Bournazel : quand la vie de château vire au cauchemar

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  • Les vaches et les noyers ont cédé la place à des travaux de terrassement pour un parking.
    Les vaches et les noyers ont cédé la place à des travaux de terrassement pour un parking. R.B.
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Rachid Benarab

Des voix s’élèvent contre les aménagements en cours au village, un parking, notamment, jugé "trop grand et mal positionné."

En quête de tranquillité, d’espace et de verdure, le couple Sobrier avait quitté Avignon, son décor de carte postale… et ses milliers de touristes pour s’installer au cœur de la campagne aveyronnaise, à Bournazel, plus exactement. Là, le couple jette son dévolu sur une grande maison. Idéalement située, à l’entrée du lotissement et à un jet de pierre des jardins du château, leur maison fait face à des champs bordés de noyers à l’ombre desquels se serrent quelques vaches pour se protéger des morsures du soleil. Il suffit ensuite de lever la tête pour voir le château au loin.

"C’est sûr, côté décors on n’a pas perdu au change", remarque Isabelle Sobrier le regard posé sur le château Renaissance qui fait la fierté du village. Encore plus depuis que Gérald et Martine Harlin, les propriétaires du site on fait réaliser d’importants travaux de rénovation. Une réhabilitation qui se poursuit encore aujourd’hui. Il faut dire que le travail ne manque pas pour restaurer l’édifice détruit en partie à la Révolution, puis amplement remanié au XIXe siècle.

"On n’avait pas perdu au change, corrige aussitôt son mari. Car, aujourd’hui, les vaches, les noyers et les papillons ont cédé la place aux engins de travaux publics." Et dans quelques mois, si tout se déroule comme prévu, ce sont des dizaines de voitures et des bus qui stationneront quotidiennement sous les fenêtres des Sobrier.

"Il faut penser aux villageois"

"La municipalité a vu les choses en beaucoup trop grand", estiment-ils en évoquant ce futur parking de 100 places VL et huit places pour les bus. La route d’accès va également devoir être élargie pour permettre aux véhicules de se croiser en toute sécurité et un giratoire sera également réalisé. "Vous imaginez le choc pour nous quand on a découvert tout cela", se plaint le couple en pointant aussi "le mauvais positionnement du parking. Cela va considérablement faire baisser la valeur de notre maison".

"Tout ça pour le château, c’est bien, mais il faut aussi penser aux villageois", enfonce le couple aujourd’hui bien décidé à déménager pour retrouver ailleurs un peu de quiétude. "Ils sont nombreux à penser comme nous, mais peu osent s’exprimer de peur d’être accusé d’aller à l’encontre du développement touristique du village. Quand je pense que l’on n’a même pas le droit d’installer de panneaux photovoltaïques sur nos maisons pour ne pas dénaturer le site. Avec ce grand parking, il devrait être bien dénaturé le site. Et pour un bon moment", conclut Isabelle Sobrier non sans pointer "les sommes astronomiques" dépensées pour mener à bien tous ces projets.

Un montant total des travaux que le maire du village a refusé de divulguer "pour ne pas ajouter de l’eau au moulin des contestataires". "Les habitants du village connaissent déjà le montant des travaux. D’ailleurs, un panneau avec ces montants ainsi que les sommes allouées au titre de subventions par les différentes collectivités, sera très prochainement installé aux abords du chantier comme c’est d’usage", a indiqué le nouveau maire Michel Bastide. Joint hier au téléphone ce dernier n’a pas manqué de rappeler "le caractère urgent" de certains de ces aménagements.

Un parking pour la sécurité

Le parking notamment car "il n’est plus possible de laisser les visiteurs se garer n’importe où sur le bas-côté de la route. Au regard de l’affluence en hausse cela devenait dangereux. Il fallait agir", se défend l’élu. Visiblement embarrassé par ce début de polémique, Michel Bastides préfère ne pas trop s’étendre sur le sujet.

Il s’étonne toutefois d’être sollicité par la presse, alors que personne n’est venu à sa rencontre à la mairie pour faire de quelconques réclamations sur ces aménagements qui sont menés "uniquement pour le bien-être des villageois". Certains n’en sont visiblement pas convaincus.

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