Aveyron : "L’État doit agir" contre les attaques de vautours fauves

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  • La représentante de l’État à la rencontre de la profession.
    La représentante de l’État à la rencontre de la profession. Repro CP
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JDM

Face à la recrudescence des attaques dans le Nord-Aveyron, les éleveurs ont invité hier la représentante de l’État sur le lieu de la dernière attaque pour lui faire une série de propositions afin d’enrayer le phénomène.

Quitter les verts pâturages de l’Aubrac pour mettre le troupeau à l’abri à l’étable, comme vient de le faire l’éleveur voisin, ou laisser les 145 vaches aux estives, entre les stations de l’Aubrac et le Cantal, et risquer une nouvelle attaque de vautours : la 8e cette année chez lui. La question hantait hier l’esprit de Régis Chardaine, l’éleveur propriétaire du troupeau victime de la dernière attaque en date. À ce titre, c’est chez lui hier matin que les responsables syndicaux des Jeunes Agriculteurs (JA) et de la FDSEA, ainsi que des responsables de la chambre d’agriculture ont rencontré la secrétaire générale de la préfecture, Michèle Lugrand. L’occasion pour les éleveurs de lui faire part de leur exaspération "face à ces attaques de plus en plus fréquentes - une quinzaine déjà cet été", et lui demander que "des actions soient menées pour qu’elles cessent" (voir par ailleurs).

Cinq veaux tués

Onze ans déjà que Régis Chardaine a repris les rênes de la ferme familiale et c’est la première fois que les vautours fauves s’en prennent à ses bêtes. "Des veaux vivants", précise-t-il pour souligner le caractère déviant de ces rapaces qui se nourrissent habituellement de charognes. "Ils s’attaquent aussi parfois aux animaux blessés. Mais sur des animaux vivants et en bonne santé c’est assez rare je pense", estime l’exploitant qui a pu observer les rapaces en pleine action au-dessus de son troupeau. "Des dizaines de rapaces se rapprochent des bêtes en planant. Ces oiseaux font jusqu’à 3 mètres d’envergure. Cela effraie le troupeau qui part dans tous les sens. Le terrain est accidenté. Il y a des trous. Certains veaux se blessent et là, s’il n’y a personne pour intervenir, c’est fini pour celui sur lequel les rapaces ont jeté leur dévolu", raconte-t-il en déplorant la perte de cinq veaux. "Trois autres ont été blessés", ajoute Régis Chardaine en estimant ses pertes "à déjà plus de 20 000 euros".

Prolifération des vautours

"Et c’est sans compter les éventuels futurs avortements que ces attaques à répétition et le stress qu’elles génèrent ne manqueront pas de produire. Comme les maladies d’ailleurs", poursuit-il en désignant des points d’eau souillés par la fiente des rapaces, ou même la prairie. "Je peux vous montrer des surfaces de plus de 1 000 m2 couvertes de fientes et de duvet. Les vaches ne peuvent pas brouter cela", conclut l’homme dépité.

À ses côtés les responsables syndicaux dénoncent une situation qui ne cesse d’empirer avec des attaques de vautours signalées aussi dans le Cantal, la Lozère ou encore la Haute-Loire. " Nous n’avons rien contre les rapaces, précise d’emblée le président des JA Romain Déléris. Mais on constate depuis quelques années qu’ils ont tellement proliféré qu’ils ne trouvent désormais plus matière à se nourrir sur leur habitat naturel des Grands Causses. En quête de nourriture, ils vont où ils en trouvent. Comme ici dans le Nord Aveyron, où on en avait jamais observé avant. Désormais, les rapaces s’installent ici par dizaines pour tout l’été au grand désarroi des éleveurs de plus en plus nombreux à déplorer des attaques. Alors maintenant, il faut agir", résumait le président des JA avant de faire des propositions en ce sens à la représentante de l’État.

Le "comité vautours" bientôt réactivé

Face à la menace, la profession fait front commun pour faire bouger les lignes. Le but : arriver à un point d’équilibre pour que les rapaces trouvent à se nourrir sans avoir à s’attaquer aux troupeaux. Des propos qui semblent avoir trouvé un écho favorable chez la représentante de l’État, Michèle Lugrand, venue hier sur les lieux de la dernière attaque pour écouter les demandes de la profession. Comme la mise en place d’un plan de maîtrise et de régulation de l’espèce. La profession demande aussi qu’une indemnisation soit accordée aux éleveurs victimes d’attaque sur animaux vivants. Ils demandent aussi que les services vétérinaires engagent une évaluation du risque sanitaire engendrée par la présence des rapaces. Enfin, leur souhait de voir la réactivation du comité interdépartemental vautours a été entendu par la représentante de l’État qui a annoncé dans la foulée la réunion de ce comité, le 30 septembre, à Mende, en Lozère, en présence de la coordinatrice nationale du comité vautours.

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Les commentaires (1)
pierre.fontanie Il y a 3 années Le 22/08/2020 à 19:54

Si nos politiques sont trop long a trouver des solutions la chasse va être ouverte