Onet-le-Château : une enquête préliminaire pour faire la lumière à l'Ehpad de La Rossignole
Les investigations se poursuivent au sein de l’Ehpad d’Onet pour lever des zones d’ombre tant dans les faits de maltraitance que dans celui d’une défaillance chronique du management.
L’affaire qui secoue aujourd’hui l’Ehpad La Rossignole à Onet-le-Château (lire notre édition d’hier) recèle encore quelques zones d’ombre que l’enquête préliminaire ouverte par le Parquet de l’Aveyron s’emploie à éclairer.
Combien de résidents de l’unité Alzheimer ont-ils été victimes des agissements dégradants de quelques soignants ? Les familles concernées ont-elles toutes porté plainte ? Quelles solutions envisager pour que l’établissement retrouve sa sécurité et sérénité ?
Sur la partie judiciaire, la police poursuit ses investigations "dans tous les secteurs", assure le vice-procureur Chérif Chabbi.
"Un travail est en cours pour recenser les personnes en charge des résidents, notamment, et nous en sommes aux premières auditions, l’enquête avance, nous sommes en recherche de précisions", poursuit le magistrat en mentionnant que, pour l’heure, il n’y a pas encore d’ouverture d’information judiciaire.
Les précisions de la directrice
Au stade des précisions, justement, la directrice Frédérique Modolo note que le groupe "Messenger" sur lequel circulaient des photos et vidéos infamantes, assorties de commentaires ignobles mettant en scène des résidents, "existait a minima depuis novembre 2019".
Frédérique Modolo a officiellement démissionné le 18 septembre après en avoir annoncé l’intention lors de la première réunion consacrée à informer les familles, le 4 septembre : "Je ne souhaitais pas associer mon nom à des pratiques que je condamne, à des valeurs contraires à celles que je porte depuis toujours et espérant aussi ainsi créer un électrochoc et obliger le conseil d’administration à prendre conscience des nombreux dysfonctionnements, déjà anciens, de cet établissement."
Frédérique Modolo, qui a été directrice de l’Ehpad de sa création en 2009 jusqu’à août 2013, avait quitté l’établissement "pour relever d’autres challenges professionnels", avant d’être rappelée par le président du conseil d’administration de l’association La Rossignole, André Vié, face à la dégradation du système d’organisation. Elle y reprend donc ses fonctions le 18 mai "dans le cadre d’un contrat à durée indéterminée".
Remettre les choses en ordre
La situation qu’elle trouve au sein de l’établissement est résolument délétère, elle va s’employer à y consacrer son énergie, saluée encore à ce jour par les personnels, les résidents et de nombreuses familles. "Dès le 17 juin, j’ai transmis au conseil d’administration un rapport circonstancié dans lequel je faisais part de mes premières observations et de mes inquiétudes, indiquant même mes craintes de n’avoir, à cet instant, découvert que la partie émergée de l’iceberg", confie-t-elle.
Il faut remettre les choses en ordre. D’autant plus vite que, dès le 29 juillet elle est informée de l’existence de ce groupe Messenger. Le lendemain, elle reçoit, seule, plusieurs salariés et parvient à avoir accès aux publications de ce groupe sur Messenger.
" Le 3 août, j’ai adressé au président du conseil d’administration de l’association un rapport détaillé de 9 pages. Le même jour les salariés directement concernés ont été mis à pied, et reçus le 12 août dans le cadre d’un entretien disciplinaire. Ils ont été licenciés le 21 août ", poursuit Frédérique Modolo qui dépose plainte, es-qualité, au commissariat de police le 4 août. Le 6, elle effectue un signalement auprès de l’ARS et du conseil départemental.
Sécuriser les résidents avant de prévenir les familles
Dans cet enchaînement de décisions, ne manque-t-il pas pour autant d’avoir alerté au plus tôt les familles qui ont dû attendre le 4 septembre ? "Il fallait que les sanctions prises le 21 août soient mises en œuvre pour mettre les résidents en sécurité. Puis refaire en urgence les plannings et assurer la continuité des soins. Nous étions alors fin août, j’ai adressé un courrier aux familles pour les inviter à la réunion. On pouvait difficilement aller plus vite…", assure-t-elle.
Mairie d’Onet : « Prêts à aider… Si on nous y invite
« Nous sommes très attentifs à la situation et prêts à aider La Rossignole », confient tant Jean-François Galliard, président du conseil départemental, que Jean-Philippe Keroslian, maire d’Onet. Mais ce dernier, avouant son « immense déception pour les familles et le personnel qui n’y est pour rien », voit dans ces actes de maltraitance, « la révélation d’une situation délétère ». Et de poursuivre : « Nous voulons aider à toute solution permettant de rétablir la sérénité dans l’établissement. Mais il faut qu’on nous y invite, qu’on nous le permette. Nous sommes juste des observateurs, car l’ancien maire, M. Geniez ne souhaitait pas que la mairie puisse intervenir ». Jean-Philippe Keroslian a échangé récemment avec le président André Vié pour étudier toutes les solutions en urgence. Parmi celles-ci, la reprise de l’établissement par le CCAS d’Onet. « C’est une piste, mais ce n’est pas la seule ».
De son côté, Fabrice Geniez, ancien maire, confirme sa volonté à l’époque de ne pas faire de La Rossignole, dont il est à l’origine de la création, « un dossier politique ». « La structure associative a permis alors de passer tous les obstacles politiques et locaux », affirme-t-il en relevant que « depuis sa création en 2009, La Rossignole a toujours eu des problèmes de gouvernance… »
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