Le tour de l'Aveyron à scooter – étape 3, épisode 2 : mon pèlerinage à Saint-Méen

  • Guy, de Saint-Méen depuis toujours.
    Guy, de Saint-Méen depuis toujours. LR -
  • Troupeaux en estive autour du Merdellou.
    Troupeaux en estive autour du Merdellou. LR -
  • En haut du Pas du Loup.
    En haut du Pas du Loup. LR -
  • Saint Méen vint ici de Bretagne au tout début du VIIe siècle. Saint Méen vint ici de Bretagne au tout début du VIIe siècle.
    Saint Méen vint ici de Bretagne au tout début du VIIe siècle. LR -
  • Des chevaux, aussi.
    Des chevaux, aussi. LR -
  • Dans la chapelle, bibelots et livres d'or. Dans la chapelle, bibelots et livres d'or.
    Dans la chapelle, bibelots et livres d'or. LR -
  • En allant vers la source, le ruisseau n'est plus qu'un tuyau... En allant vers la source, le ruisseau n'est plus qu'un tuyau...
    En allant vers la source, le ruisseau n'est plus qu'un tuyau... LR -
  • Tout là-haut, entre quelque part et nulle part.
    Tout là-haut, entre quelque part et nulle part. LR -
  • Rosie et Pierre ne boivent que cette eau depuis plus de 50 ans.
    Rosie et Pierre ne boivent que cette eau depuis plus de 50 ans. LR -
Publié le
Laurent Roustan

Ce tour de l'Aveyron part à l'aventure sur les petites routes du département, défiant chaleur, pluie et pépins mécaniques, à la rencontre de beaux paysages et de belles gens. Ou l'art de se déconfiner en douceur.
Six étapes tous les dimanches du 19 juillet à fin août, et six épisodes par étape sur le site de Centre Presse, du lundi au samedi.
On a fait le plein, le moteur démarre, un coup de klaxon et c'est parti !
 

Dès la sortie de Camarès, attaquer le Pas du Loup sur la D51 en direction de Mounès, comme en son temps, les concurrents de la course de côte cycliste le faisaient lors des fêtes du village. Quelques kilomètres de sueurs et d'efforts que même les fêtards patentés tentaient de grimper après avoir ripaillé la nuit durant. Dans ces circonstances, beaucoup n'en voyaient pas le bout… Après le Pas du Loup, nous voici à Mounès-Prohencoux, plus de 300 m plus haut, et nous allons grimper encore, via Murasson jusqu'à Barre et Gos dans le Tarn, à 1000 mètres pour revenir vers le Merdellou, point culminant de cet endroit, avec ses quelque "111 000 cm", comme nous disions à l'école quand nous apprenions les unités de mesure. Ici, nous sommes entre quelque part et nulle part, entre rougier et montagne noire, mais aussi avec des parfums de causse par ci, des parfums d'Aubrac par là. Ici, les troupeaux sont aussi en estive, et nous sommes parfois presque au-dessus des éoliennes…

A peine revenu en Aveyron, prendre la direction de Saint-Méen, à une poignée de kilomètres du sommet du Merdellou.

Saint-Méen, c'est probablement depuis 14 siècles le plus important pèlerinage de l'Aveyron. On a dénombré jusqu'à 3000 fidèles qui viennent ici, tous les 24 juin, prier ce pèlerin venu de Bretagne faire naître de son bâton une source miraculeuse dont l'eau soignerait toutes les maladies de peau, de la lèpre à l'eczéma, et que ce soit sur l'homme ou les troupeaux de brebis. Les témoignages ne manquent pas depuis les premiers jours du culte, et continuent de nos jours, comme ne tarissent pas non les livres d'or qui récoltent prières et remerciements. Même durant le confinement, certains venus ici prier pour en quelque sorte « sauver leur peau », ou que le sait breton protège le monde du coronavirus. A ce moment-là, personne n'a écrit de date sur le livre d'or…

En bas de la chapelle, au bord de la route, toute une série de robinets sont à la disposition de quiconque vient chercher de l'eau miraculeuse. Comme Rosie et Pierre, deux Tarnais venus du Sidobre, et qui font chaque fois quelque 200 km aller-retour pour emplir quasiment leur petit utilitaire de bouteilles et de bidons d'eau. « Nous venons là depuis plus de 50 ans, disent-ils, nous ne buvons que cette eau-là. Chaque fois qu'il n'y en a plus, nous revenons ici. Ça nous fait une petite balade. »

Pendant qu'ils terminent d'emplir leur dernier récipient, une voiture s'arrête sur la route, et Guy Rouquette en sort sans éteindre le moteur, il descend quelques escaliers, tourne l'un des robinets à l'aide de sa canne de bois puis boit en recueillant l'eau dans ses mains. « Tout le monde ouvre les robinets avec les mains, dit-il, sans prendre de précautions. Mais moi, depuis qu'ils ont trouvé ce truc pour tuer les vieux, je fais attention... »

Guy a 82 ans, encore agriculteur (« pour m'occuper ») et il est de Saint-Méen depuis tout le temps. Il a déjà participé à l'organisation de ces fameux pélerinages. « Le pic, c'était dans les années 60-70 jusqu'en 80, j'ai compté dans les 1000 voitures et dans les 25-30 bus. On faisait payer dans ces années là. Mais maintenant, les gens viennent tous les jours, et ils sont moins nombreux le 24 juin. »

Surtout celui de cette année, annulé pour raisons sanitaires, mais qui a vu tout de même son petit flot de curistes. Tout comme petit semble le mince filet d'eau si l'on va voir vers la source, laquelle semble pompée dès sa naissance, si l'on en croit les tuyaux et les citernes qui parsèment son petit lit. Pourtant, comme dit Guy, « certains viennent avec des camions pour prendre l'eau et il en part… je ne sais pas, peut-être mille litres d'eau ! Impensable ! »

Et pourtant, l'eau de Saint-Méen continue de couler, et paraît-il aussi, de faire des miracles...

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