Reprise d’Arcadie : à Rodez, Unicor retient son souffle

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    Deux offres sont sur les rangs, dont celle d’Unicor. José A. Torres - José A. Torres
Publié le
Christophe Cathala

Le groupe coopératif aveyronnais, fort de nombreux soutiens, se mobilise pour reprendre Arcadie Sud-Ouest placé, en juillet, en redressement judiciaire, et dont le siège est aux portes de Rodez. Une offre concurrente est sur les rangs, le verdict du tribunal de commerce de Montpellier est attendu aujourd’hui.

C’est une entreprise et son millier de salariés qui attendent ce vendredi des perspectives d’avenir, celles que leur consacrera le tribunal de commerce de Montpellier. Lequel va statuer sur deux offres de reprise, celle de l’industriel Beauvallet, originaire de Pithiviers (lire en encadré) et celle de l’Aveyronnais Unicor. "On s’est fortement investis, on attend le résultat, mais nous avons devant nous un bon challenger et les juges du commerce, à Montpellier, sont un peu étrangers à notre profession… On verra bien", confiait hier, prudemment, le président de ce groupe coopératif, Jean-Claude Virenque.

Mobilisation tous azimuts en Aveyron

Unicor sait, dans ce dossier pouvoir compter sur le soutien des syndicats, des chambres consulaires, du Département et… d’un concurrent, Bousquet Viande, à Luc-la-Primaube, qui commercialise de gros volumes. Autant dire que c’est toute la filière viande aveyronnaise, au nom du territoire et ses valeurs, qui porte cette reprise d’Arcadie dans un contexte économique pourtant tendu.

Arcadie perdu par la conjoncture

C’est précisément ce contexte qui a perdu Arcadie Sud-Ouest, déjà fragilisé avant la pandémie, et aujourd’hui à bout de souffle financièrement. Et ce, avec la baisse marquée de la consommation de viande assortie de la fermeture durant près de trois mois des professionnels de la restauration, et ce à une période de l’année souvent considérée comme déterminante, surtout au voisinage des fêtes de Pâques… Cette conjoncture s’est donc additionnée à des pertes sensibles enregistrées depuis deux ans au moins, entraînant un chiffre d’affaires en baisse de 7 à 8 %.

Année noire

Pour ne rien arranger, l’association de défense des animaux L 214 diffusait le 24 juin une vidéo dénonçant la maltraitance dont sont victimes "depuis au moins quatre ans", les agneaux destinés à être abattus. Un élevage et le site majeur d’Arcadie, zone d’Arsac à Sainte-Radegonde, sont montrés du doigt dans ce document qui éclabousse, au passage, toute la filière Roquefort.

Annus horribilis pour Arcadie qui demande, en juillet la protection du tribunal de commerce de Montpellier sous la forme d’un redressement judiciaire, avec l’étude d’un plan de cession. Le tribunal se prononce donc aujourd’hui sur ce dossier, pour éviter au groupe la liquidation.

Sauvegarde de l’économie locale

Il en va ainsi du devenir d’Arcadie Sud-Ouest, dont le siège est à Arsac, sur son site qui réunit 15 à 20 % de l’activité du groupe et quelque 200 salariés. Arcadie exploite aussi l’abattoir de Sainte-Geneviève et, hors du département, des sites à Montauban, Auch, Cahors, Gramat, Tarbes…

Un millier de personnes y sont salariées au total pour un peu plus de 200 M€ de chiffre d’affaires.

C’est ce géant que convoite la coopérative Unicor, "non pas pour faire du business mais pour assurer la continuité de l’activité sur le territoire et garantir la bonne marche de toute la filière agroalimentaire", plaide Jean-Claude Virenque. Tout le monde se serre donc les coudes autour d’arguments qui convoquent aussi bien les valeurs humaines que la sauvegarde de l’économie, localement, de tout un secteur.

Le tribunal de commerce se laissera-t-il convaincre ?

 

Le soutien de Bousquet Viande

C’est un poids lourd du secteur de la filière viande qui vient au soutien du dossier porté par Unicor : l’entreprise aveyronnaise Bousquet Viande, implantée à Luc-la-Primaube appuie le dossier du groupe coopératif qui est aussi son concurrent sur le terrain de la commercialisation à tout le moins. Les deux entreprises mettent en avant le fait de "porter les mêmes valeurs, d’accompagner les agriculteurs en amont ainsi que l’outil industriel commun", relève Jean-Claude Virenque, président d’Unicor. Un partenariat qui n’a donc "pas de quoi surprendre", d’autant, poursuit le président Virenque, qu’"en ce qui concerne la quote-part de la partie abattage, on doit travailler avec des tiers et Bousquet Viande est un client important".

Du côté de la Maison Bousquet, fondée en 1920, forte d’une centaine de collaborateurs et de 25 millions d’euros de chiffre d’affaires, on justifie pleinement ce soutien en précisant que "l’origine, la culture et la tradition d’Unicor sont les garants de l’enracinement de ce projet au cœur de notre territoire".

Et d’ajouter : "La Maison Bousquet Viande, en qualité d’acteur local de la filière agroalimentaire et de partenaire du monde agricole en Aveyron, souhaite favoriser, soutenir, participer à toutes les activités dont le but est de promouvoir l’économie, l’agriculture et toute la filière agricole et agroalimentaire de notre territoire. Le développement de notre terroir est au cœur de notre volonté et de nos pratiques. La Maison Bousquet soutient ainsi les éleveurs et toute la filière en favorisant la maîtrise des outils de transformation par des acteurs locaux". Les deux "concurrents" parlent donc de la même voix dans ce dossier que le contexte rapproche encore un peu plus, au-delà des valeurs partagées.

 

Un challenger : Beauvallet

De l’avis même de Jean-Claude Virenque, Unicor a face à lui "un bon challenger". Il s’agit du groupe industriel Beauvallet implanté depuis 1860 à Pithiviers dans le Loiret, par une famille de bouchers, négociants et chevillards, de père en fils.

Racheté en 1991 par Bernard Léguille, et confiée à présent à son fils Charles, le groupe Beauvallet est un grand du secteur du négoce et de la transformation (pour la restauration en particulier) en France comme à l’international avec des sociétés d’import-export implantées, notamment, au Brésil, en Espagne (Hapi Iberica) ou encore en Pologne (Hapi Polska). Le groupe compte 16 sites de production en France (près de 700 salariés) et a, entre autres, créé la marque "L’Or Rouge", développée par sa filiale à Limoges, CV Plainemaison, dont la démarche rassemble plus de 350 éleveurs de bovins de race limousine.

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Les commentaires (1)
arlou Il y a 3 années Le 07/09/2020 à 22:21

En 1993 centre sud viande conditionnee perd 50 salaries licenciement economique 1995 les 40 autres etaient victimes du meme sort .En 2020 il ne reste plus rien du groupe.................cherchez l erreur......................