Architecture remarquable : les burons, emblèmes de l’Aubrac
Les burons sont indissociables de l’Aubrac, cette région à cheval sur le Cantal, l’Aveyron et la Lozère. Les premières traces de ces cabanes remontent au XIIIe siècle. Des habitations légères mais suffisamment solides pour résister aux hivers rigoureux. Si au fil des siècles, les burons sont tombés en désuétude avec la mécanisation de l’agriculture, leurs traces sont toujours bien présentes.
Les traces des premiers burons remontent au XIIIe siècle. Déjà, les habitants du plateau de l’Aubrac avaient bâti des cabanes légères en bois mais suffisamment solides pour résister au rude climat des Monts du Cantal. Témoignages d’une longue pratique de l’agriculture, au fonctionnement saisonnier, les burons sont aujourd’hui devenus l’emblème de ce territoire à cheval entre l’Aveyron, le Cantal et la Lozère. André Valadier, président du Parc naturel de l’Aubrac et éleveur, rappelle ce qu’ont été les burons durant des siècles : "La traite se faisait sur place et le lait était ramené jusqu’aux burons matin et soir. L’opération de transformation pouvait alors commencer". " La difficulté pour les éleveurs était de trouver un moyen pour conserver le lait, poursuit André Valadier. Car le lait produit est très fragile, il tourne un jour et demi après la traite." L’activité de ces burons va cependant décliner avec l’industrialisation et la rationalisation des processus de fabrication du fromage. Entre les années 1945 et 1950, 246 sont encore en activité mais une dizaine d’années plus tard, ils ne sont que 51 à fonctionner.
Les premières cabanes du XIIIe siècle
Pour repérer les vestiges des burons, il convient de prendre de la hauteur. Car, si les traces de ces premiers habitats ont complètement disparu, certaines marques au sol attestent bien de la présence de ces cabanes, construites à partir de simples planches et à proximité des villages, dès le XIIIe siècle. à l’origine, ces constructions servaient à garder les troupeaux, où les paysans devaient s’acquitter d’un "droit de cabane" qui se traduisait par un impôt payé aux seigneurs, en fromage de brebis.
L’ancêtre du buron, le "tra"
Au fil des hivers, la forme de la cabane a évolué. Les premières traces de l’ancêtre du buron, le "tra" qui signifie le trou, en occitan, sont encore visibles. Le "tra" se composait d’une ou deux pièces creusées dans le sol sous une couverture en motte de gazon. On retrouve des traces de ces constructions primitives du côté du village de Brion, en Lozère, dans le massif du Cézallier.
Puis, vint le mazuc
Par la suite, ce simple retranchement fut remplacé par un bâtiment rectangulaire à demi enterré, aux murs en pierres sèches coiffés soit d’un plafond de dalles de pierre sur encorbellements, soit de mottes de gazon sur une charpente sommaire.
L’Aubrac, un paradis pour les marcheurs
Si autrefois le plateau de l’Aubrac était essentiellement parcouru par les garçons vachers, il en va tout autrement aujourd’hui. Les marcheurs ont ainsi la possibilité d’aller de buron en buron et de découvrir ces "cabanes" à l’architecture si particulière, plantées au milieu d’un plateau nu. D’ailleurs, le célèbre GR65 passe en plein cœur de l’Aubrac, d’Aumont-d’Aubrac à Nasbinals, permettant d’embrasser ces vastes paysages.
Une architecture reconnaissable
En 2016, deux étudiants en architectures, Jacques Ligot et Petr Obraztsov avaient arpenté l’Aubrac durant plusieurs jours, explorant les lieux et multipliant les entretiens avec des personnalités locales. Ils avaient noté que "les murs sont généralement en basalte ou en granit, d’une épaisseur d’environ 60 à 80 cm, et taillés sur place. La toiture est le plus souvent en schiste."
Les burons "vousté et thuilé"
à la fin du XVIe siècle, les techniques de construction évoluent et la pierre est de plus en plus employée, sous l’impulsion de la Dômerie d’Aubrac, siège de la seigneurie locale. Ce solide édifice, parfois enterré, au toit de lauzes est constitué de trois pièces : à l’étage se trouve la pièce de vie, au rez-de-chaussée, là où l’on fabrique le fromage et la cave d’affinage voûtée. En général, l’estive au buron est assurée par quatre garçons vachers ou buronniers.
Quel avenir pour les burons aujourd’hui
Sur les 296 burons recensés, seuls 20 % sont encore considérés comme étant bon état. Le reste est en ruine ou en très mauvais état. La modernisation des pratiques agricoles a entraîné une chute du nombre de burons en fonctionnement : plus de 260 étaient encore en activité entre les années 50 et 60, ils n’étaient plus qu’une cinquantaine en 1964. Les deux derniers burons de l’Aubrac (Calmejane en Aveyron et Le Théron en Lozère) furent fermés le 13 octobre 2002.
Les mises aux normes européennes demandaient des investissements trop lourds à supporter pour leur propriétaire. Cependant, ces dernières années, entre l’Aveyron et le Cantal, quelques passionnés ont fait revivre ces monuments de l’Aubrac. Par exemple, l’Association de sauvegarde des burons du Cantal a entrepris la restauration d’une trentaine de burons qui ont ainsi pu garder ou retrouver une activité économique. Si la production fromagère a été abandonnée, il semblerait que l’avenir des burons soit désormais porté par le tourisme alors que d’autres ont été transformés en musée ethnographique. L’été, les burons font le bonheur des nombreux marcheurs qui arpentent l’Aubrac à la recherche d’authenticité, découvrant ce patrimoine millénaire.
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