Jalousie, mensonge et paternité en question au tribunal de Rodez

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  • Archives Centre Presse - José A. Torres
Publié le
Mathieu Roualdés

Les prétoires sont parfois le théâtre de situation pour le moins cocasse et de sacrés maux de tête pour les magistrats. Comme la semaine passée au tribunal de Rodez avec une affaire de reconnaissance frauduleuse d’enfants pour l’obtention d’un titre de séjour, pour laquelle il fallait une dose d’acrobatie afin de ne pas perdre le fil… Accrochez-vous.

À la barre, trois personnes, trois vies qui s’entremêlent entre un quadragénaire camerounais, technicien de maintenance dans le Gers, entouré par deux de ses ex-compagnes installées en Aveyron.
Avec la première, née en 1983 à Conakry (Guinée), l’histoire d’amour a duré quelques mois, dans l’agglomération ruthénoise. On est en 2011 et l’homme n’a pas de papier. Il obtiendra un titre de séjour, un an plus tard. Entre-temps, il a reconnu l’un des enfants de sa compagne, alors âgé de 9 ans.

Alors, le tribunal s’interroge sur cette démarche : était-ce pour favoriser l’obtention de papiers ? "Non, c’était seulement par amour, j’aime les enfants, j’en ai six. Et celui-ci, je l’ai reconnu car il souffrait de ne pas avoir de papa à l’école et que tout se passait bien avec sa maman", explique le prévenu. A-t-il "monnayé" cette reconnaissance, comme il est indiqué dans l’enquête de gendarmerie où il est question d’une somme de 4 500 € versée à son "ex" ? "Vous me l’apprenez ! Je n’ai jamais touché un euro, je suis choquée. Ça sort d’où ?", rétorque cette dernière face à la présidente.

« L’histoire, je l’ai inventée... J’ai menti, je suis désolée »

Puis, viennent de nouvelles interrogations. Cette fois, elles concernent l’autre "ex" du prévenu, avec laquelle il a eu quatre enfants et une relation , commencée à Douala, qui a duré de longues années. Elle est arrivée en France au début des années 2010 également.

Enceinte, elle fait la rencontre d’un homme au Foyer des jeunes travailleurs de Rodez. Cet ancien SDF, présenté comme "intellectuellement limité", a reconnu l’enfant qui n’était pas le sien, non plus. "Cela a aidé à ce que j’obtienne mon titre de séjour mais c’était par amour, rien d’autre", explique-t-elle à la barre. Avant d’éclairer un peu plus cette affaire : "L’histoire des 4 500 € versés par mon ex, c’est moi qui l’ai inventée… Je m’en excuse."

Face à cette révélation de dernière minute et sans aucune preuve tangible dans un "dossier très mal géré par les enquêteurs", comme l’a fait remarquer l’une des avocates, le tribunal a finalement relaxé le trio.
Même si la présidente, Mariette Bel, a tenu à faire passer un message : "Si je peux me permettre, je vous rappelle à tous que reconnaître un enfant qui n’est pas le sien, ce n’est pas anodin". "Au final, j’ai perdu tout ce temps pour une histoire de jalousie…", pestera, quant à elle, l’une des « ex ».

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