Decazeville. Pour que "l’eau vive"
Après la fermeture des mines de fond dans le Bassin, au début des années 1960, quelques Decazevillois décidèrent d’œuvrer pour le territoire, d’aller de l’avant...
Il y a 50 ans, naissait un projet fédérateur, socio-économique, environnemental, avant-gardiste qui fera école : l’aménagement de la vallée du Lot. Après la fermeture des mines de fond dans le Bassin, au début des années 1960, quelques Decazevillois se retrouvèrent et, faisant fi de la sinistrose, décidèrent d’œuvrer pour le territoire, d’aller de l’avant. Christian Bernad, l’un des fers de lance, se souvient : "Nous avons créé un groupe d’études économiques, un vrai laboratoire qui a abouti, en 1964, au lancement de l’axe routier Brive-Méditerranée. Puis, en 1969, nous nous sommes penchés sur la vallée du Lot".
Cette rivière de 482 kilomètres de long, qui allait faire parler d’elle en France et dans le monde entier, prend sa source en Lozère, traverse l’Aveyron, le Cantal, le Lot, le Lot-et-Garonne où elle se jette dans la Garonne. Avant la récente réorganisation territoriale, quatre régions étaient concernées : Languedoc-Roussillon, Auvergne, Midi-Pyrénées et Aquitaine, concernant les anciennes provinces du Gévaudan, Rouergue, Quercy, l’Agenais.
Quelques chiffres
L’ensemble de ce Bassin-versant regroupe 590 communes, pour une population permanente de plus de 360 000 habitants. Aujourd’hui, il offre un patrimoine bâti et naturel remarquable, diversifié, un vecteur économique important, un attrait touristique indéniable. Mais dans les années soixante, le Lot était sale, malade. Christian Bernad nous rappelle : "Pendant des décennies, cette rivière était considérée comme une bonne à tout faire. Surexploitée par les producteurs d’électricité, pillée par les extracteurs de matériaux, polluée sans vergogne, une sorte de tout-à-l’égout, elle a souffert au nom d’intérêts particuliers. À l’aval de se débrouiller avec les nuisances".
D’abord rendre l’eau claire
Partant de ce constat, nos Decazevillois retroussent leurs manches, devinant les richesses de la vallée, son potentiel, son attrait. Mais tout d’abord, il fallait rendre l’eau claire, que "l’eau vive".
C’est ainsi qu’ils imaginèrent un projet innovant, iconoclaste même pour l’époque : un développement économique à partir de la protection et de la promotion de la nature, que l’on appelle de nos jours développement durable, impliquant les collectivités et divers organismes.
Les choses bougent, une dynamique s’installe
L’Association pour l’aménagement de la vallée du Lot est fondée en 1969. Robert Gauthier (commerçant de prêt à porter) devient le président d’honneur ; Christian Bernad (enseignant en dessin industriel) en est le président ; Abel Delagnes (également enseignant en dessin industriel) devient le secrétaire ; Pierre Bourdoncle (pharmacien) est nommé trésorier ; tandis que le syndicat d’initiative (ancien office de tourisme) s’occupe de la logistique. Le 10 mai 1970, à Decazeville, en présence du secrétaire d’Etat Bernard Pons et de trois préfets, a lieu la première assemblée générale de l’association où se constitue le conseil d’administration.
C’est le feu vert, une formidable machine vient de s’ébranler, prête à remonter le courant. Et elle amènera beaucoup d’eau à son moulin.
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