Matthieu Lebrun, "La dynamique est du côté de Rodez Citoyen"

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  • Matthieu Lebrun, le 15 mars dernier.
    Matthieu Lebrun, le 15 mars dernier. Jean-Louis Bories
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Propos recueillis par Mathieu Roualdés

Crédités de 24,61 % des suffrages, la liste Rodez Citoyen et son représentant Matthieu Le brun croient toujours "dur comme fer" en une victoire au soir du 28 juin. Entretien.

Après avoir constitué la surprise de ce premier tour avec 24,61 % des suffrages, comment comptez-vous capitaliser et progresser au soir du 28 juin alors qu’il sera très difficile de mener une campagne cette fois ?

Aujourd’hui, une chose est certaine : la dynamique est de notre côté. Christian Teyssèdre annonçait qu’il allait gagner haut la main, cela n’a pas été le cas. Pis, il a totalisé moins de votes qu’en 2014 et ne représente à ce jour que 16 % des inscrits. Tout est encore ouvert et on y croit dur comme fer même si réorganiser les élections à cette date est une énorme erreur…

Étiez-vous davantage partisan de tout recommencer à l’automne prochain ?

Bien entendu, car aujourd’hui, les gens n’ont plus cette élection en tête et on ne pourra pas faire campagne comme il se doit avec toutes les mesures. C’est une entrave à une bonne participation et à un débat démocratique digne de ce nom. J’espère que les gens se déplaceront mais la décision du gouvernement est incompréhensible.

Trois mois se sont écoulés depuis le premier tour, la crise passant par là. Votre programme a-t-il évolué ?

Notre projet restera ce qu’il était car il a été réalisé intégralement sous le prisme de l’urgence climatique et sociale. Le monde d’après, Rodez Citoyen y croit dur comme fer. Et je suis fier de voir que de nombreux candidats ont changé leurs priorités mais je suis toujours autant atterré qu’à Rodez, la liste du maire sortant s’entête dans un programme du passé, ne prenant absolument pas en compte les enjeux de la crise qu’on vient de vivre. Comment peut-on aujourd’hui poursuivre les projets d’un parc des expositions pharamineux et d’un Bourran II qui va sacrifier des hectares de terre ? Quand je vois cela, je me dis que la majorité actuelle ne fait de la politique que par opportunisme et une seule chose l’intéresse : rester au pouvoir, coûte que coûte et quitte à s’allier avec des personnes de tous les bords…

Néanmoins, toutes les listes semblent aujourd’hui faire la part belle à l’écologie dans leurs programmes…

Effectivement, Christian Teyssèdre n’a plus que le mot végétalisation en bouche mais cela fait 12 ans qu’il bétonne la ville… Soyons sérieux et regardons seulement le soi-disant écoquartier Combarel ou encore le petit jardin public sacrifié au Faubourg pour y implanter la maison de santé… L’écologie, ce n’est pas seulement annoncer qu’on va planter des arbres, réaliser une forêt urbaine, c’est un cap sur les 10 ans à venir pour entamer la transition. 

On vous reproche justement une opposition systématique lors de ce dernier mandat et un manque de propositions claires…

À chacune de nos propositions, on nous a ridiculisés. Malheureusement, je regrette la tension qu’il y a aujourd’hui mais il ne faut pas s’en étonner : depuis 12 ans, la majorité n’a jamais pris en compte les minorités du conseil municipal et pas seulement Rodez Citoyen. Et elle se permet même de grappiller nos idées comme la gratuité des transports publics pour le prochain mandat !

Le soutien de la France Insoumise et la présence de plusieurs de ses membres sur votre liste font également débat pour une liste se voulant "citoyenne". Assumez-vous cela ?

On assume tous les soutiens des forces écologistes, solidaires et progressistes. Le soutien de la France Insoumise n’est pas le fruit de tractations politiciennes. Il y a seulement trois personnes affiliées à ce parti sur notre liste de 35 qui comporte également des membres du PS, d’Europe-Ecologie… Aucun de nos projets n’a été dicté par un parti et nous ne sommes pas ensorcelés par la France Insoumise comme on veut le faire croire. On s’est fédéré sur des valeurs et un projet, les étiquettes politiques appartiennent au passé désormais. Sinon, pourquoi voit-on encore des socialistes sur la liste macroniste de Christian Teyssèdre alors que le PS a clairement annoncé, au niveau national, qu’il refusait toutes alliances avec des membres de la République en Marche ?

La crise sanitaire digérée, les territoires devront désormais faire face à une crise économique. À Rodez, on sait la Bosch en souffrance, comment pouvez-vous soutenir l’entreprise alors que les mouvements écologistes condamnent aujourd’hui l’utilisation du diesel ?

Le temps du diesel est révolu, c’est évident… Mais comme nous l’avons signalé aux syndicats de l’entreprise, nous sommes dans un monde de transition. Et il faut du temps pour tout le monde de se diversifier. La Bosch peut le faire car son savoir-faire est réputé partout. Plusieurs pistes sont à explorer même s’il faut être clair sur le sujet : les élus locaux n’auront que peu de pouvoir. Je regrette en revanche que l’entreprise ait été la grande oubliée du plan de relance automobile dicté par le gouvernement.

Quelles sont aujourd’hui vos priorités pour Rodez dans ce "monde d’après" que vous appelez de vos vœux ?

Sur le plan économique, on devra relocaliser les emplois, créer une ceinture verte autour de Rodez afin d’offrir de l’emploi à une agriculture durable, privilégier les circuits courts. Très rapidement, nous lancerons également la rénovation thermique des bâtiments publics, cela consolidera l’économie. Puis, la crise a fait prendre conscience à chacun que les services publics étaient ô combien précieux. À Rodez, on a malheureusement sacrifié tous les moyens humains de ces derniers.

Votre méthode de gouvernance est toujours basée sur la démocratie participative, comment intéresser le citoyen au plus vite à la chose publique quand il n’a jamais semblé aussi éloigné d’elle ?

Cela ne se fera pas un jour. La démocratie participative prend du temps, cela s’inscrit sur au moins deux mandats. Il faut y aller progressivement et pour reprendre goût à la chose publique, on doit partir de la base, partir des quartiers les uns après les autres. On ne veut plus qu’une poignée de personnes décident de l’avenir de la Ville. Tous les projets doivent être débattus par tous et cela apaisera la gouvernance, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Si au soir du 28 juin, Rodez Citoyen devient la première force d’opposition, seriez-vous satisfait ?

Non, car comme je l’ai dit : on croit à la victoire. Certes, cela peut paraître surréaliste au regard des pourcentages du premier tour, mais tout reste encore ouvert avec un nombre record d’abstentionnistes. Et n’oublions pas qu’il y avait une quatrième liste dans cette élection (celle de Jean-Philippe Murat, NDLR) et qu’elle a récolté 9 %… Et quand on regarde le programme de cette liste, on se dit qu’il se rapproche beaucoup du nôtre en termes de démocratie participative. Notre projet est en passe de fédérer le plus grand nombre et pas seulement l’électorat de la France Insoumise comme on veut le faire entendre…

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