La Salvetat-Peyralès. Ces Aveyronnais à l’accent écossais

  • Euan et Dawn Davidson se sont installés dans une vieille maisonde La Salvetat-Peyralès qu’ils ont patiemment retapée et où ils coulent désormais des jours heureux.
    Euan et Dawn Davidson se sont installés dans une vieille maisonde La Salvetat-Peyralès qu’ils ont patiemment retapée et où ils coulent désormais des jours heureux. Photos H.L.
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    Ces Aveyronnais à l’accent écossais
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    Ces Aveyronnais à l’accent écossais
Publié le
Hélène Lecarme

Euan et Dawm Davidson ont abandonné leur carrière d’avocat pour rejoindre définitivement le département et La Salvetat-Peyralès en 2006. Un choix de vie fort que le couple raconte sans l’ombre d’un regret.

C’est le 13 avril 2006 qu’Euan et Dawn Davidson arrivent de Glasgow, en Écosse, pour s’installer et vivre en Aveyron. Le couple de Britanniques raconte aujourd’hui le pourquoi du comment de leur installation dans le département, avec passion, enthousiasme et philosophie. Récit.

"On avait besoin de changer de vie : on travaillait comme des fous, les trajets entre logement et lieux de travail faisaient que nous ne voyions notre chez nous que de nuit. On a réfléchi : notre retraite, nous la passerions en France. Mais la retraite, elle était loin. Par hasard, nous étions alors tous deux arrivés à un carrefour de nos carrières respectives : soit nous visions encore plus haut, soit c’était le moment de faire une pause… Et si une voiture nous renversait demain ?

"Nous avions des carrières qui nous plaisaient, mais on ne voyait notre maison que le samedi matin… Était-ce profiter de la vie ? Avions nous fait les bons choix ? Que faire pour se sentir vivre pleinement ?

Pour changer de vie, il fallait changer de lieu de vie

"Nous avions conscience que pour changer de vie, il fallait changer de lieu de vie. Le rude climat de la zone que nous habitions, les collines sauvages de South Lanarkshire, à la frontière de l’Écosse et de l’Angleterre, limitait les possibilités : les arbres y poussent à 45°, à cause d’un vent violent. En 5 ans, nous n’avions jamais pu manger dehors et au potager ne poussaient que des choux et des pommes de terre…"

"Alors nous avons décidé de nous en remettre au hasard, et de mettre la maison en vente pendant trois mois : si la vente n’était pas signée sur cette période, nous renoncerions à notre changement de vie. La maison s’est vendue en trois jours !

"Nous avons tous deux toujours adoré la France et y avons passé nos vacances chaque année depuis que nous sommes ensemble. L’objectif était de trouver notre endroit préféré pour l’acquisition d’une maison pour nos vieux jours. C’est en 1999 que nous traversons l’Aveyron pour la première fois, en repartant du Tarn : nous y réservons immédiatement nos vacances de l’an 2000, et les années suivantes confortent ce choix."

"En 2005, la chance nous sourit : nous achetons notre propriété à La Salvetat-Peyralès. Une résidence qui ne sera en fait jamais secondaire ! Pour l’anecdote, nous avions acheté pour Glasgow des meubles à Rieupeyroux, entre 2000 et 2005, et… il a fallu leur faire retraverser la Manche !"

Retrouver les valeurs d’antan : un choix de vie

"Quand nous sommes arrivés, nous n’avions aucune idée de ce que nous ferions… Comment gagner notre vie quand nos économies ne seraient plus qu’un souvenir ?"

"Nous étions tous deux avocats de formation, spécialisés dans le droit du commerce. En 1994, j’étais chef d’un cabinet juridique de 100 salariés ; j’ai ensuite occupé une place au conseil d’administration d’une société cotée en bourse, avant de démissionner à cause de la politique de licenciement mise en œuvre par les investisseurs ; dans les années 2000, j’étais devenu PDG pour l’Écosse d’une association caritative présidée par le Prince de Galles, qui a pour but de soigner les jeunes en difficulté.

"La première année, nous l’avons consacrée à la restauration de la maison, en essayant d’en garder l’esprit, et au nettoyage du terrain envahi par les ronces."

"La France, et tout particulièrement l’Aveyron, c’est une façon de vivre, une joie de vivre retrouvée. Prendre le temps. Dans la vie quotidienne. Pour faire les courses. Pour tailler une bavette avec les voisins. Apprendre des choses nouvelles, insolites : découvrir les travaux manuels, apprendre à faire des joints à la chaux, cultiver son jardin, vivre dans une communauté, s’intégrer en faisant partie des associations du village, en participant aux animations locales, en ajoutant son grain de sel."

"Apprendre à connaître le fonctionnement de la société française, apprendre une langue, apprendre à conduire à droite, acquérir de nouveaux réflexes, oublier les anciens. Lire et voir des films en français. Arrêter de courir… Manger ce que l’on a semé, planté… Vivre !"

Le fait de travailler reste le meilleur outil d’intégration

"Il y a deux types de connaissances : très larges et peu profondes, ou étroites et très profondes. Je ne sais pas où nous sommes, ni si un type est meilleur que l’autre. Mais si chacun de nous connaissait son petit buisson et l’observait à toutes les saisons, il découvrirait de véritables merveilles. Où on est aide à découvrir qui on est."

Dawn, dont une grand-mère était épicière, avait toujours eu envie de faire de la vente, et elle a pu réaliser ce rêve dans la boutique Caprice, à Rieupeyroux, durant des années. Elle travaille actuellement à la pâtisserie Mouly et en est ravie. Euan a d’abord travaillé pour le gouvernement écossais à distance, puis, pour cotiser en France, est devenu livreur de journaux durant plus de 6 ans.

Quand le maire de La Salvetat lui a proposé d’assurer l’enseignement de l’anglais à l’école du village, il a accepté avec joie et depuis, cela a fait boule de neige : le collège de Rieupeyroux a fait appel à lui pour un remplacement, puis le lycée de Villefranche, et les demandes se sont enchaînées : cours particuliers, université des savoirs partagés (USP), centre culturel de Rieupeyroux…

Pour sauvegarder sa qualité de vie, Euan doit réapprendre à dire non ! Il veut garder du temps pour développer son projet de châtaigneraie, avec l’aide du conservatoire régional du châtaignier installé à Rignac.

Pour la 7e année consécutive, Euan propose donc 25 séances de cours d’anglais au centre culturel de Rieupeyroux, le mardi après-midi, du 29 septembre à la fin du mois de mai (hors vacances scolaires) : de 14 heures à 15 heures pour les débutants, et après une pause commune aux deux groupes, 1 h 30 de cours pour le groupe des confirmés, jusqu’à 16 h 45. Il reste des places dans le groupe des débutants, pour venir apprendre à maîtriser suffisamment la langue de Shakespeare et être capable de lire le Times, de décortiquer les articles abordant politique ou culture… Le tout avec un esprit d’ouverture et de bienveillance qui caractérise merveilleusement Euan Davidson.

Pas étonnant que le couple, qui a fait une demande de naturalisation française, ait été accueilli à bras ouverts par les Aveyronnais.

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Les commentaires (1)
fallieres Il y a 3 années Le 18/09/2020 à 16:17

Des gens charment,toujours de bonne humeur.des modèles d''intégration.M-A