Tayrac. Chevaux mutilés : les éleveurs aveyronnais "en alerte rouge"

  • Les équidés aveyronnais  sous étroite surveillance.
    Les équidés aveyronnais sous étroite surveillance. José A. Torres
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Mathieu Roualdés

Alors que le mystère macabre des chevaux retrouvés mutilés partout en France n’est toujours pas résolu, les éleveurs et les forces de l’ordre du département s’organisent pour éviter d’être victimes à leur tour…

Oreille droite coupée tel un trophée, parties génitales tranchées, blessures à l’arme blanche, exsanguination… Depuis plusieurs mois, la France fait face à une macabre série d’attaques sur les équidés. Pas un jour ou presque ne se passe sans qu’un cheval ne soit découvert mutilé. En début de semaine, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a indiqué que 153 enquêtes étaient en cours. La moitié des départements ont été touchés, dont le Cantal et le Tarn ces derniers jours… L’Aveyron, pourtant grande terre d’élevage, n’a jusqu’alors pas été visé par ces auteurs dont la motivation n’a toujours pas été clairement révélée.

Peur à Tayrac

Mais la peur et l’effroi ont déjà gagné les propriétaires du département. "On est en alerte rouge", nous confiait une éleveuse installée à proximité de Rieupeyroux, ce lundi.

La veille au soir, dans ce coin du Ségala, un couple d’éleveurs, installé à Tayrac, a même eu "la peur de [notre] vie". "Vers 21 heures, alors qu’il faisait nuit, nos chiens ont aboyé très fort… On est sorti et on a remarqué deux silhouettes avec des lampes torches au fond de notre pré. On a couru vers eux mais ils ont pris la fuite", racontent-ils. Après avoir averti la gendarmerie du coin et déposé plainte, le couple s’est aperçu qu’un de leurs chevaux présentait plusieurs traces sur les flancs "certainement réalisées avec un objet tranchant", comme leur a confié leur vétérinaire. Mais, plus de peur que de mal pour cette fois.

Rondes d’éleveurs et patrouilles de gendarmerie

Même si cette "alerte" a été prise très au sérieux par les éleveurs du coin, prévenus pour la plupart sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, tous craignent d’être à leur tour victimes de ceux qu’ils appellent "les tueurs de chevaux", "les monstres", "les barbares".

Un peu partout, des rondes sont organisées, les rôdeurs épiés. "On ne dort plus beaucoup, on se lève plusieurs fois dans la nuit pour faire le tour des champs… Ce n’est pas toujours facile, les chevaux sont loin de notre domicile puis on a peur de croiser ces gens quand on voit de quoi ils sont capables…", ne cache pas cette autre éleveuse du Ségala.

En attendant, la gendarmerie organise, elle, plusieurs patrouilles la nuit. Et porte également une grande attention à cette série noire frappant l’Hexagone. En Aveyron, les forces de l’ordre ont d’ailleurs récemment envoyé plusieurs consignes aux éleveurs : effectuer une surveillance quotidienne des animaux, éviter de laisser un licol sur ces derniers, rentrer les équidés dès que possible, installer un dispositif de caméras, ne pas intervenir directement en cas d’alertes et composer immédiatement le 17… Pour toutes les questions, les éleveurs peuvent également se tourner vers un numéro vert (0800 738 908) mis en place cette semaine par le gouvernement.

Suffisant pour rassurer tout le monde ? "Vivement que ces personnes soient arrêtées. On vit dans un monde de fou, je ne comprends pas", réagissait hier le Bozoulais Marcel Mézy, propriétaire de 540 équidés et amoureux, entre autres, des "pur-sang arabe"… La semaine dernière, il a vu l’une de ses employées – ils sont une soixantaine à s’occuper de son cheptel –, victime de la première agression de ce type dans le Cantal, à Riom-Ès-Montagnes. L’une de ces juments a été retrouvée morte et présentait, comme toutes les autres, d’atroces sévices… Cette fois, ils auraient été perpétrés post-mortem après l’empoisonnement de l’animal, comme l’ont signifié les premiers éléments de l’enquête.

Le ou les agresseurs courent toujours. Aucune piste n’a d’ailleurs pour l’instant fait la lumière sur ces actes barbares partout en France. Rites sataniques ? Œuvres d’une secte ? Agresseurs étrangers, comme l’a laissé penser un témoignage ? Défi morbide ? L’avenir nous le dira. Peut-être. Au grand soulagement de tous les éleveurs français et aveyronnais.

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