Baraqueville. L’histoire extraordinaire d’un homme ordinaire
Certains achètent des indulgences pour se réserver quelques années de paradis. Pour Paulino Nunes de Oliveira, les portes du divin lieu lui sont largement ouvertes.
Paulino naît le 6 janvier 1949 dans la petite ville de Villa de Conde à quelque 13 kilomètres de Porto. Il entre à l’école à l’âge de 7 ans et en sortira cinq ans plus tard avec la conviction définitive que ce lieu d’astreintes, de châtiments corporels et de souffrances (chaque jour devant parcourir 8 kilomètres à pied parfois chaussé de vilaines chaussures, parfois pieds nus) était très peu fait pour lui, malgré un vrai talent en mathématiques…
Le retour se faisait vers 16 h 30 et là commençait une nouvelle journée de labeur : aller chercher le bois pour allumer le feu et préparer le repas. Bien sûr le temps dévolu aux devoirs s’amincissait à vue d’œil et les conséquences s’en faisaient ressentir le lendemain. À cette époque le régime dictatorial du général Salazar plonge le pays dans une misère noire. Les militaires et les élites hissant leur condition au détriment des ouvriers et des paysans.
L’année de ses 12 ans Paulino entre en formation de maçonnerie et rapidement se trouve une passion pour les crépis.
Le 18 septembre 1966 il arrive à Baraqueville et commence à œuvrer dans l’agriculture puis entre à la Cegelec ou il devient lignard sur lignes à basse et haute tensions. Il installera notamment l’éclairage public de Baraqueville et de l’hôpital de Bourran…
Tout cela pourrait ne représenter que l’épopée d’un travailleur immigré. Mais pour Paulino, la vie va changer ce jour où voyant le corps d’une adolescente victime d’une hydrocution flotter à l’envers dans un lac, il n’écoute que son devoir, plonge, la ramène à la rive et lui prodigue un massage cardiaque qui la sauve.
Quelque temps plus tard c’est une femme de 45 ans qui tente de se suicider en sautant de la margelle d’un pont. Arrivé sur les lieux du drame, Paulino envoie un gamin qui passait par là chercher les pompiers, lui se mettant à l’eau pour secourir la personne, lui prodiguer de nouveau un massage cardiaque et la sauver.
Un an plus tard il interviendra sur un conflit sanglant de deux personnes se battant à mort et réussira à sauver le plus atteint qui se verra poser 31 points de suture sur le crâne.
De cette vie qu’il a choisie, de cette nouvelle appartenance à la France que lui et ses enfants adopteront en reconnaissance au pays qui les a accueillis, d’une existence ou la misère et la nécessaire solidarité sont de mise, il va en tirer une leçon exemplaire d’empathie et de respect de la vie.
À ce titre Paulino Nunes de Oliveira peut regarder l’existence avec fierté.
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