Quins. Yves Saget, orfèvre en pierre taillée

  • Yves Saget, orfèvre en pierre taillée
    Yves Saget, orfèvre en pierre taillée Repro CP - JB
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    Yves Saget, orfèvre en pierre taillée Repro CP - JB
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Centre Presse

Installé dans le département depuis 20 ans, à Quins, l’ancien compagnon participe activement à la renommée de l’artisanat d’art en Aveyron tout en partageant sa passion et son savoir-faire.

Originaire de Dammarie-les-Lys, en Seine-et-Marne, Yves Saget, après un bac C (l’équivalent du bac S à l’époque), souhaite "partir sur le tour de France" ; pour entreprendre des études d’ébéniste : l’association ouvrière des compagnons du devoir n’ayant plus de place à lui proposer dans ce métier, c’est donc par hasard qu’il commence en 1993 son apprentissage de tailleur de pierre. Cela lui plaît !

Après deux ans d’apprentissage à Tours à tailler du calcaire tendre, une œuvre de "travail d’adoption" lui permet d’entamer son tour de France, qui va durer jusqu’en 1999. Alsace (travail du grès), Bretagne (granite), Paris (restauration), Nîmes (calcaire dur)… Il est reçu compagnon avec une maquette de voûte comme travail de réception et choisit de "prendre une gâche" dans l’association en devenant formateur à l’Institut supérieur de recherche et de formation aux métiers de pierre, à Rodez, durant deux ans.

"Être compagnon, c’est aimer son métier et aimer le transmettre." Ainsi, au-delà des techniques d’un métier, le compagnonnage lui amène l’apprentissage de valeurs humaines fortes et l’amour du partage. En 2000, Yves Saget décide alors de s’installer plus durablement en Aveyron avec sa compagne de toujours, Karine, connue sur les bancs du collège et qui est devenue vétérinaire. Ils achètent tous deux maison et atelier, à Quins, et restaurent l’ensemble depuis vingt ans.

Cadran solaire

Après six mois au service d’une entreprise, le compagnon fait le choix de s’installer à son compte : ce qui lui plaît le plus dans son métier, c’est l’aspect créatif, artistique, et il veut le développer. En 2005, il participe au "Prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main", qui récompense depuis 1999 savoir-faire, créativité et innovation dans le domaine des métiers d’art.

L’œuvre réalisée à cette occasion, un cadran solaire, est visible dans le square Bonnefé, situé en haut de la rue Saint-Cyrice, à Rodez : il fallait présenter l’œuvre en situation pour participer au concours, et il a su trouver un bel écrin, en convainquant le maire de l’époque. L’occasion d’une belle rencontre…

En 2007, après 16 mois et 1 000 heures de travail, l’artiste présente la réalisation du sujet imposé, une urne à têtes de faune, pour obtenir son diplôme : "Un des Meilleurs Ouvriers de France", soit un titre de prestige reconnu autant par les professionnels que par le grand public, qui récompense l’excellence et la perfection d’une œuvre alliant maîtrise technique de la taille, maîtrise de la sculpture ornementale, créativité. L’urne, de 89cmx89cmx120cm, pèse 900 kg et dispose d’une caisse protectrice impressionnante, en attendant de trouver la place qui pourrait permettre à tous de l’admirer.

Pour l’anecdote, Yves Saget avait repéré des têtes de faune dans le parc du château de Versailles et souhaitait les photographier pour s’en servir de modèle : il lui aura fallu deux déplacements, et beaucoup de talent de persuasion, pour parvenir à ses fins ! La première fois, le vase était bâché. La seconde fois, il a réservé un billet d’avion après avoir pris la précaution de téléphoner au préalable pour s’assurer de pouvoir le photographier. Et à l’arrivée… vase bâché ! Mais sa pugnacité et ses qualités humaines lui ont permis d’obtenir une permission spéciale et il a même pu disposer d’un escabeau pour réaliser ses photos.

Concours Soulages

Actuellement, l’artisan, qui fait partie du pôle des métiers d’art de Sauveterre-de-Rouergue, de l’Association de compagnons passants tailleurs de pierre, et accueille en stage les jeunes qui font leur tour de France, se consacre essentiellement à la réalisation de sculptures, de cadrans solaires, de fontaines, d’éviers, de pierres tombales…

À l’entrée de La Bastide-L’Evêque trône une vierge en marbre de Carrare que lui a commandée la paroisse ; une vierge à l’enfant en lave de Bouzentès a été réalisée pour le clocher de la chapelle de Notre-Dame de Lorette, pour remplacer à l’identique l’originale en bois, mise en sûreté dans l’église de Sévérac-le-Château.

Pour le concours Soulages organisé par la Chambre de métiers de l’Aveyron pour les artisans d’art à l’occasion du centenaire du peintre, Yves Saget et son frère Jordane s’associent afin de présenter une œuvre : le second, jeune créateur parisien reconnu pour son travail sur les lignes, a produit un tableau, et son frère l’a réalisé en granite noir. La photo de la pièce, postée sur Instagram, permet à Yves Saget d’être contacté par KhaOs, une société qui organise des événements culturels : c’est ainsi que les deux frères ont été amenés à exposer du 29 janvier au 12 février au Point Carré, ‪5 rue Noël-Pons, à Nanterre, dans un cadre prestigieux.

Exposé à Barcelone

Les pièces présentées, fabriquées à partir des dessins de Jordane Saget, ont nécessité de nombreuses étapes de fabrication : celles en granite (matériau fourni par CBU à Maleville), ont été découpées au jet d’eau par l’entreprise Gély (Onet-le-Château) grâce au fichier informatisé par Yves Saget sur "affinity designer" ; quant à celles en grès et acier corten, elles ont nécessité une découpe au laser du corten par ATS laser, entreprise située à Lioujas, et Yves Saget a sculpté le grès pour y intégrer les découpes. L’assemblage des différentes parties, l’ajout d’un support, de fixations et la fabrication de caisses de transport ont été les dernières étapes.

Deux œuvres ont été vendues, et le cube en marbre ainsi que la plus grande des œuvres présentées partent pour la galerie de KhaOs qui ouvre à Barcelone. Un succès de plus pour l’artiste aveyronnais et son frère, et une belle visibilité pour l’artisanat d’art en Aveyron.

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