Villefranche-de-Rouergue. Le scandale des masques décommandés

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  • Masques décommandés ou masques jetés au sol et piétinés.
    Masques décommandés ou masques jetés au sol et piétinés.
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GDM

Sa petite entreprise a fabriqué en urgence des stocks de masques qui lui restent maintenant sur les bras.

Il y a deux mois, Sophie Cépière, à la tête de l’entreprise de confection éponyme sur Maleville, tentait de sauver son entreprise, en prenant le virage de la fabrication des masques. C’était alors le pic de l’épidémie de Covid-19, on manquait de masques partout, tout le monde en réclamait, les entreprises, les collectivités et les particuliers. Le masque était la protection miracle et le miracle espéré pour toutes les TPE comme la sienne.

Patatras

Alors Sophie Cépière s’est démenée pour obtenir tissus, élastiques et normes Afnor. Elle a engagé seize salariées pour faire face à un afflux de commandes en quantités impressionnantes. "Il fallait réaliser des masques en un temps record, à un rythme intensif". Mais que ne ferait-on pas pour la bonne cause ? "On sentait une solidarité entre professionnels, collectivités, particuliers". Et patatras… Tout s’est écroulé ! "ça s’est arrêté aussi vite que cela avait commencé".

Maintenant cette chef d’entreprise est confrontée à une cascade d’annulations de commandes de masques. "Les gens qui ont versé un acompte de 30 % viennent uniquement chercher la quantité qui correspond à la somme qu’ils ont déjà versée". Le reste lui reste sur les bras. Aussi se trouve-t-elle à la tête d’un gros stock de tissus et de masques qui ne diminue pas. Elle lance donc un appel aux entreprises, aux localités, aux particuliers qui seraient intéressés…

"Initialement on avait des commandes jusqu’à fin juillet mais là je vais être obligé de licencier à la fin de ce mois. Je ne peux pas me permettre de garder le personnel. C’est vraiment regrettable de la manière dont ça se termine".

Jetés par terre

Ce qui la révolte le plus c’est "l’importation de masques jetables, incompréhensible, alors que les petites entreprises françaises ont tout donné. Même la Région a fait venir des masques de je ne sais où…". Et puis, Sophie Cépière ne supporte pas non plus de voir tous ces masques jetés par terre, qui jonchent le sol, piétinés par l’indifférence la plus totale. "On voit les gens qui ne prennent plus de précautions alors que nous, on s’est épuisé quinze heures par jour à les fabriquer. Les gens oublient vite alors que j’espérais que leur comportement aurait évolué. Ça prendra plus de temps que je pensais".

Mais ceux qui se débarrassent aussi vite du masque devraient apercevoir les clignotants rouges qui s’allument un peu partout.

L’épidémie est loin d’être maîtrisée et terminée.

Certains de nos voisins Européens pratiquent à nouveau le confinement même s’il est très localisé, de nouvelles restrictions sont à l’ordre du jour et les clusters sont de plus en plus nombreux. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs adressé une mise en garde à l’Europe car, après la chute de nombre de personnes infectées, on observe une courbe ascendante inquiétante. Alors même si l’on met ses masques de côté, mieux vaut les stocker !

Espoir

Le point positif c’est que "ça m’a permis de connaître des entreprises locales et davantage de monde sur Villefranche. J’avais constitué une équipe compétente, prête à redémarrer".

L’avantage aussi c’est que "ça m’a aidé à passer le cap difficile du confinement avec la cessation de mon activité mais ça aurait pu m’aider un peu plus", regrette-t-elle. Sophie Cépière renoue donc en ce début juillet avec sa vocation première de confection mais avec tout de même une pointe d’amertume même si elle se projette avec espoir dans le futur.

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