Des tables de pique-nique qui ne manquent pas d’aires sur le Lévezou

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JDM

Petite histoire des pratiques alimentaires et nomades. Et détour par le Lévézou.

Les aires ont le vent en poupe. On en recense tout un parc et vingt sous-bois. Et, quand elle s’arrête, la rue y conduit parfois. Souvent rehaussées de jeux pour enfants ou de barbecues, de terrains de boules, ces aires ne redoutent que la pluie. Elles sont très courues. Même si les bonnes tables qui les tapissent ne sont pas encensées dans le Michelin. Des tables en bois rustres et robustes, malcommodes, quelquefois pleines de mousses, vermoulues ou bancales... Des tables pourtant prises d’assaut aux midis sonnés, l’été venu ou les grands ponts. On s’y rue en groupe de peur qu’une autre smala vienne y étaler son barda. Pour les marquer et y jeter son dévolu pour la journée, il suffit d’y lancer une nappe, un paquet de chips, une glacière, un joyeux cri... Il suffit d’y laisser sommeiller un ancien, à l’ombre d’un arbre, près d’un chien... Tel un caméléon, il prendra alors la couleur dorée des heures à longueur de petits moments. Cet espace privé sera occupé jusqu’à la tombée de l’ennui. Et l’on repartira vers sa semaine, vers sa vie...

À l’heure de la distanciation sociale, les convives y jouent toujours des coudes, sur ces tables de fortune, heureux d’avoir trouvé un dimanche à la portée de leurs modestes moyens, pour quelques radis. Le campement éphémère est monté. C’est servi. À califourchon sur un banc étroit, les genoux coincés entre la table et un neveu dégingandé, on prend ses aises avec ce qui reste de place. Et c’est toujours quand on est ainsi bougrement installé qu’on s’aperçoit qu’on est trop loin du saucisson et du rosé. Et que les brioches sont dans le coffre, avec le tire-bouchon et les mots croisés. Qui dira les heurs et malheurs de ces repas pris en plein air si affectionnés des vivants. Qui dira la puérilité, l’instantanéité de ces contentements ? La paix des uns... Petite histoire de ces petits endroits où l’on se tartine des petits bonheurs, simples comme le jour, vite fait, sur le pouce.

L’aire du temps

Tentons alors une histoire succincte des repas succincts. Car manger en plein air est une pratique aussi vieille que l’humanité. Si l’étincelle est arrivée en silex pour faire chauffer le plat, la nourriture était déjà là. Sur terre, alentour, la table était mise. La légende n’ose pas le dire, mais osons l’écrire, Adam et Ève ont vraisemblablement croqué la pomme après une copieuse partie de campagne, bien installés dans l’herbe, au bord de l’immensité. L’air attise les sens. Il est capiteux. La gastronomie de plein air est séductrice, enjôleuse, et beaucoup trop tentante. Et les sociologues affirment même que bon nombre d’heureux événements ont des origines vaguement culinaires, mais franchement champêtres. Les arbres, le vent, l’eau nous ouvriraient donc l’appétit depuis toujours. Dehors on dévore. Dehors on mange bien. Mais on ne pique-niquera qu’à partir du XVIIIe siècle. Cependant la pratique du pique-nique est plus ancienne que l’apparition du terme. Il était déjà courant de pique-niquer au Moyen Âge.

L’emploi du terme désigne juste alors un repas sommaire, à l’intérieur ou à l’extérieur, pour lequel chacun cotise. Chacun apporte sa part de nourriture. À l’époque préindustrielle, manger en plein air est pour certains une nécessité quotidienne liée aux conditions de travail souvent mauvaises. Et pour d’autres c’est un plaisir de privilégié. C’est la dégustation, sur l’herbe, d’un statut social alléchant. C’est la confirmation d’un vrai rang.

