Druelle Balsac. Prieuré du Sauvage : du XIe siècle à nos jours : extension et déclin de l’ordre de Grandmont

  • Le Prieuré du Sauvage fut rattaché au séminaire de Rodez et vendu aux enchères comme bien national en 1793.
    Le Prieuré du Sauvage fut rattaché au séminaire de Rodez et vendu aux enchères comme bien national en 1793.
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CORRESPONDANT

Dès son arrivé sur le plateau de Grandmont, cette petite communauté fit bâtir une église, très vite, grâce à la bienveillance du Roi de France, mais aussi celui d’Angleterre H. Plantagenet, alors maître du Limousin par son mariage avec Aliénor d’Aquitaine ; des seigneurs des évêques locaux, l’ordre pris de l’ampleur et s’étendit partout en France, si bien qu’à la fin du XIIIe siècle, on comptait plus de 150 prieurés Grandmontain en France, mais aussi deux en Angleterre et deux en Espagne, le département de l’Aveyron en possède deux, Comberoumal et le Sauvage.

L’ordre comptait alors environ 1 300 religieux, dans chaque prieuré cohabitaient les clercs (les frères religieux) qui se consacraient au spirituel et les convers (les frères laïcs) qui, eux, se consacraient au temporel, cette cohabitation entraîna par la suite plusieurs conflits provoquant de nombreuses réformes affaiblissant progressivement l’ordre. Avec l’extension de l’ordre, de nombreux bienfaiteurs se manifestèrent offrant des rentes, des dîmes, des domaines, transgressant allègrement les règles dictées par son fondateur Étienne de Muret, les biens à gérer deviennent très importants, chaque maison fut placé sous l’autorité d’un clerc (le Correcteur) pour sa gestion, mais, en 1156 ,suite à une nouvelle série de crises l’administration est confiée aux convers (le Dispensateur), ce qui aura pour effet d’amplifier les tensions qui régnaient entre les deux communautés.

Des heures de gloire

Pour tenter d’endiguer les difficultés croissantes les prieurés furent regroupés, c’est ainsi que le Sauvage fut rattaché en 1317 au Prieuré de Montaubéron près de Montpellier. L’ordre connu ses heures de gloire avec ses 1 300 religieux répartis dans près de 160 prieurés, des biens relativement importants, sa profonde reconnaissance et sa grande popularité, ils accueillaient, soignaient les pauvres, les malades, les pèlerins etc... une grande estime de la part des évêques, des seigneurs.

Mais il traversa aussi des périodes très difficiles et compliquées avec notamment les guerres de religion provoquant une certaine décadence, comme la guerre de Cent Ans.

Mais aussi et surtout des querelles internes entre clercs et convers entraînant progressivement la destruction de l’ordre, son extinction fut prononcée le 6 août 1772 par le Pape Clément XVI.

Les tumultes que traversa l’ordre n’épargnèrent pas le Prieuré du Sauvage. En 1629 un religieux, nommé Buscaylet, issu de la noblesse locale, fit régner la terreur, avec l’aide d’un de ses cousins, le Seigneur de Panat il chassa le Prieur Nicolas Lavernhes qui alla se réfugier au château d’Ampiac chez Raymond de Saunhac. C’est dans ce village qu’il est mort le 6 mars 1639 est enterré. Par la suite il vendit des terres, il brûla des granges appartenant au prieuré, il brûla aussi les archives et il établit un corps de garde, il en fut chassé quelques plus tard par le comte de Rodez. Cet épisode illustre bien les faiblesses constitutives de l’ordre de Grandmont.

Progressivement des dérives s’installent, les mœurs se relâchent, l’indiscipline règne, le nombre de frères baisse, le bâtiment faute d’entretien se délabre et il en va ainsi dans la quasi-totalité des prieurés grandmontains, l’ordre sera supprimé, comme cité précédemment, en 1772. De cette date à la Révolution tous ces prieurés furent rattachés à des séminaires.

Le Sauvage fut rattaché au séminaire de Rodez et vendu aux enchères comme bien national en 1793 à Joseph Guizot, de Balsac, pour la somme de 102 000 livres.

(À suivre).

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