Conques-en-Rouergue. Enlumineur médiéval à Conques, Valérie Duclos a répondu à l’Appel du chemin

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  • Valérie se fera un plaisir de vous expliquer ce savoir-faire millénaire.Photos JB
    Valérie se fera un plaisir de vous expliquer ce savoir-faire millénaire.Photos JB Centre Presse - Joel Born
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Centre Presse

Valérie Duclos a installé son atelier d’enluminure à Conques. Un métier d’art rare et beau.

D’un geste lent et précis, Valérie trace, au pinceau, des lettres d’or sur un morceau de parchemin. Message d’amour d’un pèlerin à sa pèlerine… Après une longue période d’hibernation printanière forcée, la petite boutique atelier de la rue du Chanoine Benazech s’éveille tout doucement à sa nouvelle vie conquoise. Enlumineur médiéval, diplômée d’État, Valérie Duclos y fait valoir tout son savoir-faire. Un métier d’art et une formidable technique, issue du Moyen Âge, lorsque les moines enluminaient les manuscrits rédigés par les moines copistes.

Ancienne cadre de l’industrie pharmaceutique

Bienvenue en Aveyron. Valérie a posé ses bagages à Conques, en mars, dernier, le week-end précédant le confinement. Aujourd’hui, elle en sourit. " Finalement, ça m’a permis de découvrir le village et ses habitants autrement, de créer un lien social. " Voilà donc cette Parisienne d’origine définitivement Conquoise, puisqu’elle a décidé d’y installer son activité et d’y faire sa nouvelle vie. Après des études à Nantes, elle a travaillé pendant 25 ans, comme cadre supérieur, dans l’industrie pharmaceutique. "En 2014, j’ai ressenti comme un appel pour faire le pèlerinage jusqu’à Saint-Jacques, explique-t-elle. J’ai toujours aimé la randonnée, mais là c’était quelque chose de très fort. Un appel intérieur de plus en plus fort." Valérie avait une situation confortable, gagnait bien sa vie, mais en même temps, elle ne " se sentait plus vraiment à sa place, je n’étais plus en accord avec mes valeurs personnelles ". 2015 fut le début de la rupture. " Je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire, mais j’ai pris du temps pour faire de la paix intérieure et c’est à ce moment-là que j’ai entendu enluminure dorée…" Une porte venait de s’ouvrir. Après quelques recherches sur internet, elle découvre, heureux hasard, que le seul Institut d’enluminure en Europe se trouve à quelques dizaines kilomètres de chez elle, à Angers. "C’était en quelque sorte, un double appel…", image-t-elle. Tout devait alors rapidement s’enchaîner. Après une rupture définitive avec son entreprise en février 2016, sa candidature à l’Institut d’Angers était acceptée en mars pour une rentrée en septembre et, au mois de mai, elle enfilait ses chaussures de randonnée pour entreprendre son périple sur les chemins, de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Jacques-de-Compostelle. 800 km en 34 jours. Ce qui lui fait dire. "Le chemin fait le pèlerin. En pèlerinant, j’ai compris que mon savoir-faire, j’allais le mettre au service du chemin. J’ai eu l’impression qu’on m’avait tendu un fil que j’avais saisi."

Trois ans de formation

L’enluminure, c’est une évidence, ne s’improvise pas du jour au lendemain. Sa formation a duré trois ans, de 2016 à 2019, dont deux années entières consacrées à la réalisation d’un manuscrit sur Saint-Jacques, une magnifique création respectant les codes des manuscrits de la fin du XIIe siècle. " C’est le reflet de mon âme ", glisse Valérie, qui a fait sienne, l’adage latin festina lente : hâte-toi lentement. " C’est une formation très complète, exigeante, qui demande de s’y consacrer pleinement, au cours de laquelle j’ai appris le dessin médiéval. " Concentration, finesse et lenteur du geste… Le travail de l’enlumineur (on en compte une soixantaine seulement en France) est, au dire de Valérie, un "travail très méditatif".

Feuille d’or et pigments

Le parchemin, en peau de chèvre, d’agneau ou de veau, est préalablement poncé avec du ponce soie et de la poudre d’os de seiche. Valérie calque son dessin et, avec un pinceau ultrafin, repasse à l’encre de chine ou à l’extrait de Cassel les traits de graphite, le dessin étant toujours cerné dans le style roman. Le dessin est doré à la feuille d’or et coloré avec des pigments d’origine végétale, minérale ou de synthèse, préalablement préparés avec une détrempe médiévale, faite de blanc d’œuf, de miel et de gomme arabique. Pour terminer, Valérie renforce le trait de cernage. L’enluminure représente beaucoup de travail (environ 30 heures pour un petit format de 10 cm sur 16) et reste fragile. Aussi faut-elle la protéger. " Ce que j’aime dans ce que je fais est de pouvoir être dans la trace de ces artisans d’art, ça te porte. J’aime transmettre ce savoir-faire millénaire. J’ai trouvé du sens parce que je transmets du beau." Et de compléter : "Le chemin m’a appris le lâcher-prise, que le bonheur est à travers le être."

 

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