Catherine André : maison de confection haute couture d’une magicienne de la mode

Abonnés
  • Si sa clientèle est internationale, la maison Catherine André a fait le pari de la création locale, avec ses ateliers installés dans une ancienne ganterie à Millau.
    Si sa clientèle est internationale, la maison Catherine André a fait le pari de la création locale, avec ses ateliers installés dans une ancienne ganterie à Millau. DR
  • Éternelle bourlingueuse, fan de musique et de voyages, Catherine André s’inspire de ses émotions, de ses rencontres, pour donner naissance à ses collections. DR
    Éternelle bourlingueuse, fan de musique et de voyages, Catherine André s’inspire de ses émotions, de ses rencontres, pour donner naissance à ses collections. DR DR
Publié le
Aurélien Delbouis

Maison de confection haut de gamme spécialiste de la maille, Catherine André se distingue par son identité, son histoire et son travail sur la matière, les couleurs et les formes. Très présente au Japon, la griffe millavoise poursuit le voyage aux quatre coins du monde avec 250 points de vente dans une vingtaine de pays. 
 

Nul n’est prophète en son pays. En un quart de siècle, Catherine André s’est pourtant cousue une notoriété sur mesure. Depuis son atelier millavois où elle conçoit la totalité de ses collections, la styliste rayonne aux quatre coins du monde avec des modèles qui conjuguent à merveille créativité et qualité. Par leurs lignes intemporelles, sobres, leurs jacquards uniques, et le raffinement porté aux moindres détails, la griffe Catherine André s’est affirmée dans le monde ouaté des maisons haut de gamme. Mais que serait la maîtrise sans l’imagination ?

Inspiration

Cette imagination débordante, essentielle au travail de la styliste qu’elle met au service d’une nouvelle histoire, "un nouveau voyage" qui, invariablement, donne naissance à plus de 200 modèles exclusifs par an.

Chez Catherine André, chaque collection devient le reflet de son scénario propre, de cet "axe de création culturel qui leur donne un sens et rend le vêtement vivant" : une des principales particularités de la marque. "Au gré de ses promenades nomades, la source de cette créativité, Catherine explore, regarde, cherche, palpe, s’imbibe de cultures qui allient histoire et savoir-faire.

"Je ne vis pas sous une cloche de verre. Je voyage beaucoup pour rencontrer mes clientes, nourrir mon inspiration", abonde la styliste. Si la maille a son histoire, universelle, intemporelle… elle a aussi sa conteuse.

Au gré de ses périples, elle découvre alors des ateliers de tweeds et leurs trésors, garde en mémoire la richesse de contacts humains, de différentes cultures et quotidiens qui seront source d’inspiration pour ses créations, de véritables "Histoires-à-porter".

Reine de la maille

Celles-là mêmes qui donnent ce petit-je-ne-sais quoi, ce supplément d’âme à des collections d’une grande sensibilité. Ainsi, la collection printemps-été 2020, où se côtoient les imprimés originaux de végétaux sur coton et lin, de Madras sur voile de jacquard, rend hommage à Jane Campion, Marguerite Duras ou l’anthropologue et illustratrice britannique Edith Durham. Le début d’un voyage intérieur.

"Ces figures féminines ont porté mon imaginaire et amorcé le mood board de la collection printemps-été 2020" reconnaît la styliste. Il y a aussi George Sand qui "tirait l’aiguille quelquefois jusqu’à la fièvre". "En hommage à cette femme talentueuse et versatile, j’ai composé un inventaire d’espèces, de personnages et de frises multicolores très décoratives imprimées sur une popeline de coton au toucher craquant et sec." Alchimie parfaite, symbiose entre le corps, la matière et l’esprit, les vêtements Catherine André s’adressent aux femmes. A celles, peut-on lire, "qui désirent sortir des sentiers battus de la mode et exprimer leur intelligence et leur sensibilité émotionnelle et construisent un lien affectif profond avec la marque." Une marque qui s’exporte désormais dans plus de 20 pays…

Une enfance toulousaine

Si elle vit désormais à Millau, Catherine André a vu le jour dans la Ville rose, là où ses parents originaires de Lorraine, s’étaient installés. Un père géomètre, une mère enseignante, Catherine est davantage portée sur la danse que sur la couture. Et si sa grand-mère l’initie très tôt au tricot, cette passion pour le travail de la maille sera bien plus tardive. « Je trouvais le tricot, ennuyeux, mécanique et répétitif, confiait-elle à nos confrères de Midi Libre. Je n’imaginais pas alors que la maille pourrait devenir mon métier. » Après des études d’anglais et les Beaux-Arts à Nîmes, elle se tourne finalement vers le stylisme avec le succès qu’on lui connaît. La société de Catherine André rayonne dans vingt-sept pays du globe et 80 % de ses créations partent à l’export.
 

Du musée Soulages à Michel Bras

Éternels voyageurs l’un comme l’autre, Michel Bras et Catherine André ne pouvaient que se rencontrer. C’était au Japon, en juillet 2018 dans un salon de prêt à porter. « Il m’a dit d’emblée, j’ai deux projets de restaurants, l’un au Japon, l’autre à Paris, et j’ai pensé à vous. J’ai envie de travailler avec des gens qui sont en Aveyron. Est-ce que vous êtes partante ? se souvient la styliste. Quand on vous pose une question comme ça, tout se bouscule dans votre tête. »
Après avoir créé les vestes en maille du personnel du musée Pierre Soulages à Rodez, la Millavoise s’est donc concentrée sur la demande du meilleur chef du monde à qui François Pinault a confié les rênes de La Halle aux grains, restaurant qui trouvera place dans la Bourse de Commerce à Paris, écrin de la collection d’art de l’homme d’affaires breton.
Pour créer cette ligne de vêtements de travail, la styliste s’est inspirée de l’histoire du bâtiment et du thème culinaire des Bras père et fils, Michel et Sébastien. Une fois le chantier mené à bien, - l’ouverture de la Bourse des commerces, initialement prévue en juin 2020 a finalement été reportée d’un an - le personnel de service arborera une tenue inspirée par la mode du XIXe siècle. La thématique « du grain » mis en valeur dans le projet gastronomique des chefs aveyronnais a aussi orienté les choix de la styliste qui termine : « c’est important de faire savoir à Paris qu’il y a aussi du talent en province. Ce projet parisien va mettre un vrai coup de projecteur sur la richesse de notre région ». 
 

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?