Flagnac : L'Olt, comme une parenthèse dans le temps

C’est un petit bateau. Un petit bateau blanc, avec quelques touches de bleu. Depuis quelques étés, depuis 2011 pour être plus précis, le petit bateau blanc fend doucement et avec élégance les eaux de la rivière Lot. Propulsé par des moteurs électriques, il parcourt silencieusement un linéaire de 22 km aller-retour au départ et à l’arrivée du Port de Lacombe, à Flagnac. Et parce que le tourisme fluvial n’est pas vraiment une marque de fabrique touristique en Aveyron, le petit bateau blanc mérite bien un petit détour, histoire de sortir des sentiers battus. Une balade à bord de L’Olt, c’est d’abord le calme, la contemplation ; à peine troublés par quelques jeunes enfants tout excités à l’idée d’aller tenir le gouvernail, à l’invitation du capitaine Devernois. Une balade à bord de L’Olt, c’est une occasion assez unique de porter un regard totalement différent sur ce tronçon de la vallée du Lot. Même les gens d’ici ont parfois du mal à s’y reconnaître. « On passe à hauteur de Boisse-Penchot là ? Non ? Ah ben zut alors, c’est bien Boisse-Penchot… » Une balade à bord de L’Olt, c’est aussi passer trois écluses. Des manœuvres au millimètre pour négocier le passage d’équipements fluviaux de type « Freycinet », qui nécessitent d’activer des mécanismes à la manivelle, comme au bon vieux temps. À une époque où tout va si vite, c’est peut-être aussi ça une balade à bord de L’Olt : une agréable parenthèse dans le temps.

Le bateau qui venait du Doubs

C’est une société spécialisée dans la construction de ce type d’embarcations, implantée dans le département du Doubs, qui a réalisé fin 2010 le bateau L’Olt. Son acheminement vers Flagnac, par convoi exceptionnel, sur 700 km, a duré plus d’une semaine. Le bateau pèse 37 tonnes, pour 16 mètres de long et 5 mètres de large, doté d’un pont supérieur. Il est propulsé par l’énergie électrique avec deux moteurs de 18 000 W, couplés à un moteur thermique de 175 CV. Il bénéficie d’une autonomie de six heures environ, le rechargement des batteries s’effectuant de nuit. Il présente une capacité de 100 passagers et de 64 convives pour l’espace restauration. Son coût : 400 000 €, supporté par les collectivités locales et subventionné par le Département, le Fnadt et EDF.

Une affaire qui navigue plutôt bien

Plus de 8 000 en 2011. 11 500 en 2012. 12 000 en 2013. 11 000 en 2014. Et ainsi de suite jusqu’à l’été 2019 qui a encore vu près de 10 000 passagers embarquer à bord de L’Olt lors de la saison estivale. Le bateau sur le Lot est une affaire touristique qui marche, enfin, qui navigue bien. Et qui nourrit son passager, avec plus de 50 000 repas servis.

Capitaine et matelot

L’équipage de L’Olt, ce sont d’abord le capitaine Patrick Devernois et le matelot Nadine Puech (photo). Pendant que le capitaine maintient le cap et gère le passage des écluses, le matelot active les mécanismes manuels de ces mêmes écluses, tout en jouant les guides historiques. Elle raconte aux passagers la rivière d’avant, du temps des gabarres, des moulins, des villages agricoles, de l’âge d’or de l’industrie decazevilloise…

Près de 15 M€ pour la remise en navigabilité

Avant de mettre L’Olt à l’eau, il a fallu engager un vaste et lourd programme de remise en navigabilité de la rivière (financé par l’Europe, l’État, le Département et la Région). Initialement, en 2006, près de 15 M€ ont été mobilisés sur le tronçon Port-d’Agrès - La Madeleine. Dans ce cadre, trois écluses ont été remises en ordre de marche : Marcenac, Roquelongue et Boisse-Penchot. Celle de Laroque-Bouillac, prévue dans les travaux, est encore et toujours en rade pour des raisons de pollution souterraine.