"Mon talent chez moi", la Jordanie lance un concours pour les jeunes confinés

  • Taleen Hindeleh, 20 ans, est l'une des gagnantes du concours organisé par le ministère jordanien de la Culture, qui décerne chaque semaine cent prix allant de 100 à 1.000 dinars (127 à 1.270 euros).
    Taleen Hindeleh, 20 ans, est l'une des gagnantes du concours organisé par le ministère jordanien de la Culture, qui décerne chaque semaine cent prix allant de 100 à 1.000 dinars (127 à 1.270 euros). Khalil MAZRAAWI / AFP
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Relaxnews

(AFP) - La question taraude une partie du monde: comment occuper les esprits de la jeunesse confinée du fait de la pandémie du Covid-19? En Jordanie, c'est un concours de talents artistiques qui a été lancé. Et celui-ci attire des dizaines de milliers de participants.

"Je veux voler, personne ne peut couper mes ailes, le chant des oiseaux, je chante le rêve dans mes chansons", entonne Taline Hindeleh, 20 ans, dans une courte vidéo filmée depuis sa chambre, reprenant un air de la vedette libanaise Hiba Tawaji.

Avec ces paroles, Taline est l'une des gagnantes du concours organisé par le ministère jordanien de la Culture, qui décerne chaque semaine cent prix allant de 100 à 1.000 dinars (127 à 1.270 euros).

Pour participer, il faut avoir moins de 25 ans et enregistrer une vidéo accompagnée du mot-clé "Mon talent chez moi" puis la publier sur les réseaux sociaux, où les comptes Facebook et YouTube du ministère de la Culture la reprennent. Certaines sont même diffusées à la télévision.

Le concours a pour objectif d'encourager les jeunes Jordaniens à rester chez eux, alors que le pays a enregistré officiellement 461 cas de nouveau coronavirus, dont neuf décès.

Pour contenir la propagation du virus, les autorités ont instauré le 21 mars un couvre-feu total, partiellement assoupli depuis. Elles ont aussi fermé écoles et universités, salles de cinéma, gyms et restaurants.

Mais qu'à cela ne tienne: le "couvre-feu est une occasion unique pour les jeunes et les enfants de développer leurs talents à la maison", assure Taline à l'AFP.

- Chant, musique, poésie, dessin... -
Lancé fin mars, le concours se poursuivra jusqu'à la fête de l'Aïd al-Fitr, qui célèbre la fin du mois de jeûne du ramadan, fin mai.

Parmi les talents mis en valeur figurent le chant, la musique, la poésie, le dessin et le conte, avec deux groupes d'âges, les 10-14 ans et les 15-25 ans.

Et le ministère de la Culture a déjà recensé plus de 67.000 participants ayant récolté près de 18 millions de vues sur les réseaux sociaux.

Etudiante en littérature anglaise et française, Taline est confinée avec sa famille à Amman.

"J'ai développé mon talent durant le couvre-feu, surtout avec la présence de mon père (chanteur également, NDLR). Il me guide et m'entraîne", explique celle qui joue du piano et chante depuis ses sept ans.

Pour attribuer les récompenses, un comité de cinq artistes regarde les vidéos, dont le nombre de vues est pris en considération. Puis les noms des heureux élus sont annoncés sur le site du ministère et lors d'une émission télévisée le dimanche.

Ebaa Akrouch, un diplômé en musique de l'Université jordanienne de 24 ans, a reçu un premier prix la première semaine du concours en interprétant un morceau à la flûte.

Il avait initialement posté une simple vidéo sur Facebook pour ses amis, mais a finalement ajouté le mot-clé "Mon talent chez moi". "Je ne m'attendais pas à gagner car la vidéo était de faible qualité", confie cet habitant d'al-Fouheis, près d'Amman.

- Piano ou "kanoun" -
Dans un quartier populaire d'Amman, Mahmoud Azazi, étudiant en cuisine de 22 ans, a lui été récompensé pour sa reprise du tube "Sway", chanté des décennies plus tôt par le célèbre artiste américain Dean Martin. De quoi l'encourager à poursuivre dans le chant, confie-t-il.

Face aux nombreux participants privilégiant les instruments "occidentaux", comme le piano, Nabil al-Rabadhi, 25 ans, a opté pour un "kanoun", une sorte de cithare.

Sur cet "ancien instrument oriental", le jeune homme a interprété un grand air de la cantatrice égyptienne Oum Kalhtoum, remportant l'un des prix.

"Grâce au couvre-feu, je passe plus de temps chaque jour à jouer", affirme l'homme originaire d'Ajloun, au nord d'Amman.

D'autres se contentent d'être de simples spectateurs, comme Issa Qayssar, un arrangeur musical de 24 ans, qui espère que la compétition "se poursuivra car il y de grands talents artistiques qui méritent de gagner et d'être soutenus".

Pour Roula al-Jmaili, une femme au foyer de 45 ans, le concours a déjà le mérite de "distraire les gens du couvre-feu et de l'ennui".

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