Architectures remarquables : le viaduc du Viaur, la grande arche de Paul Bodin

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  • La  vue du viaduc toisant le Viaur, qui coule 116 mètres au dessous, ne laisse personne indifférent.
    La vue du viaduc toisant le Viaur, qui coule 116 mètres au dessous, ne laisse personne indifférent.
  • Une exposition sur Paul Bodin à Tauriac-de-Naucelle est visible jusqu'au 20  septembre. Une exposition sur Paul Bodin à Tauriac-de-Naucelle est visible jusqu'au 20  septembre.
    Une exposition sur Paul Bodin à Tauriac-de-Naucelle est visible jusqu'au 20 septembre.
  • Une visite à  pied, sur un VTT ou… en voiture
    Une visite à pied, sur un VTT ou… en voiture
  • La dernière rénovation et remise en couleur du viaduc a été effectuée entre mars 2014 et juin 2017.
    La dernière rénovation et remise en couleur du viaduc a été effectuée entre mars 2014 et juin 2017.
Publié le
Paulo Dos Santos

Situé entre Tauriac-de-Naucelle, en Aveyron, et Tanus, dans le Tarn, le viaduc du Viaur, dont la pose de la première pierre a été réalisée en 1902, a permis de relier Rodez à Carmaux. Aujourd’hui, il est inscrit sur une liste
de six viaducs métalliques à grande arche qui œuvrent de façon collective en faveur du classement mondial au patrimoine de l’Unesco (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture).

Que l’on soit installé sur la terrasse de l’ancien hôtel Angles, au lieu-dit Malphettes, commune aveyronnaise de Tauriac-de-Naucelle, ou sur l’aire du Yunnan, à Tanus, côté tarnais, la vue ne laisse personne indifférent. Au milieu donc, là où coule le Viaur à116 mètres au-dessous, un viaduc métallique à grande arche (460 mètres de long) où se trouve une voie unique permet donc de relier les deux départements.
Quand ce développement technologique est évoqué, le nom de Paul Bodin, Albigeois d’adoption, est en tête d’affiche. Ingénieur au sein de la Société de construction des Batignolles (SCB) à partir de 1873, il a fait de l’étude et de l’exécution des grands travaux de ponts et de charpentes métalliques sa spécialité. En 1878, le gouvernement lançait un programme de consolidation des réseaux de transport, permettant notamment de désenclaver les régions les plus reculées. Un an plus tard, la création de la ligne ferroviaire entre Carmaux et Rodez était déclarée d’utilité publique ; la validation du tracé définitif actée le 2 septembre 1881.
Suite au concours lancé en 1887, et alors que deux projets de la Société de Gustave Eiffel étaient recalés, celui proposé par la SCB et Paul Bodin avait les faveurs du jury. L’ingénieur albigeois a certainement décroché le contrat grâce à des techniques totalement inédites. Il a ainsi joué les équilibristes en proposant des arcs… équilibrés permettant un effet de contrepoids pour alléger la poussée sur la clé centrale d’articulation et les culées vers les extrémités. Il a ensuite pris de la hauteur pour s’apercevoir que le ravin interdisait la construction d’un échafaudage. Il a donc imaginé une plateforme roulante - qui se déplaçait sur des poutres métalliques débordant de vingt mètres au-dessus du vide - composée d’une grue et d’un échafaudage en forme de cage suspendue et divisée en plusieurs étages, surnommée la « baleine ».
La pose de la première pierre a été réalisée le 9 mai 1895, l’inauguration le 5 octobre 1902 et l’ouverture de la ligne reliant Carmaux à Rodez le 18 décembre de la même année.

Une exposition sur Paul Bodin à Tauriac-de-Naucelle

Une vingtaine des toiles sur l’histoire de Paul Bodin sont accrochées au lieu-dit Malphettes, à Tauriac-de-Naucelle. Les textes ont été écrits par Anne Sénémaud, présidente de l’association VVV (Valorisation du Viaduc du Viaur) qui ne manque pas une occasion de mettre en valeur ce « fameux viaduc du Viaur » et son savoir-faire exporté jusqu’en Chine, Russie et Grèce. Cette exposition, libre d’accueil, est à la fois historique, contemporaine et artistique. Elle restera visible jusqu’au dimanche 20 septembre.

À pied, sur un VTT ou… en voiture

Le viaduc du Viaur s’ouvre aux nombreux touristes qui, à pied ou sur un VTT, empruntent les sentiers balisés - il existe également un parcours « découverte » en voiture - avec une halte incontournable sur l’un des trois points de vue, aires du Gô et de Malphettes, en Aveyron, ou la terrasse du Yunnan dans le Tarn. Contact au 05 65 67 16 42 (OT Pays ségali à Naucelle) ou payssegali.fr

Du vert au gris pour une remise en couleur avec 20 000 pinceaux !

Les offices de tourisme du Pays ségali et du Ségala tarnais ont profité d’un congrès international organisé en décembre dernier, dans le cadre de la candidature au patrimoine mondial de l’Unesco, pour offrir aux personnes présentes un livret informatif sur ce « chef-d’œuvre d’innovation au cœur du Ségala » (il est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1984). Il y est noté quelques anecdotes croustillantes…
- Lors des essais, avant l’ouverture de la ligne en décembre 1902, le conducteur paniqua et sauta du train avant d’atteindre la partie métallique !
- Pour raccourcir leur trajet, les agriculteurs traversaient le viaduc du Viaur avec leurs bêtes en leur bandant les yeux pour éviter qu’elles ne paniquent.
- 20 000 pinceaux et 70 tonnes de peinture sont nécessaires à la réfection de l’ouvrage ! La dernière rénovation et remise en couleur a été effectuée entre mars 2014 et juin 2017. C’est le gris lumière qui a été retenu. Le viaduc a changé de couleur à plusieurs reprises (différentes tonalités de gris), mais, en 1956, il a été peint en vert !

En route pour le classement mondial au patrimoine de l’Unesco

Avec cinq autres ouvrages d’art européens (deux sont situés au Portugal, un en Allemagne, un autre en Italie et le dernier en France, le viaduc de Garabit, dans le Cantal), le viaduc du Viaur est donc candidat au classement mondial au patrimoine de l’Unesco. En décembre dernier, représentants et élus se sont retrouvés à Moularès, dans le Tarn, pour le 3e congrès international et ceci afin d’asseoir la candidature de ces viaducs métalliques à grande arche, chefs-d’œuvre du patrimoine industriel incarnant le développement technique de pointe de la fin du XIXe siècle.

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