Bozouls : les antidotes à la crise de Bernard Lachaniette
Cet artiste protéiforme expose pour la première fois en Aveyron, son univers fantasmagorique à la galerie de Bozouls.
Remède à la mélancolie. Le titre de l’émission radiophonique d’Éva Baster sur France Inter sied à merveille à l’exposition "Antidote II" de Bernard Lachaniette, présentée à la galerie de Bozouls. Cet artiste aux multiples facettes propose une rétrospective, la première en Aveyron, permettant au grand public de découvrir ses œuvres.
Des œuvres atypiques et aquatiques puisque l’artiste use du poisson comme totem. Ce vertébré invétéré de la pêche à la mouche y puise sans doute son imaginaire. S’y mêlent sous nos yeux, un hymne à la nature à voir un frelon suspendu sur la bouche d’une truite, les fantasmes de l’homme où la queue de poisson d’une sirène ressemble à deux gouttes d’eau à des bas résille. C’est charnel, tout en rondeur, gourmand, délicieux comme une bonne truite dans son assiette.
Et Bernard Lachaniette est bien dans son assiette, comme un poisson dans l’eau, au point de nous faire partager ses passions, ses envies, sa poésie. Il donne ses antidotes à la vie, pour soulager de nos chaos. Cela fait du bien car il n’expose pas les maux. Sur le fond comme sur la forme.
Émailleur, peintre, sculpteur
Il peint sur du torchon, du lin, travaille sur des émaux, réalise des sculptures sur bois et métal, Bernard Lachaniette ne s’interdit rien, à l’image de son parcours. Il peint parterre et travaille la nuit. À l’image de Balzac : " J’allume ma lampe inspiratrice en demandant des mots au silence, des idées à la nuit. " Bernard Lachaniette refuse les étiquettes. En un mot, pour résumer son œuvre et sa pensée : c’est la liberté. Il fait partager les plaisirs simples de la vie comme pêcher, et les délices de la nuit pleine de péchés. Pas besoin de parler, tout est dans son travail.
Des pêches au papillon aux poèmes autobiographiques, des estampes érotiques, il fait tourner la roue comme le poisson aux hameçons. C’est léger tout en étant profond. En touchant au poisson, il remonte le cours de la vie de l’humanité. Des premiers écrits d’Homère, il en fait son odyssée. Et ce qu’on aime en suivant son poisson, ce sont aussi ses escapades bucoliques et érotiques mêlant les corps comme les supports avec l’acrylique et le collage. On pense à Prévert. C’est enfantin tout en étant coquin, la vie en somme. En entrelaçant les techniques, il fait la nique à la morosité, fait oublier la pandémie, bref son exposition "Antidote II" est le remède à la crise.
Exposition visible à la Galerie, 8 allée Paul Causse à Bozouls, jusqu’au 3 octobre, du mardi au dimanche de 10 heures à 12 heures, et de 14 heures à 18 heures. Renseignements au 05 65 48 51 52.
Du 7e art à la peinture
Après des études en architecture à l’école nationale des Beaux-arts de Paris, Bernard Lachaniette entre à l’institut des hautes études cinématographiques. Auteur de scénarios et se destinant à la réalisation, il évolue dans le milieu du cinéma pendant près de dix ans. Lassé des contraintes financières et des lenteurs administratives qu’impose le métier de cinéaste, il décide de se consacrer entièrement à la peinture. Il quitte Paris en 1981, installe son atelier à Couzeix, près de Limoges (sa ville natale) où il travaille pendant trente ans. Depuis 2011, il vit et exerce à Brive.
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