Sébastien Arsac (L214) : "En quatre ans, rien n’a été fait"

  • Sébastien Arsac, cofondateur et responsable des enquêtes de L214.
    Sébastien Arsac, cofondateur et responsable des enquêtes de L214. JAT
Publié le
Propos recueillis par Guillaume Verdu

Selon Sébastien Arsac, de l’association L214, un rapport de 2016 pointait déjà les dysfonctionnements de l’abattoir.

Que souhaitait dénoncer l’association L214 avec sa dernière vidéo ?

On a voulu montrer que les brebis, pour produire du lait qui servira à préparer le roquefort, doivent faire naître des agneaux, dont le nombre est estimé à un million par an. Ces agneaux, pour une grande partie, vont partir dans des élevages intensifs, où ils vont vivre dans une grande promiscuité et à l’âge de 4 mois, ils partent à l’abattoir. Pour produire du roquefort, il faut faire naître des agneaux, qui ont une vie pitoyable et se termine dans par une mort dans une grande violence.

Le ministre de l’Agriculture a demandé la suspension de l’abattoir. Comment avez-vous accueilli cette décision ?

C’est plutôt une bonne nouvelle, car c’est admettre ce que l’on voit sur ces images : qu’il y a des infractions majeures dans cet abattoir. Cependant, un rapport vétérinaire de 2016 faisait le constat d’infractions qui sont les mêmes que celles qu’on a pu filmer début 2020. Il y a des manquements de l’abattoir mais aussi des services de contrôles.

On se demande quelles conclusions peut tirer le ministère de l’Agriculture, alors que rien n’a été fait en quatre ans.

Votre vidéo dénonce la filière roquefort, mais au final, n’est-ce pas plutôt la filière ovin viande que vous pointez du doigt ?

On peut penser que quand on mange du fromage ou des produits laitiers, c’est quelque chose d’anodin, il suffit de traire les brebis et elles peuvent vivre leur vie tranquillement dans les pâturages. Seulement, cela ne se passe pas comme cela. Il faut faire naître des agneaux pour provoquer la lactation. Donc la filière viande est indissociable de la filière lait. C’est pour cela qu’on demande à la filière roquefort de prendre ses responsabilités et qu’il faut se soucier aussi du sort des agneaux dans le cahier des charges de l’appellation.

Les images chocs sont-elles le meilleur moyen de dénoncer ?

Si on ne montre pas ces images, rien ne se passe et il y aurait demain encore des agneaux tués dans les mêmes conditions à Arcadie Sud-Ouest.

Il y a un défaut de contrôle des services de l’État et l’exposition publique fait qu’il y a une réaction du ministère de l’Agriculture.

Vos détracteurs vous reprochent des intrusions illégales dans les fermes et de vouloir mettre fin à l’élevage. Qu’avez-vous à leur répondre ?

Nous sommes sollicités par beaucoup de lanceurs d’alertes, de gens qui travaillent dans la filière et c’est grâce à eux que nous pouvons faire nos enquêtes. Car il ne faut pas se leurrer, beaucoup d’éleveurs et de travailleurs de l’agroalimentaire sont dans un mal-être, aujourd’hui. Imaginez à Arcadie Sud-Ouest : il y a deux employés chargés d’étourdir les agneaux, de les saigner et de les accrocher, alors qu’il y a un agneau qui arrive toutes les 10 secondes…

On peut réagir sur la réglementation des abattoirs mais on essaye aussi de poser une question plus profonde : est-ce que considérer les animaux comme de la matière première à notre disposition est quelque chose de juste ? C’est une question philosophique que l’on pose, à chacun d’y répondre en son âme et conscience.

Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?