Peyrelade (Rodez Aveyron football) : "Repenser notre jeu offensif"

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  • Laurent Peyrelade (en noir),  en train de diriger la première séance d’entraînement de la saison, vendredi dernier.
    Laurent Peyrelade (en noir), en train de diriger la première séance d’entraînement de la saison, vendredi dernier. G.V. -
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Aurélien Parayre

L’entraîneur ruthénois s’est confié cette semaine. Riche en enseignements.
 

Comment s’est passée la reprise en fin de semaine dernière ?

On s’est retrouvé et ça fait du bien. Se reposer, c’était bien, c’était même salutaire. Mais ça commençait à être long. Tout le monde était là (sauf Ouammou et A. Peyrelade, blessés, NDLR). Les mecs sont bien. Pour la plupart, on les a trouvés bien affûtés. Les joueurs étaient impatients, nous aussi.

Comment allez-vous articuler cette préparation beaucoup plus longue que d’habitude ?

Déjà, je trouve ça très bien. C’est génial car c’est très rare de pouvoir changer, de faire des choses différentes. On essaie de penser différemment. Tu sais que tu as du temps, donc tu peux penser les choses à ta façon. Après, est-ce que tu seras prêt ? Est-ce que tu seras bien ? C’est l’inconvénient de cela, mais ça reste génial de tester des choses.

Du coup, est-ce que votre projet de jeu va évoluer ?

On va essayer de faire évoluer les choses, oui. Ça ne sera pas non plus une révolution. À partir de la semaine prochaine en stage (à Canet-en-Roussillon, du mercredi au samedi), on va essayer de mettre des choses en place. Et on aura du temps en match amical (sept au menu, le premier le 25 juillet face à Bourg) pour le tester, voir si ça nous correspond, si on peut faire quelque chose d’intéressant dedans. J’aimerais bien faire évoluer le système, oui.

Votre habituel 3-5-2 ?

Oui.

Peut-on en savoir plus ?

(Rires) Non.

Mais quel est votre objectif en faisant évoluer ce système ?

D’abord, on doit avoir plusieurs cordes à notre arc, pouvoir surprendre l’adversaire. On doit pouvoir dire : aujourd’hui on va jouer comme cela, et demain autrement. Et le tout sans changer de joueur, c’est le rêve de tout entraîneur. Et puis, quand on a commencé à jouer dans notre système, on était très peu d’équipes à l’utiliser. Ce n’est plus le cas. Et si tu fais la même chose que les autres, tu seras derrière eux. Enfin, c’est aussi un moyen pour éveiller les garçons sur d’autres choses. Continuer à les stimuler pour qu’ils s’enrichissent et continuent de progresser.

Et on imagine que le mercato estival a été pensé avec cet objectif de changement…

L’idée était un peu sur cela, oui.

On a d’ailleurs vu qu’il a beaucoup penché devant. Avec des profils différents. C’était donc une volonté pour innover dans l’animation offensive…

On voulait des joueurs de caractéristiques différentes. On va maintenant les associer, et il faut que ça marche. On va leur demander de travailler sur le système, entre eux. On veut repenser notre jeu offensif, même s’il a été performant. Mais on veut un petit plus de choix de joueurs, de vitesse. On va travailler et on verra bien ce que cela va donner.

Votre président Pierre-Olivier Murat dit que, sur le papier, le groupe a gagné en qualité. Vous êtes en accord avec cela ?

Le problème, c’est qu’on ne joue pas au foot sur le papier. Sur le papier, je fais de superbes choses, je suis un magicien (rires).

Après, il y a la réalité du terrain, de l’entraînement, des affinités. Il y a des joueurs de qualité qui nous ont rejoints. Maintenant, il faut qu’ils s’imprègnent de qui on est, de ce qu’on défend, de ce qu’on représente. Il y a toute une phase d’intégration, d’apprentissage. Il faut qu’on arrive à leur montrer nos principes et qu’ils les intègrent. Ça ira très vite pour certains, ce sera plus long pour d’autres. Mon objectif, c’est avancer pour être prêt le 22 août.

