"La situation reste très fragile", prévient la préfète de l'Aveyron

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    Les hôpitaux aveyronnais à 53 % de leur capacité. Archives JAT - José A. Torres
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Christophe Cathala

Confiante mais prudente, Catherine de la Robertie assure que "l’Aveyron est en ordre de marche" pour réussir le déconfinement du 11 mai, pour peu que le "civisme et la responsabilité" de chacun soient au rendez-vous.

Tout faire pour éviter le carton rouge le 11 mai est, bien évidemment, le leitmotiv de l’Aveyron, classé "vert" dès le 30 avril. Mais la situation est "très fragile" aux yeux de Catherine de la Robertie qui relève que des départements limitrophes comme le Lot ou le Tarn sont à ce jour moins favorisés. La préfète se veut "prudente" et exhorte à la vigilance, même si les indicateurs sont, pour l’heure, au vert dans le département. Explications.

L’Aveyron a quelques jours encore pour rester parmi les départements classés "verts" le 11 mai : êtes-vous confiante ?

Oui, je suis plutôt confiante en regard de la situation actuelle. Mais celle-ci reste néanmoins très fragile et il nous faut faire preuve de la plus grande vigilance, car le 11 mai est un objectif et rien n’est acquis, tout dépendra du comportement de nos concitoyens. Chacun d’entre nous doit saisir l’opportunité de cultiver son civisme. Si nos concitoyens ne font pas montre de responsabilité, on passera du vert au rouge…

C’est l’évolution sanitaire qui décide. Prudence, progressivité et adaptation aux conditions locales doivent nous guider. Nous adaptons et déclinons localement la stratégie nationale main dans la main avec les élus. Et je peux vous assurer que l’Aveyron est en ordre de marche.

La situation sanitaire vous permet donc de garder confiance à ce jour ?

Si la circulation du virus reste active en Aveyron, la situation sanitaire a évolué positivement depuis la semaine dernière où nous avions eu un pic sensible. Depuis le début de cette semaine, le nombre des hospitalisations est devenu stable et le nombre de cas confirmés a cessé de croître : nous sommes à, environ, 350 cas. Mais il y a des remontées que nous ne connaissons pas, celles des médecins de ville… D’où ma grande prudence.

Les capacités hospitalières, autre critère déterminant, sont-elles suffisantes ?

Il n’y a plus de tensions sur la réanimation au centre hospitalier de Rodez notamment. Mais c’est la capacité régionale qu’il faut prendre en compte, dans sa globalité. Concernant les lits de réanimation, il faut noter que 10 des 20 lits disponibles en Aveyron, sont occupés par des patients ne relevant pas du Covid. Au final, nous sommes, selon l’ARS, à 53 % de notre capacité, ce qui nous permet d’être "vert".

Sur l’organisation des dépistages, du suivi de la chaîne de contamination, le département est prêt ?

Nous le serons. Les tests sont réalisés sous la responsabilité du laboratoire LxBio qui maille tout le territoire. Aveyron Labo, laboratoire vétérinaire qui dépend du conseil départemental, apportera un soutien matériel et humain pour réaliser des analyses. Et ce dans le cadre d’une convention entre Aveyron Labo et LxBio qui n’est pas encore validée, elle le sera la semaine prochaine. La capacité départementale quotidienne de tests pourrait ainsi passer de 140 à 200 actuellement à 1 000 environ avec ce dispositif non encore mis en œuvre.

Nous sommes, là encore, en codécision avec les élus locaux pour agir en intelligence, confiance, lucidité et humilité.

La collaboration avec les élus porte aussi sur la fourniture de masques. Où en est-on dans le département ?

Je préciserai que pour les Très petites entreprises et les PME, le Premier ministre a évoqué la création d’une plateforme de distribution de masques en ligne, gérée par La Poste, à prix très modeste. Il faut optimiser l’approvisionnement du plus grand nombre, pour que tout le monde puisse être équipé, et que tous les publics vulnérables y aient accès. Nous voulons éviter les "doublons" : c’est le rôle du préfet, en lien avec les collectivités locales. Lesquelles verront 50 % de leurs achats de masques remboursés par l’État. Nous en ferons le bilan dans les jours qui viennent.

Quant à la fabrication en Aveyron, la mobilisation de l’entreprenariat local permet aussi de s’équiper. A seul titre d’exemple, je relève que les Housses Bancarel, à Onet, produisent 50 000 masques par mois, que Sophie Cépière, à Maleville, produit 2 000 masques en fibres naturelles par jour et prévoit d’augmenter sa production…

J’aimerais rappeler que le port du masque s’inscrit dans le strict respect des règles sanitaires mais ne s’y substitue pas. Il faut continuer à suivre les mesures de confinement car le contexte reste, une fois encore, très fragile. Je remercie les concitoyens qui font preuve de civisme : ainsi, le nombre de verbalisations pour non-respect des règles a baissé au cours de la dernière semaine. C’est encourageant.

Ramadan : les musulmans jouent bien le jeu

Le Ramadan a débuté, pour les musulmans, le 24 avril. Une semaine après, la préfète, qui avait adressé un courrier de sensibilisation aux associations cultuelles aveyronnaises concernées, les remercie aujourd’hui : "Il n’y a eu aucun incident, tous les gestes barrières ont été respectés, il n’y a pas eu de rassemblements. Des paniers repas pour la rupture du jeûne ont été distribués aux plus modestes pour qu’ils puissent continuer à observer le ramadan sans repas commun à la mosquée. Indéniablement, la communauté participe à protéger collectivement toute la population".

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