Dans le chaos, l’espoir : le clin d’œil photo de Reza à Rodez
Reza Deghati, le photojournaliste de renommée mondiale et d’origine iranienne, expose ses photos au jardin public, sur les murs du palais épiscopal et au sein du quartier Ramadier, jusqu’au 20 août.
Ce vendredi, en fin d’après-midi, un groupe attend patiemment le photojournaliste Reza, devant le musée Soulages.
Ce public d’amateurs d’art va suivre le célèbre photographe, dans une déambulation à travers le jardin public, à la découverte de son exposition.
Et c’est avec une jubilation à la fois personnelle et professionnelle que je me faufile dans cette visite guidée. Je n’aurais manqué pour rien au monde cette rencontre inouïe avec ce photographe qui a réalisé, entre autres, le célèbre portrait du commandant Massoud. L’humaniste qui rêve d’un monde en harmonie, sillonne les pays en guerre depuis 40 ans. De cette quête où l’humanité ne ferait qu’une, il en a rapporté des milliers de photos. C’est pourtant avec une simplicité extraordinaire, qu’il rend compte de sa rencontre avec le commandant Massoud.
"C’était en 1985, il n’y avait pas internet. Je cherchais à entrer en contact avec le commandant. Cela a pris des mois et des mois. J’ai envoyé des lettres, j’ai attendu. Il était recherché par les Russes", dit-il pour replanter le décor d’une photo désormais célèbre, dans le monde entier. Passant les détails, Reza évoque leur conversation. "Il m’a dit dans cinq ans, il n’y aura plus d’Union soviétique, j’ai ri et je lui ai alors demandé, qu’est-ce que vous allez devenir ? Son visage s’est crispé dans une grande souffrance, c’est à ce moment-là où j’ai pris la photo", explique-t-il dans un français mâtiné d’un accent azéri.
La photo, un acte individuel
Conteur né, Reza ménage le suspens et les effets de la mise en scène qui tiennent le public en haleine. Dans le même "bloc" photo, devant le musée Soulages, il raconte l’histoire de ce garçon tenant "une pousse verte comme s’il détenait un trésor".
Et de poursuivre, "Nous étions dans un village détruit, où il n’y avait plus d’eau, les canaux d’irrigation ne fonctionnaient plus. J’ai alors vu un garçon, sortant de l’école et transportant une pousse verte. Je lui ai demandé, qu’est-ce que tu comptes en faire ? Il m’a répondu avec beaucoup de conviction et de détermination. Je vais en faire un arbre !". Chaque photo de Reza a une histoire. L’histoire de notre humanité, dans ce qu’elle a de plus beau (souvent l’expression des enfants) mais de plus cruel (les guerres, les viols). Le photojournaliste qui a couvert pour les plus grands médias du monde, la plupart des conflits, les raconte de façon esthétique.
"La photo est un acte individuel et solidaire. Si on fait des photos laides, les gens ne veulent pas voir. Si on fait de belles photos, les gens viennent pour l’esthétique et ensuite, ils découvrent l’histoire de ces gens photographiés", souligne-t-il. Serviteur de l’humanité, Reza cherche dans le chaos l’espoir. Au milieu des guerres, il y a toujours une étincelle de vie, prête à repartir. L’œil de Reza est à l’affût. Ce n’est pas pour rien qu’il travaille pour l’Unicef par exemple. Le travail de cet ambassadeur est à voir jusqu’au 20 août.
Parcours
Architecte de formation, Reza s’est tourné vers la photographie par militantisme. Depuis son exil iranien, il n’a eu de cesse de militer pour une humanité plus juste, via ses photos. Car Reza est un homme engagé. Il met la formation visuelle informelle des jeunes et des femmes au service d’un monde meilleur. À ce titre, il fonde en 2001 l’ONG Aina en Afghanistan et mène des actions de formation dans le monde, tout en poursuivant ses reportages pour les médias internationaux, dont National Geograhic dont il a fait des centaines de couvertures. Son travail de photographe lui a valu de nombreux prix dans le monde et la reconnaissance de grandes institutions comme l’Unicef, par exemple.
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