Avec ces élections municipales, l’Aveyron a pris de nouvelles couleurs

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  • Emmanuelle Gazel, maire de Millau
    Emmanuelle Gazel, maire de Millau Reproduction Centre Presse
  • Jean-Sébastien Orcibal, maire de Villefranche-de-Rouergue
    Jean-Sébastien Orcibal, maire de Villefranche-de-Rouergue Reproduction Centre Presse
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    Sébastien David Reproduction Centre Presse
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Philippe Routhe

Retour sur ces municipales (enfin) closes depuis dimanche soir, à l’issue desquelles une partie du visage « politique » du département a quelque peu changé.

Les temps changent… Il y a vingt ans, Rodez avec Censi, Millau avec Godfrain, et Villefranche-de-Rouergue avec Roques portaient le département à droite. Aujourd’hui, dans la préfecture et les deux sous-préfectures du département, on est tourné de l’autre côté. Teyssèdre vient d’être réélu sur le piton, Gazel a pris la cité du gant et Orcibal a conquis la perle du Rouergue. Et dans le même temps, des villes comme Saint-Affrique, siège du PNR de l’emblématique Larzac ou Decazeville, capitale du bassin minier et ouvrier, auxquelles on confère un état d’esprit de gauche, sont gérées par des équipes de droite.
Reste que si dans les villes, la politisation du débat attire les projecteurs, il n’en demeure pas moins que dans la majorité des 285 communes du département, c’est une forme de continuité qui s’est traduite dans les urnes. Espalion, Decazeville, Onet-le-Château, pour ne citer que les plus importantes en témoignent.
Stéphane Mazars, député en Marche, Bertrand Cavalerie, chef de file du PS aveyronnais, et Arnaud Viala, meneur de Les Républicains en Aveyron, nous livrent leur sentiment sur ce visage politique aveyronnais…

Mazars : « le travail de Teyssèdre »

Ainsi, Stéphane Mazars salue la victoire de Christian Teyssèdre à Rodez « acquise grâce au travail accompli ». Et plus que de se pencher sur les changements de couleurs en Aveyron, il est interpellé par ce vert qui gagne les métropoles. « Un mouvement qu’il faut accompagner, car une politique voulue par les métropoles et subie par les territoires ruraux peut engendrer des situations difficiles… Il faut du temps. Mais bien sûr qu’il faut changer des choses ».

Cavalerie : « l’exemple Gazel »

De son côté, le chef de file du PS en Aveyron brandit en exemple la victoire de la millavoise Emmanuelle Gazel. « Du travail, un mouchoir sur son ego, le rassemblement de la gauche peut mener à la victoire. Inutile de cacher son étiquette, car de toute manière, elle finit par gratter », souffle-t-il. Il ne souhaite pas en revanche commenter la victoire de Christian Teyssèdre à Rodez, pas plus que celle de Jean-Sébastien Orcibal à Villefranche-de-Rouergue. Deux équipes municipales au sein desquelles se trouvent pourtant des socialistes. Mais il y a des marcheurs aussi et ces équipes-là ont fait campagne en « cachant » leur étiquette. Ainsi Bertrand Cavalerie préfère saluer Alain Fauconnier, battu à Saint-Affrique « mais debout, avec le drapeau bien planté à ses pieds » ou encore Stéphane Bérard, à Capdenac-Gare, seul en lice certes, mais bel et bien avec son étiquette PS. Tout en mettant en exergue un fait saillant selon lui : « Jamais un président de la République n’a connu un tel échec aux municipales, c’est véritable avertissement pour le pouvoir ».

Viala : fier de David

Quant à la droite, si on l’entend peu entre la vague verte et la débâcle macronienne lors de ces municipales, faut-il rappeler que LR reste un des partis de France les plus important en nombre d’élus locaux. En Aveyron, c’est Sébastien David, qui fait de Saint-Affrique un nouveau bastion de la droite. « J’en suis vraiment ravi parce que je connais l’implication et la détermination de son équipe autour du projet présenté aux Saint-Affricains ». Le député LR reconnaît néanmoins avoir passé une soirée un peu particulière ce dimanche. S’il n’a pas été surpris de la victoire d’Edmond Gros à Sévérac d’Aveyron, il l’a observée avec un brin d’amertume après le retrait de Camille Galibert qu’il soutenait. La défaite de Christophe Saint-Pierre à Millau l’a « attristé ». Et le mauvais score à Rodez montre qu’il reste un « travail considérable » à réaliser.

Les sénatoriales en point de mire

Pour autant le chef de file de la droite en Aveyron ne relève pas de « bouleversement des équilibres » à l’issue de ce scrutin. De quoi rassurer en vue du prochain, à savoir, celui des sénatoriales, prévu le 27 septembre. À l’issue duquel, le visage du département pourrait se trouver encore changé. Alain Marc a dégainé sa candidature à sa propre succession dès hier matin, soit quelques heures à peine après la clôture des municipales. Tandis que Jean-Claude Luche, l’autre sénateur de l’Aveyron, a déjà fait savoir qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat (lire par ailleurs). Stéphane Mazars à qui l’on prête des ambitions répond avec humour qu’il y pense « en se coiffant ».

Arnaud Viala dit qu’il n’a pas de candidat chez les LR. Pas plus que Bertrand Cavalerie au Parti socialiste, mais qui souhaite tout mettre en œuvre pour « arriver à proposer des candidats qui rassemblent la gauche, avec les socialistes, les écologistes et les communistes ». Alors les supputations vont bon train pour cette élection réservée aux « grands électeurs » Parmi lesquels figurent des délégués des conseils municipaux qui représentent 95 % des quelque 162 000 grands électeurs…

Cinq questions à Jean-Claude Luche

Retour sur ces élections municipales avec l’ancien président du conseil départemental, sénateur pour quelques semaines encore, Jean-Claude Luche, qui ne briguera pas de nouveaux mandats.

Quel est votre sentiment sur le nouveau visage municipal de l’Aveyron ?

Globalement, dans nombre de communes, cela continue à l’identique ou presque. Villefranche, Millau, ou Saint-Affrique marquent les esprits, mais nombre de villes ou villages nous sommes plus dans la continuité. Ces trois ou quatre changements ne doivent pas occulter la reconduction des conseils municipaux en place.

Il y a quand même un changement important dans la ville de Millau.

Oui et je suis un peu déçu car Christophe Saint-Pierre a un bon bilan à mon sens. Il a donné une nouvelle image à cette ville. À Villefranche-de-Rouergue, il y a sans doute une part d’usure de la présence de Serge Roques, qui a pourtant beaucoup fait.  Mais je suis content de la victoire sans appel de Sébastien David à Saint-Affrique. Une des leçons à retenir, c’est qu’il faut savoir s’arrêter à un moment donné…

Ce que vous vous apprêtez à faire en renonçant à un nouveau mandat de sénateur.

Oui, j’ai d’ailleurs fait part de cette décision avant les municipales pour ne pas entendre « Luche a eu peur de ne pas passer avec ces changements » ou je ne sais quoi…

Et qui aimeriez vous voir vous remplacer ?

Bonne question. Aujourd’hui, seul Alain Marc a fait part de sa candidature. Je préfère attendre de voir.

Un mot sur la « vague verte » dans les métropoles…

Au regard de la faible mobilisation pour ces élections, je dirai que nombre de ces villes ont été gagnées par défaut. C’est un vote militant qui a su plus mobiliser. Il y a eu beaucoup de débats citoyen, or, il n’y a pas mieux que les élections municipales pour s’exprimer. Et l’on est là face à une sorte de paradoxe français avec une faible mobilisation.
 

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