Taussac : douze mois de prison avec sursis pour le chasseur

  • L’affaire était jugée hier après-midi au tribunal judiciaire de Rodez.
    L’affaire était jugée hier après-midi au tribunal judiciaire de Rodez. Archives Centre Presse - JAT
Publié le
Philippe Henry

Qualifié d’homicide involontaire, l’accident de chasse avait eu lieu à Taussac, le 14 octobre 2017. Une dame âgée de 69 ans était décédée. L’affaire était jugée hier après-midi devant le tribunal judiciaire.

Rongé par les remords et la peine. L’homme âgé de 50 ans et auteur du coup de feu mortel lors d’une partie de chasse à Taussac, en 2017, a été condamné à douze mois de prison avec sursis, hier après-midi devant le tribunal judiciaire de Rodez.

Ce jugement, il l’attendait " depuis des années", comme l’a plaidé son avocat, Me Elian Gaudy. Pour mémoire, ce tragique accident de chasse avait coûté la vie à une sexagénaire, le 14 octobre 2017.

Ce jour-là, les chasseurs de la société de chasse de Taussac traquaient un cerf sur le territoire de la commune. La victime se trouvait chez elle, derrière une haie haute de 6 mètres et " très épaisse", selon le chasseur coupable du tir. Si bien qu’il ne pouvait pas la voir. Celui-ci avait confondu la sexagénaire avec un cervidé et avait ouvert le feu. Elle était décédée sur le coup.

Mais avant d’évoquer les ultimes instants avant ce tragique coup de feu, les juges ont tenté de comprendre comment une telle situation avait pu se produire.

Chasseur expérimenté

Le jour du drame, une vingtaine de chasseurs de la société de chasse de Taussac sont avertis de la présence d’un cerf dans les parages. "Cela faisait plusieurs années que nous n’en avions pas vu, explique à la barre du tribunal l’auteur du tir. Nous avions donc décidé de la traquer".

Chasseur expérimenté – il est titulaire de son permis de chasse depuis 1987 – le prévenu jouait, lors de cette battue, le rôle de rabatteur. Il lui avait été attribué une zone dans laquelle il devait patienter en attendant la venue du gibier. Un rabatteur doit-il avoir son fusil chargé ? C’est la question qui a été posée par les juges et rien dans les textes ne l’interdit, même s’il semble que pour un rabatteur, il n’est pas recommandé d’engager des munitions. "Mais ça reste un cervidé, un animal qui peut être sauvage. On doit pouvoir se défendre comme on doit protéger les chiens s’ils se font charger", a répondu le chasseur.

La juge poursuit son récit : " Puis, vous entendez les chiens aboyer et vous accélérez le pas en direction de la haie qui est devant vous. Vous dites, en parlant du cerf : "Attention, il est là", au chasseur qui vous accompagne. Et vous tirez à travers cette haie alors que vous expliquez n’avoir distingué qu’une ombre… " Derrière, se trouve la victime, mortellement touchée par le coup de fusil.

"Puis j’ai trouvé un passage à travers la haie et j’ai vu qu’elle était là, au sol…, raconte d’une voix étranglée le prévenu. Je ne savais pas qu’il y avait une maison derrière cette haie. On ne pouvait pas la voir. "

Pour la représentante du ministère public, plusieurs fautes ont été commises par le chasseur. La première : avoir ouvert le feu alors que la visibilité était nulle. Ensuite, il lui est reproché d’avoir tiré près d’une habitation, alors que la législation l’interdit à moins de 150 mètres d’un habitat. "Sa volonté d’attraper ce gibier l’a fait agir d’une façon précipitée", assène la magistrate avant de requérir 18 mois de prison avec sursis et le retrait définitif du permis de chasse.

Son avocat, Me Elian Gaudy, martèle : " Il est effondré par ce drame, il se sent coupable et responsable. Il le porte comme un lourd fardeau."

Après avoir délibéré, les juges l’ont également condamné à une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans, au retrait du permis de chasser pendant dix ans et 8 000 € de dommages et intérêts. Il a également été condamné à payer 1 € symbolique à la Fédération de chasse de l’Aveyron qui s’était portée partie civile.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?