#Ensemble / En Aveyron, "le BTP ne retrouvera pas tout de suite son niveau d’avant"

  • Comme d’autres secteurs économique, le BTP a été impacté par l’épidémie de Covid-19.
    Comme d’autres secteurs économique, le BTP a été impacté par l’épidémie de Covid-19. Centre Presse - Joël Born
Publié le , mis à jour
Guillaume Verdu

Les chantiers ont repris mais le secteur se trouve toujours confronté aux conséquences de la crise sanitaire.

La reprise n’est pas encore l’heure du retour à la normale. En Aveyron comme ailleurs, le secteur du bâtiment et des travaux publics a pu reprendre une activité plus soutenue depuis la fin du confinement, mais avec moins de vigueur qu’avant la crise sanitaire liée au coronavirus. "Nous ne sommes pas encore dans l’après. Cette situation spéciale n’est pas encore terminée", déplore Patrick Bounhol, président de la Capeb Aveyron, organisation patronale de l’artisanat du bâtiment.

Comme d’autres, le secteur a pris en pleine face la pandémie et de nombreux chantiers ont été mis à l’arrêt. "Mais les entreprises ne voulaient pas interrompre le travail, précise Robert Hyronde, secrétaire général de la Fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron. Les chantiers chez les particuliers qui l’acceptaient ont pu se poursuivre." À condition d’éviter aux problèmes d’approvisionnement, "car de nombreux fournisseurs ont été fermés", ajoute-t-il.

S'adapter aux mesures sanitaires

Désormais, les professionnels doivent s’adapter aux mesures sanitaires appliquées sur les chantiers. "Un accord avec les organisations professionnelles a été passé, indique Patrick Bounhol. Mais pour que cela soit appliqué, ce n’est pas toujours simple…" "Le fait de se tenir à un mètre de distance n’est pas toujours possible dans notre activité", remarque Robert Hyronde. Il regrette certaines mesures, comme "l’interdiction de se trouver à plus de deux dans une camionnette, malgré le port du masque ou de la visière. Cela veut dire que l’entreprise a besoin de plus de véhicules, ou d’indemniser ses salariés qui vont se déplacer avec leur propre voiture." De quoi lui laisser penser que "les entreprises connaîtront une baisse de production, qu’elles n’ont pas encore pu mesurer".

Le report des municipales n’a rien arrangé

Cette baisse pourrait aussi être accentuée par une demande moindre. Des particuliers touchés par une diminution de revenus pourraient décider de reporter des travaux. Du côté des collectivités, l’incertitude politique n’est pas plus favorable. "Les élections municipales ont été reportées (second tour le 28 juin) et cela va créer des blocages, alors que la commande publique est importante pour nous, note Robert Hyronde. Les projets nouveaux vont être étudiés plus tard que prévu et nous craignons que cet épisode ait réduit les envies d’investir chez certaines collectivités." Un constat qui fait dire à Patrick Bounhol : "Il ne faut pas croire que l’on retrouvera tout de suite le niveau d’avant la crise."

Coup de pouce espéré

Si le tour d’horizon n’est pas réjouissant, les responsables départementaux du secteur ne veulent pas céder au catastrophisme sur les perspectives. "Nos entreprises ont la volonté de s’en sortir, assure Robert Hyronde. Si on sait être efficace maintenant, on peut limiter la casse."
Pour que le secteur s’en sorte au mieux, il espère un coup de pouce du gouvernement. "Nous attendons le plan de relance BTP et nous espérons qu’il contiendra des mesures pour le monde rural", dit-il.

Le secrétaire général de la FBTP12 pense en premier lieu aux aides à la rénovation. "En Aveyron, on ne fait pas du neuf à tout va, contrairement à ce qu’on peut voir dans d’autres régions, précise-t-il. J’aimerais bien voir le retour du crédit impôt transition énergétique, qui avait été coupé par Bercy il y a quelques années." Robert Hyronde espère aussi que "l’État tiendra ses engagements de soutien" aux collectivités locales, pour qu’elles continuent à passer des commandes.

"Ne pas rater une génération"

Alors que de nombreuses entreprises du bâtiment et des travaux publics ont encore recours au chômage partiel, il est difficile de mesurer les impacts de la crise sanitaire sur l’emploi dans le secteur. Patrick Bounhol avance cependant ses craintes sur le recours à l’apprentissage. "De nombreuses petites structures prennent souvent un jeune sous cette forme, ce qui lui permet de se lancer, détaille le président de la Capeb Aveyron. Ma crainte, c’est qu’à la rentrée, des artisans fassent l’impasse, pour des raisons économiques. Mais il ne faudrait pas rater une génération."

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