nous devons tous consommer local. Nous devons tous consommer au plus près de chez soi. Le soutien à un territoire, ça passe et ça passera par là."

 

Un état des lieux entre ombre et lumière… blafarde

S’il se montre logiquement prudent quand il s’agit de dresser un état des lieux du commerce aveyronnais en cette période de confinement, Michel Alibert ne cache pas que la situation est, sans surprise, "très compliquée". Président d’une fédération qui compte 1 200 adhérents (pour 5 000 emplois), il pose un regard néanmoins éclairé sur la conjoncture actuelle. "On sait qu’il y aura de la casse. Dans quelle proportion ? 15 % ? 20 % ? C’est difficile à dire. Aujourd’hui, la moitié des enseignes peut tenir jusqu’à l’automne. Mais c’est dur pour tout le monde, même pour les commerces de bouche qui ont pu rester ouverts. Et tout le monde perd de l’argent et va en perdre. Personne ne présentera de bénéfices à la fin de l’année. Après, si on attend juillet pour rouvrir, là on peut dire que c’est 50 % du tissu commercial et artisanal de l’Aveyron qui pourrait disparaître. Quant à la réouverture, on y travaille. On imagine que tous les moyens de protection seront déployés, gants, masques, gel, et que le nombre de clients à l’intérieur des boutiques sera limité. On verra."

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