Le tour de l'Aveyron à scooter – étape 5, épisode 1 : projection privée chez Jean-Henri Meunier

  • Jean-Henri Meunier dans sa propriété du Pontal.
    Jean-Henri Meunier dans sa propriété du Pontal. LR -
  • Najac.
    Najac. LR -
  • Quand elle ne court pas après les chevreuils, Nina, la chienne de JH, monte la garde.
    Quand elle ne court pas après les chevreuils, Nina, la chienne de JH, monte la garde. LR -
  • Jeux de rôles chez les bibelots.
    Jeux de rôles chez les bibelots. LR -
  • Projection privée, ici un extrait de "Tous ensemble".
    Projection privée, ici un extrait de "Tous ensemble". LR -
  • Il fallait attendre pour avoir une place au restaurant. Il fallait attendre pour avoir une place au restaurant.
    Il fallait attendre pour avoir une place au restaurant. LR -
  • En descendant du "Cheval".
    En descendant du "Cheval". LR -
  • Le "spot" préféré de Jean-Henri, au bout de la propriété.
    Le "spot" préféré de Jean-Henri, au bout de la propriété. LR -
  • Le Pontal, le refuge de "JH".
    Le Pontal, le refuge de "JH". LR -
Publié le
Laurent Roustan

Ce tour de l'Aveyron part à l'aventure sur les petites routes du département, défiant chaleur, pluie et pépins mécaniques, à la rencontre de beaux paysages et de belles gens. Ou l'art de se déconfiner complètement.
Six étapes tous les dimanches du 19 juillet à fin août, et six épisodes par étape sur le site de Centre Presse, du lundi au samedi.
On a fait le plein, le moteur démarre, un coup de klaxon et c'est parti !

 

Allô Najac ? Il y a de friture sur la ligne d'abord. En descendant du « Cheval », c'est vers Saint-André-de-Najac qu'on file, avec l'intention de regagner Laguépie. Mais c'est vrai, il y avait aussi un rendez-vous sur la ligne, celui avec Jean-Henri Meunier, 70 ans cette année, le réalisateur de la trilogie najacoise, entre autres (environ 25 films en 45 ans de carrière cinématographique, ça n'est pas rien). J'avais travaillé avec celui que ses amis appellent « JH » en 2012, à l'occasion d'un entretien pour son ouvrage photographique « Empreintes » paru aux éditions Au fil du Temps.

Plutôt donc que prendre la route de Laguépie, je grimpe à Najac en laissant un message sur son répondeur, avec la machiavélique idée de casser la croûte dans l'un des plus beaux villages de France. Ce qui fut fait vers 14 heures, et ensuite, en déambulant dans le village, JH me rappele et me donne rendez-vous… au lavomatic du supermarché de La Fouillade : « Ma machine à laver a rendu l'âme, je dois faire une lessive. » On se retrouve donc au bar-tabac de la zone commerciale, un lieu qu'il ne goûte guère. C'est son fils Mensah, musicien au demeurant, qui est son chauffeur.

On papote avec quelques-uns de ses amis en attendant l'essorage puis JH m'invite chez lui, au bout d'un chemin cabossé, au Pontal. « En 2016, me dit-il, ma vie a basculé dans un accident de mobylette. » Plusieurs côtes fracturées plus la clavicule, mais surtout, les médecins lui font savoir environ un an plus tard que son coeur ne fonctionne désormais qu'à 30 % de ses capacités. Voilà Jean-Henri Meunier contraint par prudence à habiter Le Pontal, une propriété perdue rachetée quelques années plus tôt à des Anglais avec quelques amis. Plutôt que Paris ou Toulouse, ce sont les terres najacoises qui lui parlent plus, et qu'il raconte le plus.

Mais pour autant, Meunier ne va pas dormir. Et les films s'enchaînent. Avec « Sad hill » sorti en 2017, un hommage au film « Le bon, la brute et le truand » tourné en 2015 en Espagne sur les lieux du tournage de ce western-monument. Suivra « LSD » (pour « Lente séparation douloureuse ») l'année suivante, puis « Tous ensemble » en 2019, et cette année « La tête cachetonnée », sorti « en avant-première mondiale et planétaire » le 15 juillet dernier au camping des Etoiles voisin, en attendant « Nif Naf », tourné qu'avec des actrices.

Les héros de ses films ? Ce sont des connaissances qui sont venus le voir en lui disant « tu ne veux pas tourner un film sur moi ? » Pour « LSD », c'est Jean-Do Bernard, un ami biographe de Neil Young, pour « Tous ensemble », c'est un garçon trisomique qui lui demande : « Je voudrais entrer dans la peau d'un acteur. Comment je fais ? ». Et pour « La tête cachetonnée », c'est un autre jeune qui a « pété les plombs suite à une histoire d'amour » et qui a suivi diverses cures médicamenteuses qui l'ont laissé exangue, Ou presque. « Tout est lié chez moi, la vie et les films », dit Jean-Henri.

Quant au Pontal c'est devenu le studio d'Hollywood de JH : les acteurs et actrices viennent y tourner, ainsi que les musiciens, comme R-Wan ou encore Lionel Suarez, qui a signé la musique de « La tête cachetonnée ». Et le tout, pour un budget qui ne dépasse pas les 1500 euros, est bluffant. Parce que ce qu'aime par dessus tout JH, c'est le montage, et dans ce domaine, c'est un orfèvre. « Je peux passer 15 heures par jour à monter, je suis fan. Mais la promo, ça me fatigue. Je n'ai plus beaucoup de temps à vivre, je préfère faire ce que j'aime. Si mes films doivent vivre, ils vivront. »

Aussi, il propose ses films en lecture gratuite sur Viméo. Chaque jour, 30 à 40 personnes visionnent ses films. Pendant le confinement, c'était dix fois plus. « Et c'est vu dans 150 pays, même le Vatican ! »

Après le repas, JH m'invite dans sa chambre-bureau pour voir « La tête cachetonnée ». Un régal d'humour et d'humain. Plus quelques extraits de « Tous ensemble ». Avant une nuit paisible dans cette pleine nature où JH habite désormais. Et continue de dérouler le film de sa vie.

 

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