Au chapitre mercato toujours, mais rayon départ cette fois. Au-delà de plusieurs départs déjà actés, six joueurs sont actuellement transférables. Cela restera-t-il une déception pour vous de ne pas avoir pu permettre à des Corentin Jacob ou Francis Dady N’Goye de donner leur pleine mesure ?

Si on met de la déception, on est dans un jugement de valeur. Et on n’est pas là pour cela. Parfois ça se passe bien, parfois non. C’est la vie. On est là en revanche pour trouver de bonnes solutions pour ces garçons un peu dans l’impasse chez nous. Qu’ils trouvent un projet, du temps de jeu, quelque chose dans lequel ils puissent s’épanouir. On fait des choix, c’est obligé. Là, on va aller en stage et je ne peux pas y partir avec 35 joueurs…

D’ailleurs, là aussi "POM" répète que vous lui avez demandé de disposer de 23 joueurs de champ plus trois gardiens, pas plus. Pourquoi ?

D’abord, l’idée est d’essayer d’avoir un peu plus de qualité. Et il faut laisser aussi un peu de place à des joueurs de Flo (Rech, l’entraîneur de la réserve en N3). Il y a aussi la leçon de l’an dernier : on s’est rendu compte qu’il y a 18 joueurs qui ont joué beaucoup plus que les quatre ou cinq autres. J’aimerais garder des rotations… (Il se reprend) Je les garderai, de toute façon. Mais tu te rends compte que toutes les équipes qui sont devant ont très, très peu de rotations. Nous, ce n’est pas notre cas, mais si eux le font, tu te dis que ce n’est pas par hasard. Du coup, on est en train de voir comment on peut adapter cela chez nous.

Donc on peut imaginer voir davantage se dégager une équipe-type ?

(Il réfléchit). Je pense que l’on aura plus de choix. On a des joueurs davantage prêts. Déjà, niveau expérience, tous ceux dont c’était leur première saison en feront une deuxième. Et ce qu’on a fait en termes de recrutement l’été dernier et cet été reste différent. Car tu essaies d’évoluer, d’avancer, de coller un peu plus à la réalité de la division.

On y revient, le secteur offensif semble très renforcé. Cela veut dire que vous misez dessus, que vous voulez monter en puissance dans ce domaine-là ?

L’idée, c’est d’avoir des joueurs qui nous correspondent. Ensuite, il va y avoir beaucoup de matches en semaine (sept pour cause de calendrier remanié suite à la crise sanitaire). C’est important d’avoir des rotations pour garder de la fraîcheur, surtout devant. Et l’an dernier, quoi qu’on en dise, notre arme N°1, c’était Ugo (Bonnet).

On souhaite plus de profils pour qu’on puisse dire à Ugo : "Viens t’asseoir un peu sur le banc, il y en a d’autres qui peuvent amener du danger, marquer des buts". Enfin, c’est aussi un secteur où quand tu revends, c’est plus cher qu’un défenseur axial.

Vous évoquez Ugo Bonnet. Cela veut dire que vous ne le voyez pas partant, que vous y comptez ?

Mais je ne me suis, moi, jamais posé la question. Je ne gère pas cela. Pour l’instant Ugo est là, il travaille, il reste sur une très belle saison. Maintenant, il faut confirmer. Et il a plus de chances de le faire avec nous qu’ailleurs. Donc j’espère qu’il sera là, oui. Mais ça…

Vous avez eu des discussions à ce sujet avec lui ?

Oui, on en a parlé après le confinement. Il sait ce que je pense, je sais ce qu’il pense. Je n’ai pas de souci par rapport à ça. L’idée, reste la même que pour tout le monde : faire progresser et montrer que les joueurs ont le niveau de la division. Ce n’est pas parce qu’on y a fait un an qu’on est un joueur du niveau, je suis désolé. Si on mettait tout notre effectif sur le marché, je ne suis pas sûr que tous trouveraient en L2.

