Le "challenge infectieux", une solution pour lutter contre le Covid-19 qui fait polémique

  • Le "challenge infectieux" correspond à une méthode consistant à inoculer le virus à des personnes en bonne santé et tester leur réponse immunitaire afin d'accélérer les essais cliniques
    Le "challenge infectieux" correspond à une méthode consistant à inoculer le virus à des personnes en bonne santé et tester leur réponse immunitaire afin d'accélérer les essais cliniques fstop123 / IStock.com
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Relaxnews

(ETX Studio) - Dans le contexte de la lutte mondiale contre le Covid-19, un débat scientifique est ouvert autour de la pratique du "challenge infectieux". Ce terme désigne une méthode consistant à inoculer le virus à des personnes en bonne santé et tester leur réponse immunitaire afin d'accélérer les essais cliniques et d'obtenir un vaccin plus vite. Mais cette méthode, abandonnée depuis les années 70, soulève plusieurs problèmes éthiques. 

Depuis le début de la pandémie Covid-19, la course au vaccin au niveau mondial est lancée. C'est dans ce contexte d'urgence sanitaire pour enrayer une maladie, à ce jour responsable de plus de 650.000 décès dans le monde, qu'une méthode abandonnée dans les années 70 fait reparler d'elle. On l'appelle le "challenge infectieux".

Ce terme fait référence à une technique scientifique consistant à inoculer le virus à des sujets volontaires en bonne santé. Le principe est de tester l'efficacité d'un potentiel vaccin en analysant la réponse immunitaire exprimée par la personne qui le reçoit.

Les essais cliniques pour mettre au point un vaccin se déroulent en trois phases. La dernière implique deux groupes de participants : un "témoin", composé de personnes qui ont reçu le vaccin, et un dit "de contrôle", dans lequel les volontaires reçoivent un placebo. Cette phase s'avère la plus longue et peut durer des mois, voire des années. 

Une inoculation en échange de milliers d'euros 

Afin d'accélérer l'apparition d'un vaccin contre le SARS-CoV-2 et de "gagner du temps pour sauver des vies", plusieurs scientifiques en Angleterre et aux États-Unis plaident pour le retour du challenge infectieux. Pour aboutir à un recrutement efficace de volontaires, certains laboratoires qui encouragent cette méthode vont même jusqu'à proposer aux participants une rémunération. C'est notamment le cas de la firme pharmaceutique britannique Hvivo, qui offre 4.000 euros contre une injection volontaire et 14 jours d'isolement. 

Aux États-Unis, la plateforme 1 Day Sooner lancée en avril dernier aurait déjà recruté plus de 32.000 volontaires à travers 140 pays, d'après les chiffres indiqués sur leur site internet. S'il peut à première vue sonner comme une source d'espoir, le challenge infectieux appliqué au Covid-19 pose toutefois une question éthique de taille, compte tenu de la virulence du virus et des risques sanitaires encourus pour les personnes qui choisissent de se le faire injecter. 

Le fait d'introduire l'aspect financier dans le recrutement pose également problème, une telle pratique risquant de cibler majoritairement les individus à la situation financière précaire, souvent les plus démunis sur le plan sanitaire.

Avis défavorable en France

En France, la méthode est loin de faire l'unanimité. Début juillet, le Conseil scientifique a rendu un avis défavorable quant à son application : "Même si le niveau de risque est faible, on ne peut écarter la possibilité de survenue d'accident chez ces volontaires, en l'absence de thérapeutiques curatrices avérées du Covid-19", estiment les experts.

Quant à l'Organisation mondiale de la santé, elle ne s'y oppose pas dans l'absolu, mais préconise de limiter le recrutement à des sujets jeunes, en bonne santé, déjà exposés dans leur vie courante au virus et n'appartenant pas à une profession jugée "essentielle". 

L'Angleterre n'est pas le seul pays d'Europe à s'intéresser au challenge infectieux. En 2022, la Belgique va inaugurer un centre permettant de multiplier les essais cliniques basés sur cette technique. Mais, au vu du calendrier, ce centre ne sera a priori pas opérationnel pour travailler sur les vaccins Covid-19.

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