Le village de Conques reprend goût à la vie

En ce mercredi ensoleillé et chaud, veille du pont de l’Ascension, les ruelles médiévales du village de Conques sont étrangement calmes et silencieuses. Loin de l’agitation habituelle du mois de mai, le chant discret des oiseaux a remplacé les conversations des pèlerins, promeneurs et touristes. Seul le bruit criard d’une tronçonneuse vient perturber cette ambiance un brin étrange, comme irréelle. La belle endormie se réveille en douceur…

L’équipe de l’OT sur le pont

Dans la remarquable demeure de l’ancien hôtel de ville, coiffée de son horloge et de son clocheton du XIXe, l’équipe de l’office de tourisme Conques-Marcillac et du service patrimoine de la commune a repris du service. Avec les règles sanitaires qui s’imposent. " Les commerces et les boutiques des artisans d’art rouvrent petit à petit, certains font de la vente à emporter souligne la directrice de l’OT, Régine Combal, qui reconnaît que ça fait quand même tout drôle. Le mois de mai est généralement très fréquenté, notamment par les pèlerins. Les quelques visiteurs que nous accueillons sont de l’Aveyron, du Cantal, du Lot ou de la Lozère. La fermeture des bars, des restaurants et le rayon des 100 km sont très pénalisants pour nous. " Nombre de questions restent, à ce jour, sans réponses. " Nous n’avons pas de lisibilité pour la saison à venir, mais l’on se dit que nos territoires ruraux ont certainement une carte à jouer. Notre relatif isolement actuel peut devenir une force, en préservant l’esprit des lieux et en privilégiant un tourisme durable. Un tourisme culturel et patrimonial, associant les activités de pleine nature, la vallée du Lot, le vignoble de Marcillac et le parcours aventure de Salles-la-Source. "

La commune fortement impactée

La municipalité conquoise a profité du confinement pour tester à l’échelle de la commune une application (Illiwap) d’alerte et d’information. 270 familles l’ont utilisée. Concluante, l’expérience sera poursuivie. " Cela permet de maintenir un lien plus direct avec les administrés et inversement les gens peuvent nous prévenir directement ", se félicite le maire de Conques-en-Rouergue, Bernard Lefebvre. Ce dernier ne cache pas que la crise sanitaire a fortement impacté les finances communales. " C’est une commune atypique et notre trésorerie est aujourd’hui bousculée, explique le premier élu. Parkings, visites guidées, nocturnes, trésor… En près de trois mois, le manque à gagner est conséquent. " Des pertes estimées par le conseil municipal à 250 000 €. Bernard Lefebvre n’est pas toutefois du genre à baisser les bras. " On ne perd pas le moral. Il y a plein d’idées, on va mobiliser tout le monde. Nous espérons un vrai redémarrage cet été et on va jouer l’arrière-saison pour faire redécouvrir aux gens leur territoire, leur patrimoine proche. Avec les hôteliers et restaurateurs, nous allons proposer de nouvelles animations. "

Le temps est venu de saluer Valérie Duclos, une artisan d’art nouvellement installée dans le village. Deux années de travail lui auront été nécessaires pour réaliser le chef-d’œuvre de son diplôme d’État d’Enlumineur de France. Un manuscrit roman du XIIe siècle, sur un parchemin de veau, dans l’esprit de l’époque.

La visite se poursuit en compagnie d’Anne, du service du patrimoine, qui me livre moult anecdotes et détails sur l’histoire de Conques, avant de s’attarder devant les formidables reliques du trésor de Sainte-Foy, dont le reliquaire dit "A de Charlemagne", le livre des miracles, retrouvé dans un grenier du village, ou la statue reliquaire de la fin du IXe siècle. Le plus riche trésor d’orfèvrerie médiévale de France.

Dans l’abbatiale voisine, en pleine répétition, frère Jean-Daniel fait vibrer de tout leur souffle les tuyaux du grand orgue Puget. La lumière du dehors magnifie les vitraux de Soulages, sous le regard millénaire des personnages sculptés des chapiteaux historiés. Chemin faisant, nous croisons une famille venue de Saint-Amans-des-Côts. Le tourisme de proximité prend aujourd’hui tout son sens. Francis Falières, le patron de l’hôtel-restaurant du Saint-Jacques, ne cache pas son impatience. " Il nous tarde que ça redémarre vraiment. Ce week-end, il y a eu un peu de monde, mais il y aura quand même de la casse… " Le commerçant reste néanmoins philosophe. " Le principal, c’est la santé. "

 

Culture, patrimoine et activités de pleine nature pour un tourisme vert et durable

Si les visites guidées sont de nouveaux possibles, par petits groupes de 9 personnes, il faudra encore patienter quelques jours pour profiter des Nocturnes de Conques. Ces Nocturnes, rappelons-le, se déclinent en trois temps, à partir de 21 heures : la présentation du tympan, par frère Jean-Daniel ; la visite des tribunes de l’abbatiale en lumière et en musique ; l’illumination du tympan.

Entre autres nouveautés, l’équipe de l’office de tourisme propose dès à présent des balades lectures de paysages au site du Bancarel ou à la chapelle Saint-Roch. Dans tous les cas et plus que jamais, l’OT de Conques-Marcillac veut promouvoir un tourisme vert, un tourisme durable, à la fois culturel et patrimonial, tourné vers l’artisanat d’art et les activités de nature, la proche vallée du Lot et le vignoble de Marcillac.

Vingt-deux promenades et randonnées pédestres, et seize parcours de trail, pour les sportifs, sont ainsi proposées sur le territoire communautaire. Le tout au milieu de magnifiques paysages. Loisirs aquatiques, parcours aventures, équitation, VTT, pêche… complètent cette large palette d’activités et d’animations.

En matière d’hébergement, le territoire de Conques-Marcillac offre de multiples possibilités avec une trentaine de propriétaires de chambres d’hôtes, une centaine de locations de vacances, 7 hôtels, 4 campings, 2 aires de camping-car, le centre d’accueil de l’abbaye (96 lits), la maison familiale de vacances de Conques, le village de vacances de Grand-Vabre, les chalets et cabanes insolites du Duzou. Bref, il n’y a que l’embarras du choix.