Espalion. L’étonnante église fortifiée d’Anglars du Cayrol

  • Cette étonnante bâtisse justifie un détour à  Anglars de Cayrol.
    Cette étonnante bâtisse justifie un détour à Anglars de Cayrol. Repro CP -
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CORRESPONDANT

Tour à tour possession des Templiers puis des Hospitaliers de l’ordre de Malte, cet édifice fortifié composé de l’église et d’un château qui la domine surprend le visiteur.

Dans le contexte de la guerre de Cent Ans et la nécessité pour la population de trouver un refuge, les villageois d’Anglars demandent en 1381, au commandeur d’Espalion de fortifier leur église.

Simple et robuste avec ses hautes murailles percées de meurtrières, c’est ainsi que l’église se fit château, le clocher se fit donjon. La nef, pourvue de murs de 1,50 mètre d’épaisseur allait pouvoir supporter un grenier refuge sur plusieurs niveaux. Le premier étage était réservé au prieur tandis que le second accueillait les habitants et leurs provisions. On accédait aux différents étages à l’aide d’une trappe placée dans le plafond de l’église et accessible par une échelle. Les travaux seront achevés en 1381. Ce n’est qu’au XVIe siècle que furent ajoutées deux hautes échauguettes pour assurer le guet et tirer sur l’assaillant par les embrasures. Elles constituent l’élément de défense le plus spectaculaire, à défaut d’être réellement efficaces.

L’attaque des Huguenots

Les guerres de religion commencent en France en 1562. Même si la région reste généralement fidèle au catholicisme, cela n’empêche pas les conflits sanglants et incessants. En 1568, Espalion est attaquée et mise à sac alors que les calamités climatiques, des épidémies et surtout la peste ravagent le Rouergue. En 1593, une troupe calviniste d’une quarantaine d’hommes marche sur Anglars. Les portes de l’église sont défoncées.

Les soldats font main basse sur les ornements, les meubles et l’orfèvrerie. Ils parviennent à accéder aux étages pour piller les coffres, les victuailles et autres biens.

Les habitants sont débusqués de leurs cachettes, faits prisonniers et rançonnés. Ironie de l’histoire : le vieux château de Cabrespines où les paroissiens se réfugiaient auparavant ne fut jamais pris. Il fut pourtant attaqué à plusieurs reprises mais su se défendre sous la conduite d’Antoine d’Estaing. À noter que l’église-château d’Anglars sera à nouveau victime d’exactions pendant la tourmente révolutionnaire comme bien d’autres édifices religieux. Ses biens seront saisis en tant que Biens Nationaux, les cloches fondues pour faire des canons et l’argenterie transformée en pièces de monnaie.

École aujourd’hui musée

Dans une période plus récente l’église-refuge va connaître une destinée originale. La partie refuge du premier étage, au-dessus du logement du curé de la paroisse, sera aménagée comme logement de fonction de l’instituteur. Mieux, il va ensuite y faire la classe !

De nos jours, s’il n’y plus de curé ni d’école à Anglars, une association de sauvegarde s’efforce de mettre en valeur et de faire vivre les lieux.

On y trouve un musée des ardoisiers qui firent, au siècle dernier, la richesse et la renommée du village.

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