Rester chez soi ou renouer avec sa vie d'avant ? Les seniors prudents à l'approche du 11 mai

  • Les seniors resteront prudents à la levée du confinement malgré une certaine "hâte" à reprendre la vie sociale, familiale ou associative d'avant.
    Les seniors resteront prudents à la levée du confinement malgré une certaine "hâte" à reprendre la vie sociale, familiale ou associative d'avant. shapecharge / IStock.com
Publié le
Relaxnews

(AFP) - Pas encore "libérés du Covid": sommés de limiter leurs contacts et déplacements après le 11 mai, les seniors resteront prudents à la levée du confinement malgré une certaine "hâte" à reprendre la vie sociale, familiale ou associative d'avant.

Dès lundi, Odette et son mari prendront la route pour leur petite maison sur la côte atlantique. Après deux mois de confinement passés dans leur domicile de la banlieue de Nantes, ce couple a prévu de passer trois jours à "tondre la pelouse, tailler les haies et nettoyer le dallage".

"On a le droit, c'est à 53 km", jubile la retraitée qui attend ce départ avec "hâte".

Pour autant, Odette, qui se dit en "bonne santé", continuera de "faire attention" face au virus, sortant peu et renonçant à fêter ses 80 ans en famille, fin mai, comme elle l'avait un temps envisagé.

Souvent plus fragiles face au coronavirus, les "personnes âgées et les personnes vulnérables" devront encore "limiter au strict minimum leurs sorties et leurs contacts" malgré la levée progressive du confinement, a demandé jeudi le gouvernement, en appelant à la "responsabilité de chacun".

Madeleine, 86 ans, est cependant "soulagée de pouvoir enfin ressortir un peu".

Cette habitante d'un petit village sarthois de 600 âmes n'a pas quitté sa maison depuis près de deux mois, se faisant livrer ses courses par des proches, s'occupant avec son mari dans sa cour et son jardin, et bavardant de temps en temps avec des voisins au travers de la clôture.

A partir du 11 mai, "on va commencer à sortir un peu mais pas n'importe où, on va rester prudents", explique-t-elle, envisageant déjà de faire ses courses elle-même, équipée de masques en tissu faits par sa petite-fille, et "de voir un peu la famille" vivant à proximité.

- Sauver l'été -

"Rester prudent", c'est aussi ce qu'envisage Patrick, 75 ans, qui ne modifiera pas ses habitudes lundi. Pas par peur d'une contamination mais dans l'espoir de "sauver" les vacances d'été.

"C'est l'objectif que je me fixe, faire un effort supplémentaire les premières semaines pour éviter une deuxième vague et pouvoir partir cet été libéré du Covid", témoigne ce Parisien, propriétaire d'un appartement à Nice où il passe l'été "tranquille à boire le café en terrasse".

Retraité "dynamique", "en pleine forme", cet ancien expert-comptable, bénévole dans une association de réinsertion par le travail, a pourtant eu du mal à ne plus voir ses enfants et petits-enfants et cesser toutes ses activités.

Et s'il se dit prêt à poursuivre ainsi, il enrage toutefois du discours "stigmatisant" à l'égard des personnes âgées: "c'est long deux mois. On a renoncé à des choses, on a respecté les règles, et en plus on nous rajoute 't'es vieux, donc tu peux pas bouger'".

Selon une étude menée par l'Observatoire Ergocall sur 2.000 seniors de plus de 65 ans, 75% ont déclaré respecter les consignes de confinement et 68% sortir toutefois plusieurs fois par semaine pour faire leurs courses ou se changer les idées.

Près d'un sur deux a dit recevoir moins de visites qu'avant le confinement et 41% n'avoir vu personne durant cette période.

"Le déconfinement est aussi important pour les publics âgés", insiste auprès de l'AFP Olivier Guérin, président de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), conseillant aux seniors de "faire comme tout le monde mais avec plus de précautions et un strict respect des gestes barrières".

Pour ce médecin exerçant au CHU de Nice, le confinement n'est pas sans risque sur leur santé physique et psychique.

"On a pu constater qu'il y avait une moins bonne prise en charge des maladies chroniques par exemple, car les gens ont peur de voir leur médecin ou d'aller à l'hôpital", explique-t-il.

En outre, "la diminution de l'activité physique et une moins bonne qualité nutritionnelle peuvent conduire à une perte musculaire et donc favoriser la perte d'autonomie plus tard. Tout comme l'isolement peut conduire à des troubles anxieux ou dépressifs", met-il en garde, conseillant de solliciter une consultation de "déconfinement" à son médecin traitant.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?