Prison avec sursis requise contre des membres de l’Amassada

Abonnés
  • De nombreuses personnes sont venues soutenir les prévenus durant leur procès.
    De nombreuses personnes sont venues soutenir les prévenus durant leur procès. Ph.H.
  •  L’avocat des quatre prévenus, rattaché au barreau de Montpellier, Nicolas Gallon, peu avant le début du procès.
    L’avocat des quatre prévenus, rattaché au barreau de Montpellier, Nicolas Gallon, peu avant le début du procès. Ph.H.
  •  Un important dispositif de gendarmerie avait été déployé tout autour du tribunal judiciaire de Rodez.
    Un important dispositif de gendarmerie avait été déployé tout autour du tribunal judiciaire de Rodez. Ph.H.
Publié le
Philippe Henry

La représentante du ministère public a réclamé une peine de huit mois de prison avec sursis à l’encontre des quatre membres de l’Amassada jugés hier pour avoir participé à un rassemblement à Saint-Victor-et-Melvieu où cinq gendarmes avaient été légèrement blessés, début novembre 2019.

Les quatre prévenus, deux hommes, deux femmes, d’une trentaine d’années et un retraité, se sont retrouvés à nouveau face au juge du tribunal judiciaire de Rodez, hier après-midi. Leur premier procès, prévu en mars dernier, avait été reporté.

À l’extérieur du palais, un comité de soutien d’une petite centaine de personnes, empêchée d’accéder au parvis par un cordon de gendarmes mobiles, s’est fait entendre avant et durant le procès.

Les prévenus ont été interpellés le 12 octobre de l’année dernière à Saint-Victor-et-Melvieu, sur le site de l’Amassada. Ses membres sont en lutte contre l’installation d’un transformateur électrique voulu par RTE (Réseau de transport d’électricité).

Pour mémoire, début novembre 2019, 150 gendarmes mobiles avaient fait évacuer le site occupé depuis près de six ans par les membres de l’Amassada. Mais quelques jours plus tard, un peu plus de 350 manifestants ont voulu " reprendre " le site.

"Et durant près de deux heures, des affrontements avaient eu lieu avec les gendarmes", a évoqué la représentante du ministère public, Fanny Moles. Cinq militaires avaient été légèrement blessés, dont un qui avait reçu une pierre sur le crâne. Et la justice a reproché aux prévenus plusieurs faits : violences aggravées, outrages, dégradation ou détérioration du bien d’autrui, en l’occurrence les installations de RTE, ou encore refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques.

"Question d’éthique"

Devant les juges, les prévenus, d’âge et de milieux différents mais ayant pour point commun des convictions en matière d’écologie ou de société très affirmées, ont clamé leur innocence et ont assuré qu’ils ne portaient pas de masques. Ils ont toutefois revendiqué leur refus de se soumettre aux relevés signalétiques. "C’est une question d’éthique", a affirmé l’un d’eux. Et tous ont dénoncé "la violence de leur interpellation".

Mais, lors de son réquisitoire, Fanny Moles, représentante du ministère public, a souligné que "les forces de gendarmerie ont subi, pendant près de deux heures, des vagues de manifestants qui avaient envie d’en découdre". Et la magistrate de requérir à l’encontre des quatre prévenus huit mois de prison avec sursis et une interdiction de séjour sur la commune de Saint-Victor-et-Melvieu durant cinq ans. La représentante de RTE a demandé 12 660 € suite aux dommages causés.

Pour l’avocat de la défense, Me Nicolas Gallon, "rien ne prouve qu’ils ont jeté ces pierres. Leur engagement est gratuit et désintéressé. Il ne répond qu’à leur conviction."

Le conseil des prévenus poursuit : "On veut les accuser de tous les maux, de tous les faits commis ce jour-là". Me Nicolas Gallon a réclamé la relaxe pour l’ensemble des griefs. Le jugement sera rendu mercredi 8 juillet, à 14 heures.

Un projet vieux de dix ans

Dès 2009, la construction d’un poste électrique, sur près de 10 hectares est étudiée, à Saint-Victor-et-Melvieu. Les inquiétudes suscitées par cette perspective donnent lieu à la création de l’association Plateau survolté, en 2010. En janvier 2015, les opposants au projet porté par RTE érigent la première structure en bois de l’Amassada. En septembre 2018, les membres de l’Amassada décident d’une occupation du site au quotidien. Le 28 décembre, le TGI de Rodez ordonne la levée de l’occupation du site, assortie d’une importante astreinte financière (2 000 € d’amende par personne et par jour de présence). En février 2019, cinq militants y sont interpellés pour occupation illégale. Le TGI de Rodez annulera, en avril, l’ordonnance d’expulsion du 28 décembre 2018. Le 4 juillet 2019, ces cinq prévenus ont été condamnés à un mois de prison avec sursis, et 150 € d’amende toujours avec sursis.
 

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?