Au XIXe siècle, l’essor des chemins de fer amenuise les distances. Le train met la campagne à la mer et la ville à l’orée de la forêt. Les repas de loisir en plein air deviennent de plus en plus fréquents. Alors que les ouvriers cassent la croûte à folles dents dans la grisaille et l’inconfort des villes, les bourgeois s’en vont déjeuner sur l’herbe et batifolent sur un canot, et sur la marne, durant la digestion. Au XXe siècle, le pique-nique devient une référence culturelle dont témoignent les œuvres des impressionnistes... La bourgeoisie privilégie alors les lunchs ou les garden-parties dans les parcs des manoirs et laisse les saucissonnades aux classes qu’elle estime inférieures. Mais rien n’a changé pour autant... Alors que les rillettes battent le pavé, chaque année encore, dans les jardins du château de l’Élysée, les hôtes chipotent et grappillent un toast sur canapé alors que le geste gracieux qui va de la coupe aux lèvres se fait désirer, comme le bon mot...

Déguster le dépaysement

Apparu en France dans les années 1830, le sandwich devient très vite populaire et réconforte les travailleurs pendant leur pause. Il est expéditif. Il ne se réchauffe pas. Et l’on ne doit pas le tourner pendant des heures, à feu doux. Ou patienter devant un bain-marie. Il s’avale sur le pouce dans le réfectoire ou dans l’atelier, près de la machine. S’il contenait à l’origine des tranches de bœuf salé et de concombre, il renferme actuellement des mets insoupçonnables et parfois même du jambon et du beurre. C’est dire sa complexité. Aujourd’hui, il fait partie des habitudes alimentaires des Français en arrivant à la troisième place des plats favoris. Il se vend donc comme des petits pains et sa recette fait toujours une belle recette dans ce monde habité par des gens si pressés. Mais avec la prolifération du camping-car, nos aires de loisirs bon enfant ont trouvé à qui parler.

Le pique-nique s’est automatisé. Il est devenu forain, industriel, mécanique, compliqué. Gros bahuts et petites fourgonnettes, campings-bus s’échouent dans ces endroits au confort pourtant précaire et déchargent auvent, sofa, hamac, chapiteau, tapis de sol, piège à mouches et petite ménagerie...

L’aire de loisirs devient alors individuelle et renfermée. Finies les agapes de la sympathique bande à Neu-Neu. Tous aux abris. La bouteille isotherme, dernier cri, fait pâle figure. Les repas chauds d’ici jettent un froid là-bas. Le cubi des uns toise la bouteille des autres. Mais laissons ce bien-être carrossé sur ses quatre fers. Beaucoup l’ont bien gagné, même si certains paraissent aujourd’hui tristes et seuls. Le confort mène à l’isolement. Il n’empêche que plus loin, là-bas, c’est la joie, la rigolade. En pleines manœuvres, tout autour des tables occupées, c’est la mobilisation. Et les derniers venus sont toujours les plus remarqués. Souvent leur voiture arrive en catastrophe, pleine comme un œuf dur. Ils en sortent en courant avec un bouquet de vingt baguettes sous le bras pour fleurir l’endroit.

Las ! Plus une table de libre, même au soleil, même cassée. Et le repas bat son plein. Ils se ruent en glaciaire, à tombeau ouvert, vers la ramée, vers un tas d’herbes délaissé, un vieux tronc... Nos retardataires n’ont plus le choix. Ils étaleront une couverture pour y poser leur faim et leur soif et y savourer quand même la douceur d’un après-midi sur la terre.

Quelques bonnes tables en Lévézou

Arvieu : plage et village

Canet-de-Salars : village ( 2 aires )

Curan : village ( 2 aires )

Flavin : au Pont de la Capelle Viaur

Pont-de-Salars : plage des Rousselleries et à côté du barrage

Saint-Laurent du Lévézou : village

Saint-Léons : sur la D911 direction Millau

Salles-Curan : plage des Vernhes et à l’entrée du village au niveau du rond-point

Trémouilles : village

Vezins : village et Œil bleu

Le Vibal : plage des Moulinoches

Villefranche-de-Panat : sur les 2 plages

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