Epargne et confinement : le Livret A rit, l'assurance vie pleure

  • En avril, les dépôts sur le livret A ont dépassé les retraits de plus de cinq milliards d'euros, du jamais vu, après avoir déjà atteint un niveau très élevé le mois précédent
    En avril, les dépôts sur le livret A ont dépassé les retraits de plus de cinq milliards d'euros, du jamais vu, après avoir déjà atteint un niveau très élevé le mois précédent deepblue4you / Istock.com
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Relaxnews

(AFP) - Des milliards d'euros en plus sur les Livrets A, des milliards en moins dans les assurances vie. C'est la conséquence de deux mois de strict confinement face au coronavirus et, au-delà, d'incertitudes économiques persistantes qui poussent les Français à déplacer leur épargne.

L'assurance vie fait l'objet d'une vaste désaffection face à la "période exceptionnelle de confinement et d'incertitudes", a résumé mardi dans un communiqué la Fédération française de l'assurance (FFA), à l'occasion de l'annonce de ses chiffres pour avril.

Les retraits de l'assurance-vie y ont dépassé les dépôts de 2,1 milliards d'euros, après déjà un écart de deux milliards le mois précédent.

C'est sans précédent depuis 2011, une année marquée par d'importantes incertitudes économiques en pleine crise des dettes souveraines européennes.

Comme à l'époque, chaque mois voit désormais fondre de plusieurs milliards d'euros le total des montants épargnés sur les assurances vie françaises.

Surtout, l'assurance vie s'inscrit désormais dans le rouge sur l'année écoulée: depuis le début de 2020, les montants épargnés ont diminué de 1,9 milliard d'euros.

Cette situation contraste avec l'autre placement préféré des Français, le Livret A. En avril, les dépôts y ont dépassé les retraits de plus de cinq milliards d'euros, du jamais vu, après avoir déjà atteint un niveau très élevé le mois précédent.

Au total, en deux mois, les montants épargnés sur les Livrets A ont progressé de quelque huit milliards d'euros, alors même que ce placement n'a jamais été aussi peu intéressant. Depuis février, il ne rapporte plus que 0,5% par an sur les sommes versées, un niveau inférieur à l'inflation.

"Les Français ont épargné parce qu'ils ne pouvaient pas dépenser", estimait la semaine dernière Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, l'institution publique qui gère les sommes épargnées par le Livret A.

Mais la situation n'a pas profité à l'assurance vie, qui pâtit comme à l'habitude des situations de crise. Ce placement apparaît d'autant moins comme un refuge que les assureurs encouragent depuis des années leurs clients à accroître la part de leurs contrat dédiés aux "unités de compte", potentiellement plus rémunératrices mais aussi plus risquées, car elles ne garantissent pas de ne pas perdre d'argent.

- Epargne forcée ou volontaire ? -

A ce titre, la désaffection observée en avril obéit à un mouvement différent du mois précédent. En mars, début du confinement, les Français avaient surtout retiré en masse de l'argent de leur assurance vie.

En avril, les retraits n'ont pas été particulièrement élevés. Cette fois ce sont les dépôts qui se sont effondrés. Alors qu'ils tournaient depuis plus d'un an à plus de 10 milliards d'euros chaque mois, ils se sont établis à 6,5 milliards.

"Le confinement a restreint l'activité commerciale et le nombre d'opérations", a avancé la FFA.

Cela signifie-t-il que le placement va rebondir avec la levée du confinement début mai? Ce n'est pas gagné, car les incertitudes économiques vont demeurer et les autorités politiques comme financières préparent les esprits à une crise durable.

Lundi, la Banque de France a encore prévenu que la croissance française continuerait à subir de lourdes pertes pendant le déconfinement. Quelques jours plus tôt, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, avertissait qu'il y aurait des faillites et licenciements "dans les mois qui viennent" malgré les mesures d'aides publiques.

Dans ce contexte, autorités et économistes s'interrogent sur le rôle de moteur ou de frein que peut jouer l'épargne des Français dans la reprise économique espérée. L'enjeu est de distinguer l'argent mis de côté par contrainte, faute de pouvoir consommer, et celui réellement placé en réserve par des ménages inquiets.

"La question prioritaire du côté des ménages, c'est donc la confiance, pour qu'ils transforment rapidement cette épargne accumulée en consommation et donc en croissance", soulignait récemment François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.

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