Depuis Rodez, les secrets de l’incroyable succès de l’Atelier des Gourdes
Serveur hors service, site saturé, tutoriels visionnés des millions de fois… Avec ses explications claires relayées sur Youtube, la couturière ruthénoise Anne Gayral a permis à des millions d’internautes de confectionner des masques durant la période de confinement. À la tête de l’Atelier des Gourdes depuis 2017, la jeune maman revient sur cette période "irréelle".
L’Atelier des Gourdes, c’est quoi ?
"C’est l’entreprise que j’ai montée en 2017 pour vendre mes créations. Étant à l’époque professeur des écoles, j’ai finalement décidé de monter un atelier pour apprendre à coudre ; physiquement mais aussi via la vente de patrons et de tutoriels sur mon site internet.
Les premiers cours ont débuté en septembre 2017 dans une pièce de notre appartement, mais tout ça a très vite pris de l’ampleur. Avec mon mari, nous avons donc fait l’acquisition d’un appartement juste à côté du nôtre, pour installer le nouvel atelier."
To be gourdes ?
"Pour résumer, je ne crois pas que la couture soit réservée à des gens qui savent déjà coudre ! On pense que la couture, c’est encore un truc de grand-mère, qu’on n’y arrivera jamais. J’avais donc à cœur de désacraliser la pratique dans une ambiance conviviale. On ne se prend pas la tête ! On apprend de ses erreurs plutôt que de les montrer du doigt. Mais finalement, quel que soit notre niveau en couture, on reste toujours un peu gourde ! Moi-même, il m’arrive de faire des erreurs minables ! Comme moi, pas mal de clientes se retrouvent dans cette histoire de gourdes, et se l’approprient."
Premiers masques
"Une cliente sage-femme m’a contactée peu après le début du confinement en me disant : ‘Anne, on est 30 sages-femmes libérales en Aveyron, on n’a plus de masques. Pourrais-tu nous en coudre 70 ?’ C’est là que la fabrication a commencé, et surtout la solidarité, car n’ayant pas le temps de coudre les 70 masques, j’ai fait appel aux autres gourdes. Le groupe Facebook "Solidarité masques en tissu en Aveyron" est né juste après pour structurer un peu tout ça. En tout, 170 couturières se sont relayées pour coudre et distribuer gratuitement 16 000 masques.
Vidéo virale
"Pour aider les bénévoles, j’ai commencé à faire quelques vidéos sur internet. À partir de là, tout a basculé ! À la base, je voulais uniquement poster des vidéos en live sur Facebook, – oui, je m’occupe aussi de la gestion du site, ce n’est pas brillant ! – mais voyant que le son était très mauvais, j’ai posté la vidéo sur Youtube. Le but était d’apprendre à coudre des masques selon les préconisations de l’Afnor (pour Association française de normalisation à qui l’on doit l’élaboration de la norme des masques grand public lavables NDLR). On a tourné le tuto un soir avec mon mari. Le lendemain l’Afnor m’a contactée puisque j’étais la première à éditer un tuto grand public basé sur leur documentation.
Boris Vian
L’écrivain est sans conteste l’employé le plus célèbre de la vénérable institution. On dit même que son roman L’écume des jours a été écrit sur du papier à en-tête de l’Afnor. Comme l’écrivain, la Ruthénoise a collaboré de près avec l’organisme normalisateur. Contactée au lendemain de la publication du tutoriel visionné depuis plus de 3 millions de fois (!), Anne a poussé plus loin son œuvre de pédagogie : "Aux côtés de 150 experts, j’ai intégré le groupe de travail lié à l’élaboration des masques. Pour eux, j’ai aussi animé la communauté Do It Yourself (DIY) et Confection artisanale… J’ai ensuite travaillé sur la nouvelle version du masque sortie la semaine dernière avant de collaborer au patronage du masque pour enfant." Tout ça depuis Rodez. "C’est assez irréel d’être exposée à tant de choses, tant de gens, de commentaires, de chiffres assez vertigineux et d’être, en même temps, confinée chez soi avec son mari et ses deux enfants. C’est très particulier !"
Revers de la médaille
Le groupe Facebook "Solidarité masques en tissu en Aveyron" est aujourd’hui fermé, déplore Anne : "Des personnes ont réussi a récupérer des masques gratuitement avant de les revendre. Et comme nous avions beaucoup de mal à discerner les gens honnêtes de ceux dont les intentions ne l’étaient pas vraiment, nous avons préféré fermer le groupe. Tout ça coïncide finalement avec l’arrivée de masques en pharmacie. Cette aventure-là est terminée." Gourdement à vous.
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