Le décolleté, quelle histoire !

  • Le décolleté, une histoire qui remonte au XVe siècle.
    Le décolleté, une histoire qui remonte au XVe siècle. Fitzer / IStock.com
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Relaxnews

(ETX Studio) - Se voir refuser l'accès d'un musée en raison de son décolleté, ça vous est déjà arrivé ? Jeanne, une étudiante, en a fait les frais pas plus tard que la semaine dernière. Un événement qui a provoqué la colère des Femen qui ont répondu par un happening pour dénoncer le sexisme du musée parisien, et qui a fait couler beaucoup d'encre. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le décolleté fait scandale, c'est même une affaire récurrente dans notre société.

"Couvrez ce sein, que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées - Et cela fait venir de coupables pensées". Ces vers sont extraits de la comédie "Le Tartuffe ou l'Imposteur" de Molière et datent du XVIIe siècle. A l'époque donc, le décolleté était déjà associé à la notion d'indécence, renvoyant inévitablement à la sexualité, au sens large du terme. Les préjugés et les clichés semblent persister. Étonnant pour un incontournable de la mode, qui a su traverser les époques - non sans embûches - et qui est apparu pour la première fois au XVe siècle, révélant la gorge d'une... reine. 

Mis en avant, puis décrié, puis remis en avant : le décolleté n'a pas eu la vie facile, et c'est peu dire. Ce sont d'ailleurs le plus souvent les changements sociétaux et culturels qui lui ont (re)donné ses lettres de noblesse, et ce dès le XVe siècle avec une mode qui place le haut du corps au coeur de toutes les attentions. Ce n'est pas Anne de Bretagne qui dira le contraire, puisqu'elle fait partie des premières à s'être exhibées en décolleté. Un décolleté carré plus précisément, qui soulignait sa poitrine. Aurait-elle pu se voir refuser l'entrée d'un musée ? L'Histoire ne le dit pas.

Les mille et une ouvertures du décolleté

Le siècle suivant, le décolleté est boudé bien que certaines femmes tentent de le remettre au goût du jour, en vain. C'est à la fin du XVIIe siècle que la gent féminine renoue avec l'objet de toutes les convoitises, et il est porté d'une façon qui aurait fait grincer plus d'une dent aujourd'hui. L'échancrure est bien plus large, avec une nouvelle forme en vogue, l'ovale, qui révèle parfois jusqu'à la pointe du sein, et ce jusqu'à la cour du roi Louis XIV, qui n'en a visiblement pas fait une montagne.

La popularité du décolleté est par la suite en dents de scie. Tantôt il sublime la poitrine, tantôt il ne révèle qu'une partie du cou tant la pudeur est de mise. Finalement le décolleté est rythmé par l'histoire de la mode et l'évolution de la silhouette de la femme. Le XXe siècle finit d'achever sa démocratisation, non sans mal, avec en point d'orgue le mouvement de libération des femmes dans la société et la libération de leur corps dans la mode.

De nombreux créateurs de mode contribuent d'ailleurs à cette démocratisation, avec Yves Saint Laurent en chef de file. S'il n'est pas le premier à mettre en valeur la poitrine des femmes, le grand couturier français va encore plus loin que ses prédécesseurs, à la fin des années 1960, en troquant le décolleté, suggestif, contre de la transparence. Les seins se dévoilent alors plus que jamais.

Pourquoi tant d'histoire(s) alors ? 

On pourrait alors croire les années 2000 à l'abri de tout scandale. Et pourtant, aucune femme ne semble à l'abri d'une remarque, voire d'une polémique, à cause de son décolleté. En 2008, c'est Angela Merkel qui en a fait les frais. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle a "osé" se rendre à une soirée dans une robe noire décolletée. Une raison visiblement suffisante pour que les médias allemands s'en étonnent et en fassent leurs gros titres. Un comble presque quand on pense qu'Angela Merkel fait souvent l'objet de critiques en raison de son manque de... féminité.

L'année dernière, c'est une Britannique, Harriet Osborne, qui aurait été expulsée d'un avion en raison de sa tenue trop décolletée, tandis que cet été, dans le Var, une jeune femme s'est vue refuser l'accès d'une supérette; la tenue étant une nouvelle fois mise en cause. Après l'avion, le supermarché, c'est donc désormais le musée qui s'insurge contre le décolleté... jusqu'au prochain scandale. De quoi nourrir l'Histoire.

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