#Ensemble - Pour Didier Chabrier, un "retour à la normale en 2022" dans l'automobile

  • Didier Chabrier se projette vers l'avenir.
    Didier Chabrier se projette vers l'avenir. Midi Libre - MICHAEL ESDOURRUBAILH
Publié le
Arnaud Hingray

INTERVIEW. Didier Chabrier, le patron du groupe automobile Tressol-Chabrier, 61 ans, évoque les conséquences de la crise sanitaire et les perspectives d’avenir.

Le plan de relance de l’état concernant le secteur de l’automobile vous satisfait-il ?

Nous faisons partie des trois branches les plus impactées par la crise avec l’aéronautique et le tourisme. Alors oui, ce plan de relance était nécessaire avec des primes bonus écologiques prolongées jusqu’au 31 décembre et la réactivation du bonus de conversion. Le PGE (Prêt garanti par l’État) et le chômage partiel ont été d’un grand soutien. Au plus fort de la crise, notre groupe avait quasiment 100 % de ses 1 500 employés au chômage partiel. La France a été le pays d’Europe le mieux traité. Maintenant, il faut espérer une reprise, car, aujourd’hui, les stocks de véhicules immobilisés chez les concessionnaires représentent au bas mot 10 milliards d’euros.

Quelle est la recette pour déstocker ? Les promotions ?

Mais, il faut rétablir la vérité. Ce sont les constructeurs qui fixent les prix de vente des voitures. Notre marge est infime, au mieux 10 %. Et comme, nous, concessionnaires, nous proposons des réductions toute l’année… Nous ne pouvons pas faire davantage. À un moment donné, faire plus que plus, ce n’est pas jouable. Ce qui est sûr, c’est que depuis mars, un groupe comme Tressol-Chabrier a perdu 20 % d’activité de son année. Comme nous vendons 55 000 véhicules (50 % d’occasions et 50 % neuves) par an, au bas mot, nous avons manqué 10 000 ventes durant ces deux mois.

Sentez-vous un attrait supérieur pour les électriques ?

À notre échelle, ce type de véhicule, c’est 5 % de nos ventes. Il n’est pas à la portée de toutes les bourses. Prenez l’exemple d’une Corsa d’entrée de gamme à 35 000 euros. Si vous cumulez prime éco et conversion, vous pouvez obtenir 12 000 euros de déduction. Le véhicule revient encore à 23 000 euros. C’est assez cher encore. Et puis, il faut encore développer les équipements nécessaires comme les bornes rechargeables par exemple.

Nous nous sommes appauvris, c’est certain. Avous-nous les reins assez solides pour y faire face ?

Êtes-vous inquiet pour les marques françaises ?

Pas plus que pour les étrangères. Elles sont toutes en méforme. Mais, globalement Peugeot SA va plutôt pas mal depuis 2014 et sa réduction d’effectif de 80 000 employés, mais c’est vrai que Renault est davantage atteint.

Ce groupe, beaucoup piloté par l’état, ne fera pas l’économie d’une restructuration. Vous savez, la tendance, c’est le regroupement des constructeurs. Fiat va se marier avec PSA pour présenter à l’avenir quelque 14 marques. Grâce à cette fusion, vous imaginez les économies d’échelle. Volkswagen, c’est 12 marques. Il n’y a plus que Toyota qui ne représente qu’une seule marque.

Quel conseil livreriez-vous à un acheteur potentiel ? Le faire maintenant ou attendre ?

Le plan de conversion de l’état concerne 200 000 véhicules. Si vous avez une voiture à envoyer à la casse et que vous pouvez bénéficier de 2 000, 3 000 ou 5 000 euros de prime, je vous conseille de venir immédiatement chez un concessionnaire.

Comment se porte le groupe Tressol-Chabrier après cette crise ?

Nous nous sommes appauvris, c’est certain. Avons-nous les reins assez solides pour y faire face ? En tout cas, l’année 2020 sera très compliquée. Nous avons trois types de clientèles : les retraités et eux n’ont pas été impactés par les baisses de revenus, les cadres et les employés qui ont peu perdu et enfin les professions libérales (chef d’entreprise, médecins, dentistes…) qui ont été durement affectées. Ces derniers représentent 30 à 40 % de nos ventes de neuf, car la voiture, c’est leur outil de travail. Bref, je ne vois pas un retour à la normale avant 2022.

Le groupe Tressol-Chabrier très présent en Occitanie

Fondée en 1983 par Christine et Didier Chabrier avec la plaque Citroën, l’entreprise familiale est aujourd’hui un acteur majeur de l’automobile dans le sud de la France. Elle est présente dans près de 25 villes réparties entre l’Occitanie (Aude, Pyrénées-Orientales, Gers, Haute-Garonne, Hérault et bientôt Gard) et Provence-Alpes-Côte d’Azur. L’opérateur représente désormais un portefeuille de 29 marques (voitures et motos confondues) sur une soixantaine de points de vente et dirige un bataillon de 1 500 collaborateurs. 55 000 véhicules sont vendus chaque année, 50 % d’occasion et 50 % de neufs.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?