Villefranche-de-Rouergue : chômage partiel et "plan senior" chez Blanc Aéro

Prise de température, désinfection des mains avec du gel, port du masque obligatoire : le protocole sanitaire lié à la Covid-19 est strictement appliqué à l’entrée de Blanc Aéro Industries à la Glèbe. Tout visiteur doit s’y plier. "Un dispositif exemplaire", a apprécié hier la préfète, Catherine Sarlandie de la Robertie, accueillie dans l’entreprise avec la sous-préfète Pascale Rodrigo. Si bien qu’il a été pris en exemple et diffusé pour application dans d’autres entreprises.

Exemplaire aussi, aux yeux de ses dirigeants et de la préfète, l’entreprise industrielle. "Blanc Aéro est un des fleurons de l’Aveyron. Une entreprise patrimoniale solide. Une entreprise d’excellence", loue la représentante de l’État.

Mais une entreprise qui aujourd’hui souffre de la crise économique que génère la Covid. Spécialisée dans les fixations aéronautiques (pièces ultrasensibles pour les hélicoptères et pièces pour les moteurs d’avion), elle est touchée de plein fouet par la mise à l’arrêt du trafic aérien. Un trou d’air profond et qui s’annonce de longue durée.

"Nous aurons sur 2020, une baisse d’activité qui pourrait aller jusqu’à 40 %", constate Johan Fabre, directeur du site de Villefranche. "Jusqu’en fin 2021, nous aurons un retrait d’activités d’au moins 30 %", confirme Emmanuel Neildez, directeur général de Lisi Aerospace, groupe auquel appartient Blanc Aéro Industries.

Et pour lui, le plafond bas ne sera atteint qu’à mi 2 021. "Nous avons de la visibilité à court terme mais pas à moyen terme", explique-t-il. En tout cas, les dirigeants de l’entreprise ne prévoient pas un retour à l’activité de 2019, année historique, avant 2024 ou 2025.

Pour faire face, Blanc Aéro utilise le dispositif de chômage partiel mis en place par le gouvernement (46 M€ jusqu’en juin pour les entreprises et associations du département indique la préfète). "Nous avons besoin de ce dispositif jusqu’à la fin de l’année 2022", insistent les dirigeants de la société. "Sans cela, nous serions obligés de prendre des mesures plus drastiques", ont-ils fait comprendre hier à leur interlocutrice. Celle-ci les a assuré que l’État allait continuer d’apporter son aide sur l’activité partielle.

À ces mesures de chômage partiel, va s’ajouter un "plan senior", actuellement en discussion avec les partenaires sociaux et qui pourrait être signé cette fin de semaine. "Un plan qui permettra d’avancer l’âge des départs en retraite et d’accompagner des mi-temps ou des projets individuels d’installation", explique Johan Fabre.

Le challenge pour les dirigeants de Blanc Aéro Industries est de préserver les compétences de l’entreprise, pour le redémarrage. " Un défi majeur", confirment Emmanuel Neildez et Johan Fabre. "Il est important de ne pas perdre notre savoir-faire." Ce trou d’air va aussi être affronté en modernisant les outils de production et en rationalisant, afin de diminuer les coûts "pour faire face à la concurrence".

Mais la priorité restera donnée à la recherche et au développement. La qualité et l’innovation ont toujours marqué l’histoire de l’entreprise villefranchoise.