L'Aveyron à scooter : de Najac en zig-zag jusqu’aux Capdenac

L'homme qui fait des films au fond des bois

Non, Jean-Henri Meunier ne dort pas. Il fait attention à lui. « En 2016, me dit-il, ma vie a basculé dans un accident de mobylette. » Côtes et clavicule fracturées mais surtout, les médecins lui font savoir que son cœur ne fonctionne désormais qu’à 30 % de ses capacités. Du coup, JH Meunier s’installe dans sa propriété perdue du Pontal, au bout d’un chemin défoncé, et n’en bouge guère. Et Le Pontal devient le studio d’Hollywood du réalisateur de la trilogie najacoise, où viennent comédiens, musiciens et amis. Moteur, ça tourne, et JH continue de faire des films. « La tête cachetonnée », qui conte les aventureuses amoureuses de Charlie, un jeune qui a « pété les plombs » dans le civil, est sorti « en avant-première planétaire » le 15 juillet non loin de chez lui, au camping des Étoiles, sur une musique de Lionel Suarez. Sans promo, tambour ni trompette. Presque en maquisard.

Quartier des yourtes près de Najac

L’endroit s’appelle je crois Sourbins et certains y voient une commune libre. Même si le maire de Najac habite non loin de là.... Non seulement Olivier vit dans l’une des trois yourtes qui constituent presque un quartier atypique du lieu, mais il les construit. Avec son entreprise « La Maison voyageuse », il a bâti en 15 ans d’activités quelque 35 yourtes de différentes tailles. La sienne, 75 m2, trois chambres, salle de bains écolo, salon cuisine, terrasse et mezzanine, coûte environ 75 000 euros et reste démontable. Le soleil est le chauffage principal. « Entre 500 et 1 000 yourtes sont fabriquées chaque année en France », assure celui qui est aussi le co-auteur d’un ouvrage qui fait référence en la matière, « Construire en rond ».

Dans la famille du sphinx, le martinet...

C’est en bas de Labastide-l’Evêque, sur les bords du Lézert, que se trouvent les Martinets. Point d’oiseaux, mais des forges à battre le cuivre remontant aux environs du XIVe siècle, qui utilisaient l’eau de ce ruisseau comme énergie. On ne comptait pas moins de 1treizede ces martinets le long du Lézert, sans compter les moulins à farine ou à papier et autres scieries qui ont fait la fortune du pays, avant de tomber dans l’oubli au début du XXe. Dans l’oubli ou presque : en 1996 des bénévoles ont monté une association pour arracher à la nature puis faire renaître au moins l’un de ces martinets (un nom qui vient de « marteau »), celui de la Ramonde, de ses cendres. Ce martinet est maintenant l’un des lieux de visite originaux de l’Aveyron, entre la douceur champêtre autour du petit pont de pierre, et dans le martinet, les gerbes de feu du métal chauffé à blanc par d’énormes soufflets, puis le martèlement cadencé du lourd marteau sur le cuivre.

Après la préhistoire, la permaculture

Tout près de la grotte préhistorique de Foissac et ses trésors, qui continue d’être ouvert au public malgré la crise sanitaire, Hélène, Jordan et leur petit Gabin ont construit leur petit coin de paradis, Permaterres. Si tous deux travaillent la terre, chacun le fait à sa manière. Jordan est maraîcher et paysagiste et cultive fruits et légumes sur une terre aride qu’il a travaillé en permaculture, « en laissant faire la nature ». Avec succès. Hélène, elle, est sculptrice et céramiste et travaille l’argile à haute température dans un four à bois qu’ils ont construit Expos, visites et ventes sur place et sur leur site permaterres.wixsite

Les trois Capdenac : de pierre, d'eau et de fer

Il y a trois Capdenac. Capdenac-Gare, l’Aveyronnais, une ville nouvelle de 159 ans bâtie pour accueillir une gare qui fut « la plus importante gare de triage d’Aveyron » dans le giron de l’activité houillère et sidérurgique du Bassin decazevillois. Mais qui ne voit guère passer de trains depuis environ un demi-siècle.
Capdenac-Port et ses écluses accueillait lui des péniches, pour le même genre d’activité que le « Gare », mais sur le fleuve, même si avant, il voyait déjà passer les gabarres. Aujourd’hui, c’est une centrale hydroélectrique en activité.
Quant à Capdenac-le-Haut, lotois comme le « Port », il avait déjà une histoire 3 500 ans avant J.-C. Place forte durant des siècles et des siècles, prisée par tous les guerriers et chevaliers de l’histoire, gaulois, romains, wisigoths, templiers, sarrasins, Anglais, croisés, la cité perchée qu’on appelle aussi Uxellodunum est aujourd’hui inscrit aux Plus beaux villages de France.