Ne craignez-vous pas un défaut d’expérience puisque le club, 16e lors de l’arrêt, n’a pu disputer le money-time à cause de la covid-19 ?

L’objectif, c’est d’être encore en L2. Être sauvé à 10 matches de la fin : je signe tout de suite. L’important c’est d’être aujourd’hui là où l’on est et de se dire : "C’est extraordinaire, on est encore en L2". Il ne faut pas croire que la saison qui arrive sera plus simple, elle sera aussi dure.

Cet été le club a aussi recruté un adjoint, Emerick Darbelet. Pourquoi ce besoin et quel sera son rôle ?

C’est important des deux côtés. Pour les joueurs d’abord. Certains sont avec moi depuis cinq ans ! L’idée, c’est qu’ils entendent une autre voix. Que quelqu’un d’autre soit capable de prendre des séances, individualiser le travail. J’ai d’ailleurs dit aux joueurs : "Il vient pour vous !" Et il vient aussi pour moi. Pour que quand j’ai envie d’observer, de réfléchir, je puisse le faire. Lors des matches, le top du top, ce serait que ça me permette d’aller en tribunes (ce sera Darbelet cette saison). C’est un rêve d’aller regarder la première mi-temps là-haut. Sauf que ce n’est pas conventionnel, ni très bien vu. Il faut montrer qu’on est là, debout, qu’on observe, alors que tu ne vois rien du tout au ras de la pelouse… Mais ça, ce sont les conventions du foot. Pour revenir à Emerick, il sent le foot, dit ce qu’il pense, n’est pas compliqué, est droit, fidèle. Donc c’est aussi pour pouvoir avoir un échange qu’il est là. Amener une autre vision. Nous, on voit des choses avec nos yeux de cinq ans ; lui, il les voit avec ses yeux de cinq jours.

Est-ce que sa présence a compté dans votre prolongation jusqu’en 2023 intervenue au printemps ?

Non.

Qu’est ce qui vous a décidé ?

Le fait d’avoir passé trois mois et demi chez moi, en famille. Il y a tellement peu d’opportunités d’appuyer sur le bouton pause en football. Et tu as du temps pour repenser ce que tu aimerais faire sur le terrain aussi. Le deuxième critère, c’est que le club avance. Il progresse. Tu construis des choses et ça, c’est génial ! Il y a une osmose de pensée par rapport à ce qu’on veut faire, comment on veut le faire, avec qui on veut le faire. Donc j’ai à la fois l’impression d’avancer et d’avoir de la liberté de penser. C’est quelque chose qui n’a pas de prix dans le foot. Greg (Ursule, le manager général), POM ont une vision claire de ce qu’ils veulent faire. Et comme on me demande mon avis, c’est génial. Le plus dur pour nous, entité club, c’est de garder notre âme, notre fonctionnement qui peut paraître un peu bizarre dans le cadre institutionnel, mais qui fait notre force. Car le jour où on le perdra…

Vous concernant, vous n’avez pas eu de doute ? De propositions pour aller voir ailleurs ?

Je n’avais pas d’opportunités. Et je ne me suis pas posé la question. J’étais déjà sous contrat. Je n’ai pas eu de présidents au téléphone si c’est ce que vous voulez entendre (rires). Je pense véritablement qu’on n’est pas au bout (avec le Raf), il y a encore des choses à bâtir. On est même super loin de ce que j’ai en tête.

Pas de stage sur le plateau de l’Aubrac comme par le passé pour le Raf, mais une journée inédite, ce vendredi. "On a monté un truc super, ça va être génial", dévoile à demi-mots Peyrelade. Au menu " VTT, course, dégustation, connaissance des couteaux, rallye photos… " Une épreuve de type "mini-raid de 4 h 30 avec points de passage, balises, épreuve sur les sites". De quoi souder les troupes !
 
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