#Ensemble - "Des centres-villes encore plus attractifs". Un exemple d'action en Aveyron

  • Employée de l’intercommunalité, Mylène Norotte est manager du centre-ville de Villefranche-de-Rouergue depuis 2016. Employée de l’intercommunalité, Mylène Norotte est manager du centre-ville de Villefranche-de-Rouergue depuis 2016.
    Employée de l’intercommunalité, Mylène Norotte est manager du centre-ville de Villefranche-de-Rouergue depuis 2016. Delphine Trébosc - Reproduction Centre Presse
Publié le , mis à jour
Guillaume Verdu

INTERVIEW. Manager de centre-ville à Villefranche-de-Rouergue en Aveyron, Mylène Norotte accompagne les commerçants de proximité durant cette période difficile.

Quel rôle peut jouer un manager de centre-ville dans le contexte de crise actuel ?

La situation actuelle ne change pas fondamentalement notre rôle. Au contraire, elle le renforce. Dans notre métier, nous devons être un facilitateur, pour permettre à un territoire de conserver le dynamisme de ses centres-villes ou centre-bourgs. Nous sommes là pour faire du liant auprès de nos commerçants et artisans.

Quel soutien pouvez-vous leur apporter ?

En ce moment, l’important est de leur donner des informations sur les aides existantes. Il y en a beaucoup, c’est un peu compliqué de se retrouver dans cette jungle. Charge à moi d’aller chercher les infos de premier niveau, d’orienter vers les bonnes personnes et d’aider à monter les dossiers. Je suis un peu le numéro vert des commerçants de proximité ! Durant le confinement, je leur ai aussi apporté des tuyaux pour aider à maintenir un minimum d’activité. Cela passait par le fait d’aider ceux qui ne s’étaient toujours pas lancés sur Facebook à créer une page, de donner des conseils à ceux qui voulaient faire un drive piéton, etc.

Les professionnels ont-ils des inquiétudes dont ils vous font part ?

Une inquiétude revient souvent : "Va-t-on tenir le coup ?" Le choc a été extrêmement brutal, ici comme partout en France. On voit que le commerce en ligne en a profité, alors que c’était déjà un important pôle d’évasion avant la crise. Chaque cas est différent, mais la question de savoir si on va tenir est celle qui revient le plus. Au moment du déconfinement, toutes les enseignes du centre-ville ont rouvert, sauf deux, qui étaient déjà mal en point avant et auraient peut-être fermé quoi qu’il arrive. Mais il pourrait y avoir d’autres fermetures en septembre, et encore en fin d’année. Actuellement, la question est de savoir si la saison estivale va être bonne, afin de renflouer la trésorerie. Et nous ne savons pas si nous sommes à l’abri d’une seconde vague… Personne ne sait comme se profile l’avenir.

Les commerçants ne peuvent plus passer à côté de la digitalisation

Comme se porte le commerce de proximité à Villefranche- de-Rouergue depuis le déconfinement ?

Plutôt bien, les clients sont au rendez-vous. On ne va pas dire que les gens se précipitent dans les magasins, mais il y a de bons retours, ce qui donne le moral ! En revanche, il y a une extrême réserve pour la suite.

Quels sont les commerces qui s’en tirent le mieux ?

Certains arrivent à tirer leur épingle du jeu, grâce aux ventes en ligne et au développement de circuits courts.

Les grandes surfaces n’ont pas fermé durant le confinement. Est-ce que leur concurrence est encore plus difficile pour les commerces de centre-ville ?

Cette concurrence existait déjà. Néanmoins, nous avons un indicateur positif depuis le début du confinement. À Villefranche, nous avons créé des chèques cadeaux utilisables uniquement auprès des commerçants de centre-ville, afin d’inciter les gens à être des "consom’acteurs". Depuis le 11 mai, ces chèques sont très utilisés.

Cette crise peut-elle être une opportunité pour le commerce de proximité de se réinventer ?

C’est une possibilité. Il en a été question lors des assises nationales du centre-ville (qui se sont tenues du 8 au 12 juin, NDLR). On voit que les commerces qui ont des réticences avec la digitalisation ne peuvent plus passer à côté. Nous essayons de les sensibiliser à cela depuis plusieurs années, de leur dire qu’il faut une présence numérique en plus de celle physique. En novembre, nous organisons avec la CCI une formation pour apprendre à faire une page Facebook, un site web, de la vente en ligne, etc. Il y a 85 % des achats qui se préparent sur internet. Même des clients qui savent qu’ils vont acheter dans un magasin vont d’abord regarder en ligne les horaires, les nouveaux produits disponibles, etc.

Depuis le début de la crise, le monde de l’après-Covid est souvent évoqué. À quoi devront ressembler les centres-villes de demain ?

Il faudra qu’ils soient encore plus attractifs pour que des commerces nouveaux s’installent et que les actuels s’y maintiennent. Les commerçants doivent tirer les enseignements, en intégrant plus de vente en ligne, avec de nouvelles boutiques sous forme de dépôts, pour retirer les achats effectués sur le web. Il faut aussi favoriser la mixité d’offres de consommation, entre physique et en ligne, entre indépendants et franchisés.

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