Le plan de relance est à deux vitesses pour la filière automobile en Aveyron

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    Les affaires reprennent dans les concessions automobiles. Archives Centre Presse - José A. Torres
Publié le
Christophe Cathala et Philippe Henry

Les sentiments sont partagés, en Aveyron, entre industriels et concessionnaires face aux annonces du chef de l’État pour doper l’économie d’une filière automobile en souffrance.

Le plan de soutien et de relance à la filière automobile, très impactée par la crise du coronavirus, a été présenté ce mardi 26 mai par le Président de la République. Huit milliards d’euros y sont consacrés avec des mesures commerciales incitatives, un coup de pouce aux constructeurs et aux sous-traitants, et une dominante forte : le développement de la voiture "verte", électrique en tête.

Un parti pris écologique qui malmène quelque peu la filière en Aveyron, dans sa déclinaison industrielle. Mais qui ne gêne en rien le commerce automobile qui voit dans la prime à la conversion notamment une aubaine pour doper les ventes de voitures électriques qui n’excèdent pas 6 %…

« Des mesures qui redonnent de l’intérêt au commerce »

Christophe Maurel, président du groupe éponyme, emploie, dans ses concessions de marques très différentes, 540 salariés et 50 apprentis dans six départements d’Occitanie, dont l’Aveyron. Autant dire que son regard balaye dans les grandes largeurs le monde automobile. Il y avait à ses yeux une urgence à trouver des solutions pour assurer la reprise économique : « Il n’y a pas eu de flux, nos stocks sont les mêmes qu’au 16 mars. Et il s’agit maintenant pour les professionnels qu’il y ait un marché. Il y a un frein sur l’économie, mais la reprise est meilleure que l’on ne craignait, dans les véhicules d’occasion notamment ».

Le plan Macron devrait y pourvoir à ses yeux car « les mesures redonnent de l’intérêt au commerce automobile, le remettent dans le marché. A commencer par la prime à la conversion, qui concerne aussi bien les véhicules neufs que d’occasion, avec pour ces derniers les seuls diesels postérieurs au 1er septembre 2019. Cette prime, trois fois plus élevée qu’il y a deux ans, est fléchée vers les ménages qui en ont le plus besoin. C’est une opération “coup de poing” qui permet de relancer la demande, indéniablement ». La voiture électrique deviendra-t-elle une réalité en Aveyron ? « On peut l’espérer, il existe un intérêt économique à franchir le pas alors que les ventes se situent aujourd’hui à 5 ou 6 % ». Une marge de progression appréciable…

« L’électrique divise le nombre d’emplois »

Pour le président du Conseil économique, social et environnemental d’Occitanie (Ceser), les annonces du président Macron concernant la filière automobile ne doivent pas faire oublier que « ceux qui font la promotion du véhicule électrique doivent aussi expliquer que ce choix technologique divise par 7 le nombre d’emplois nécessaires, et expliquer aux salariés invités à partir quel sera leur avenir ». Jean-Louis Chauzy poursuit : « L’objectif de véhicule sans carbone est partagé par tous. Encore faut-il avoir un calendrier raisonnable pour y parvenir. »

Une réunion du comité de suivi pour l’avenir de l’usine Bosch doit se tenir entre le 15 et le 30 juin.
« À cette occasion, nous devons demander à nouveau que cette usine bénéficie des financements liés au plan de relance » et ce, « afin de rester un site de production industrielle pour l’automobile. »

L’usine SAM à Viviez est aussi particulièrement concernée par ces annonces et Jean-Louis Chauzy appelle à la reprise du site « par un spécialiste du domaine de la fonderie, de la mécanique, avec le soutien des collectivités. Il n’est plus temps de chercher des investisseurs étrangers, chinois ou russes ».

Pour le président du Ceser d’Occitanie, ces mutations « nécessitent de prendre le temps et surtout de mieux considérer les hommes et les femmes qui travaillent dans ces domaines ».
En proposant des formations et de qualifications nécessaires pour trouver « des alternatives afin d’accentuer cet effort de diversification industrielle » pour le territoire d’industrie de la Mécanic-Vallée.

La CGT annonce boycotter la réunion prévue en juin

L’annonce du plan automobile a fait fulminer le délégué du syndicat majoritaire à l’usine Bosch, à savoir Yannick Anglarès pour la CGT : "Nous sommes les grands oubliés de ces annonces, tout part à l’électrique et l’hybride qui est très peu générateur d’emplois. Il faut s’attendre à de gros plans sociaux."

Pour lui, les 1 350 emplois de l’usine Castonétoise sont sur la sellette et bien plus encore en Aveyron. "Cela concerne plus de 6 000 emplois sur le Ruthénois sans parler de l’aéronautique en souffrance dans l’Ouest-Aveyron. Un séisme est à venir pour la région."

"Enterrement de première de classe"

D’ores et déjà, le syndicat majoritaire annonce boycotter la réunion du comité de suivi prévu en juin. "Cela fait quatre ans que l’on se bat, quatre ans que l’on n’est pas entendu. L’État, la Bosch et les élus sont en train de nous couler. On est en train d’assister à l’enterrement en première classe de la Bosch en Aveyron."

Et pourtant, il y avait, selon lui, matière à sortir de la crise. "L’État avait l’occasion de demander aux constructeurs de prendre des pièces, un certain pourcentage des injecteurs aux usines françaises, c’était l’occasion rêvée. Cela donnait trois-quatre ans pour envisager la transition du site, au lieu de ça, l’État accompagne la fermeture du site avec l’argent des contribuables Français !"

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