Propagation du virus : la grande traque de la CPAM de l'Aveyron

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  • Émilie, conseillère CPAM, en pleine enquête sur le traçage du virus. Émilie, conseillère CPAM, en pleine enquête sur le traçage du virus.
    Émilie, conseillère CPAM, en pleine enquête sur le traçage du virus. Reproduction Centre Presse -
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Christophe Cathala

Mis en place depuis un mois, le "Contact traçing" de l’Assurance maladie travaille au quotidien pour enrayer la chaîne de contamination. Un dispositif dominé par l’opiniâtreté, l’écoute et l’humanité.

Dans cette guerre menée tous azimuts contre la propagation du virus, l’Assurance maladie est, elle aussi, au front avec l’identification de la chaîne de contamination. À partir d’un patient infecté par le Covid, il s’agit bien de remonter et prévenir toutes les personnes avec lesquelles il aurait été en contact. C’est à la fois une course contre la montre et un minutieux travail d’enquête.

Le dispositif, baptisé "Contact tracing", a été mis en place dans tous les départements, l’Aveyron n’y fait donc pas exception avec une brigade dédiée de 24 conseillers, qui se relaient de 8 heures à 19 heures, sept jours sur sept. Le reste du temps, ils occupent les fonctions qui sont normalement les leurs au sein de la Caisse primaire qui centralise l’opération.

Intense formation

" Toutes et tous ont été recrutés au sein de la Caisse sur la base du volontariat, et ont suivi une intense formation avec plusieurs jours d’entraînement autour de multiples exemples de cas ", précise Chantal Hurtes, référente départementale "Contact tracing", qui occupe en temps normal la fonction de responsable du Pôle professionnel de santé au sein de la CPAM de l’Aveyron.

Et elle assure que la création de cette brigade, opérationnelle dès le 11 mai, n’a pas eu de mal à se constituer, "même avec des agents qui ne sont pas, dans leur fonction habituelle, en contact avec le public". Car il faut instaurer une relation de confiance avec les patients, pour "leur faire comprendre qu’ils ont un rôle à jouer" dans l’intérêt de tous. "Ils sont en général plutôt coopératifs, ont peur de voir un proche infecté à son tour et donnent plus de noms que nécessaire, parfois, pour n’oublier personne", assurent Émilie et Patricia, deux conseillères du "Contact tracing" aveyronnais. Et de rappeler qu’un véritable contact, qui impose un confinement obligatoire de 14 jours, est établi entre deux personnes, si elles demeurent à moins d’un mètre l’une de l’autre durant quinze minutes…

Mise en confiance

Quoi qu’il en soit, rien n’est laissé au hasard et personne au bord du chemin, tant le fonctionnement de ce dispositif est précis (lire en encadré). "On reçoit par fiche du médecin ou du centre hospitalier le nom et les coordonnées d’un patient qui déclare le coronavirus. Et on appelle la personne", raconte Émilie en prenant un exemple vécu avec une patiente : "Mon premier appel reste sans réponse, je laisse un message en me présentant et en indiquant pourquoi je souhaite échanger avec cette personne et en rappelant les règles à respecter. Dans la même journée, j’aurais appelé trois fois sans résultat…" Le lendemain, Patricia prend le relais et réussit à joindre la patiente. "La mise en confiance est essentielle pour qu’elle me donne les noms, prénoms et numéros de téléphone, si elle les connaît, de tous les gens avec lesquels elle a vraiment été en contact", explique Patricia. Si le numéro de téléphone du contact fait défaut, il faudra aller le chercher…

Ces "patients contacts" qui ont donc été en relation, aussi courte soit-elle avec le "patient zéro", se voient rappeler les mesures d’isolement, l’invitation à faire dans les sept jours un test en laboratoire. Ce dernier vérifie dans l’outil informatique que cette personne est bien envoyée par l’Assurance maladie. Idem pour le pharmacien qui lui délivrera, de son côté, des masques gratuits.

Tout est sécurisé et soumis au secret médical. Il en va de même du suivi des patients à qui l’on communique le numéro d’une plateforme dédiée. "Et depuis quinze jours nos conseillers répondent directement aux patients anxieux et angoissés qui se posent des questions, reprend Chantal Hurtes. On ne laisse pas ces personnes dans la nature sans conseils, sans les rassurer".

Une mission valorisante

Au final, la CPAM gagne dans ce dispositif, résolument humain, une image qui la valorise. "C’est un nouveau challenge pour l’Assurance maladie. On est utile à société", plaide Patricia. "On a le souci d’être à l’écoute, de rassurer les gens… C’est intéressant de participer à une telle mission", ajoute Émilie.

Pour Chantal Hurtes, il faut aussi voir dans ce dispositif, "un important travail partenarial avec les cinq centres hospitaliers, le Conseil de l’Ordre des médecins, l’ARS, la préfecture… On se voit une fois par semaine. Cela nous a ouvert d’autres champs et nous partageons un but commun : être présents, utiles, hyper réactifs…"

Le traçage de la chaîne de contamination obéit à un processus précis dans lequel interviennent les médecins (généralistes et centres hospitaliers), l’Assurance maladie et l’ARS.

Le chiffre : 14

C’est le nombre de patients infectés par le coronavirus en Aveyron depuis le 11 mai. Dans le détail on retiendra que trois d’entre eux, domiciliés en Aveyron, ont été dépistés dans un autre département. Tous ont donné lieu à une activation du "Contact tracing" de la CPAM de l’Aveyron qui se félicite, au nom de la santé publique, du faible nombre de patients en un mois.

 

Fonctionnement : un dispositif en trois étapes

Les médecins, en premier lieu, reçoivent dans leurs cabinets des patients qui présentent les symptômes du coronavirus. Les tests sont mis en œuvre et le praticien reçoit le résultat des analyses. Si le patient est positif au virus, il le questionne sur sa relation avec son entourage, collecte les premières coordonnées, celles de la proche cellule familiale. Celles-ci seront enregistrées sur Amélie Pro, un module spécifique et sécurisé.

Ces premières coordonnées de cas contacts probables remontent donc à la CPAM qui appellera chaque personne concernée pour lui indiquer toutes les démarches. Et remontera également, petit à petit, la chaîne de contamination en élargissant le nombre de personnes ayant été en contact les unes avec les autres.

Le suivi des patients est primordial. L’Agence régionale de santé, prend le relais en troisième lieu pour assurer celui-ci. Et recontacter les patients pour garantir la bonne évolution de leur situation. Ce troisième niveau géré par l’ARS concerne surtout les "clusters", regroupement de cas de contamination.

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