Paul Dellac, le pilote qui perpétue la légende aveyronnaise de l’aviation
Dans le berceau de l’ulm en France, Paul Dellac, un ancien de l’armée de l’air et d’Airbus perpétue la riche histoire aveyronnaise de l’aviation.
Dans l’histoire de l’Aveyron qui se confond, assez étonnement, avec celle de l’aviation, il y a les précurseurs, les inventeurs de la trempe d’un abbé Carnus, l’un des tout premiers à faire voler une montgolfière dans le ciel français, d’un Charles de Louvrié, précurseur de l’avion à réaction, d’un Désirée Crayssac, inventeur du moteur rotatif et du "cerf-volant automoteur", ancêtre de l’ULM pendulaire… Il y a aussi les passeurs, ceux qui perpétuent encore aujourd’hui cette histoire d’amour entre un département et les cieux.
Ancien mécanicien navigant dans l’armée de l’Air, Paul Dellac est de ceux-là. Passionné, comme l’était son grand-père avant lui – le génial Désirée Crayssac ! – le natif de Durenque est aujourd’hui à la tête de l’hydrobase de Villefranche-de-Panat.
Instructeur diplômé depuis 1997, il propose depuis 2007 de prendre le manche de son ULM avant de s’arracher en douceur de la surface du plan d’eau du Lévezou. Dire que cette hydrobase est unique, est certes faux. Comme aux balbutiements de l’aviation commerciale, on peut toujours amerrir sur les eaux du lac de Biscarrosse dans les Landes. Mais l’hydrobase aveyronnaise n’a pas à rougir de la comparaison.
"À mon retour en Aveyron, j’ai eu la chance de pouvoir développer ce projet avec l’accord des gestionnaires du plan d’eau – rarement faciles à convaincre – et la municipalité qui m’a toujours soutenu à 100 %", résume l’instructeur. Un instructeur qui avant de retrouver le plancher des vaches aveyronnais a mené avec succès une carrière dans l’aviation.
"Mon parcours aéronautique commence en 1972. Passionné de mécanique depuis tout petit, je suis rentré dans l’Armée de l’air à l’âge de 20 ans : un peu à contrecœur ! Mais c’est là que j’ai pu apprendre le métier de mécanicien avion puis de mécanicien navigant".
Stationné sur la base toulousaine de Francazal, il embarque bientôt dans le cockpit des Transall, avions de troupes, aujourd’hui remplacés par l’A350 imaginé dans les bureaux d’études posés à quelques kilomètres de là. "J’ai laissé la mécanique au sol sur Nord-Atlas pour assurer, aux côtés des pilotes et copilotes, la mécanique en vol : gestion de l’électrique, de l’hydraulique, de la pressurisation…"
Une période "rêvée" pour le mécanicien navigant qui très vite affiche 4 000 heures de vol au compteur. "Tout ça m’a permis de voir du pays. De passer deux ans de punition – il rigole – à la Réunion." Dans le ciel immaculé des îles éparses, il vivra des "moments magiques." "Je ne devrais pas le dire, mais j’étais presque en vacances", s’amuse-t-il.
Une période rêvée, elle aussi, pour le fan de sports mécaniques qui assure l’assistance du 11e Paris-Dakar en 1989. "Certainement ma plus belle mission : on suivait toutes les étapes avec l’équipe technique de la 5e chaîne qui assurait la retransmission à cette époque. Les bancs de montages étaient dans l’avion et on transportait l’antenne parabolique de France Télécom pour transmettre les images !" Un bonheur pour ce fan de deux roues qui avoue aujourd’hui avoir fait le voyage accompagné… de sa moto. "Elle m’a accompagné dans l’avion. Et tous les soirs, je partais faire un petit tour", s’amuse-t-il.
De retour en France, il quitte bientôt Francazal pour la sous-traitance Airbus – "la filière classique" – et se passionne pour l’ULM qui commence à se faire remarquer dans les meetings aéronautiques. "J’ai senti que c’était pour moi : la simplicité de l’engin et ce volet mécanique important. Si on n’est pas un peu mécano, on ne vole pas en ULM." Diplôme théorique en poche, il attend 10 ans pour passer la pratique, – "je n’avais plus de sous", et valider enfin son diplôme. Aujourd’hui pilote instructeur à Villefranche-de-Panat, Paul Dellac vole dès que les conditions le lui permettent et forme dans le même temps une nouvelle génération de passionnés. Cette génération qui comme lui, fait rimer Aveyron et aviation…
Air des lacs, plage municipale du Mayrac, 12430 Villefranche-de-Panat tél. 33 (0) 5 61 91 25 25 port. 33 (0) 6 76 08 34 79 ; ulm.hydro.airdeslacs.free.
Dans les pas de roland garros
Le 11 septembre 1913, le célèbre pionnier de l’aviation décédé dans un combat aérien de la Première guerre, traversait la mer Méditerranée à bord de son Morane-Saulnier. Cent ans plus tard, l’association Replic’Air dont Paul Dellac est la cheville ouvrière, a célébré cet exploit retentissant de la plus belle des manières en reproduisant à l’identique non seulement l’avion mais aussi la traversée entre Fréjus et Bizerte. Un défi relevé haut la main après deux années de préparation pour un peu moins de 8 heures de traversée : "une expérience incroyable, émouvante aussi", se souvient Paul Dellac qui travaille désormais sur une autre réplique. Celle d’un Dewoitine D551, un chasseur français de la deuxième guerre mondiale, qui n’a encore jamais volé !
Désiré Crayssac, inventeur à réaction
"Désiré Crayssac, était mon grand-père maternel. C’était un inventeur du début du siècle dernier dont je n’ai malheureusement pas hérité du génie", plaisante Paul Dellac. Apprenti mécano en Aveyron avant de s’établir dans la région lyonnaise, on doit à Désiré Crayssac une centaine de brevets, beaucoup intéressant directement l’aviation comme le fameux moteur "Cyclone" en 1912.
Un moteur qui permit l’essor fulgurant de l’aviation française à la veille de la Première guerre. "C’est une merveille, ça tourne sans une vibration, sans défaillance, ça souffle comme un tonnerre. Voilà un vrai moteur d’avion" dira Henry Farman, l’un des premiers "industriels" de l’aviation.
Un an plus tard, il dépose un brevet intitulé "Cerf-volant automoteur" dont le principe préfigure exactement celui de l’ULM pendulaire. Un autre pour une "auto-bicyclette", ancêtre du vélo à moteur. Beaucoup de ses brevets, "une centaine au moins" furent ensuite achetés par les maisons Gnome et Rhône ou Junker.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?