Des signaux positifs pour la récolte 2020, mais les apiculteurs restent prudents

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  • Jérôme de Lescure et Alain Teissier, les présidents du syndicat apicole l’Abeille de l’Aveyron.
    Jérôme de Lescure et Alain Teissier, les présidents du syndicat apicole l’Abeille de l’Aveyron. GV
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Guillaume Verdu

Les pluies du printemps ont freiné le bon démarrage de la saison.

Alors que l’année 2020 s’annonce bonne dans plusieurs régions de France pour les apiculteurs, les responsables de l’Abeille de l’Aveyron, un syndicat qui regroupe 550 adhérents, restent mitigés. " Je m’attends à une année moyenne dans le département. Cela dépendra des secteurs ", estime le coprésident Alain Teissier, apiculteur du côté de Conques. Son scepticisme s’explique par le fait que la météo est le principal facteur de la réussite d’une récolte de miel. " Dans un département aussi varié que l’Aveyron, une même année peut être bonne sur le Larzac mais pas du côté de Villefranche-de-Rouergue ou de la vallée du Lot ", ajoute-t-il.

"Après un très bon démarrage, tout s’est écroulé d’un coup"

Malgré les inconnues liées au temps, une certitude existe déjà autour de la saison 2020 : sa précocité. "Nous avons eu un hiver doux qui a occasionné peu de pertes. Dès le mois de mars, il y a eu des floraisons précoces. Cela nous a permis d’avoir de bonnes récoltes de printemps", précise Jérôme de Lescure, l’autre coprésident de l’Abeille de l’Aveyron et dont les ruches sont basées à Lavernhe. Seulement, les conditions préférées des abeilles, à savoir de la luminosité et de bonnes températures sans forte chaleur, n’ont pas duré bien longtemps. Les pluies abondantes de ce printemps, en mai et juin, ont en effet incité les butineuses à rester au sec dans leur ruche, plutôt que d’aller collecter du pollen. "Après un très bon démarrage, tout s’est écroulé d’un coup, déplore Alain Teissier. Nous allons avoir des manques, surtout au niveau de l’acacia."

Mais pas de quoi avoir le bourdon non plus, car la récolte 2020 devrait être globalement meilleure que l’an dernier dans le département. "En 2019, cela avait été catastrophique, regrette Jérôme de Lescure. Nous étions passés directement d’un printemps pluvieux et froid à un été caniculaire." Certains apiculteurs du département n’avaient d’ailleurs pas pu récolter le moindre gramme de miel.

"Il suffit de trois jours de canicule…"

Par ailleurs, la météo depuis la deuxième quinzaine de juin pousse à l’optimisme. "Si le temps que nous avons ces derniers jours se maintient, ce sera parfait pour nous", apprécie Edmond Vaysse, vice-président du syndicat d’apiculteurs aveyronnais. Les abeilles peuvent profiter du temps actuel pour visiter les châtaigniers actuellement en fleur. "Cependant, il suffit de trois jours de canicule ou d’un fort vent du midi pour qu’il n’y ait plus de fleur", tempère celui qui officie près de Réquista. "On ne crie pas encore victoire", poursuit Jérôme de Lescure. C’est à la fin de la saison que l’on compte les pots de miel…

Les ruchers écoles connaissent de plus en plus de succès

Depuis plusieurs années, le syndicat d’apiculteurs l’Abeille de l’Aveyron organise des formations dans ses ruchers écoles. Deux sites de ce type existent dans le département : un à Olemps, au hameau de Toizac, un à Millau. Ils comportent à eux deux une quarantaine de ruches et des membres du syndicat viennent y donner des cours, pour les personnes qui souhaitent se lancer dans l’apiculture, comme professionnels ou amateurs.

"La formation à notre métier est indispensable, lance Jérôme de Lescure, l’un des deux présidents de l’Abeille de l’Aveyron. Posséder une ruche, c’est comme avoir des animaux d’élevage : il faut savoir comment nourrir les abeilles, comment prendre soin d’elles. Il ne faut pas croire que parce qu’on a trois pommiers au fond du jardin, une colonie pourra vivre toute l’année là-dessus."

Formation théorique et pratique

Les ruchers écoles permettent ainsi d’apprendre tout le savoir nécessaire avant de se lancer. Au programme, des cours théoriques, allant de la présentation du matériel de base au nettoyage de la ruche, en passant par les maladies et ennemis des abeilles, ainsi que des cours pratiques, où l’on peut apprendre la pose de hausses, la mise en hivernage, la récolte du miel, etc.

L’adhésion au syndicat est obligatoire pour suivre ces formations, de plus en plus prisées. "Nous avons entre 80 et 90 personnes qui fréquentent nos écoles, précise Alain Teissier, coprésident du syndicat. Pour la plupart, il s’agit d’amateurs ou de pluriactifs." À savoir des agriculteurs déjà installés dans un autre domaine, qui choisissent l’apiculture comme activité complémentaire. "Ceux qui ne veulent vivre que de cela vont généralement dans des écoles d’apiculture et suivent des formations sur plusieurs années, auprès de professionnels déjà installés", complète-t-il.

Toujours est-il que la fréquentation des ruchers écoles révèle un intérêt croissant pour l’apiculture. "L’activité a une bonne image", note Jérôme de Lescure. À l’heure de la disparition des populations d’insecte, l’élevage des abeilles vient en effet séduire des personnes sensibilisées à la défense de l’environnement.

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